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Sankulipo

Ce projet d’un an a démarré le 1er mai 2015. Comme pour les deux cycles annuels précédent, le lipoméride et le zodianku, il a fait l’objet d’une parution quotidienne sur ce site et sur twitter. Il se base sur le calendrier républicain: chaque jour paraissait un haïku écrit en utilisant seulement les consonnes du nom donné par Fabre d’Eglantine au jour considéré. Si toutefois ce jour comportait une seule consonne ou aucune, on pouvait utiliser de plus les consonnes du nom du jour dans la décade (primidi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, septidi, octidi, nonidi et décadi).

Tous les amis, Oulipotes ou Twittérateurs, qui le souhaitaient étaient invités à me proposer ces haïkus, accueillis avec joie.

Voici le premier et le dernier des haïkus composés lors de ce cycle :

1er mai 2015 – 12 floréal – Sainfoin

Sonnée, affaissée,
Faneuse a son infusion.
Finie soif insane.

30 avril 2016  – 11 floréal – Rhubarbe

Hobereau bourru
A ri, ébahi ! Hourra :
Bru aura bébé !

Mois par mois, ensemble des haïkus du Sankulipo :

Floréal

Prairial

Messidor

Thermidor

Fructidor

Sans-culottides

et notamment Révolution : un ensemble de belles absentes composées pour ce jour spécial.

Vendémiaire

Brumaire

Frimaire

Nivôse

Pluviôse

Ventôse

Germinal

A la fin de ce cycle nous avons fêté la fin de l’aventure : une pluie de textes ont répondu à mon invitation d’écrire sur des contraintes oulipiennes librement choisies des poèmes à partir de la chanson  « Il pleut, il pleut, bergère » écrite par  Fabre d’Eglantine, auteur des noms de jours du calendrier républicain. Cette page a été publiée le 1er mai 2016.

Variantes :

Chaque jour de nombreuses variantes ont été proposées par des amis sur la liste Oulipo et sur twitter. Merci à tous pour tant de richesse ! Elles sont rassemblées (ainsi que mes propres variantes)  dans la page Variantes du Sankulipo

Illustration :

Un grand merci à « Mal traçadas linhas » alias @eujanymim qui m’a envoyé la belle roue calendaire illustrant le Sankulipo.

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Zodianku

A partir du premier mai 2014 le Zodianku prend la suite du Lipoméride qui s’est achevé le 30 avril après un an d’existence. Dans ce nouveau projet qui durera un an si tout va bien, un poème sera écrit pour chaque signe du zodiaque et chaque décan dans ce signe : ainsi trente six poèmes verront le jour, grâce à la publication quotidienne d’une strophe sur twitter et sur ce site. Sur le modèle des renku traditionnels, ces strophes seront alternativement des haïkus (trois vers de 5/7/5 syllabes) et des strophes de deux vers de 7 syllabes. Ces vers suivront une contrainte lipogrammatique dictée par les voyelles du signe zodiacal et de la planète du décan :

Pour les haïkus: 1er et 3e vers sur les voyelles de la planète, vers central sur les voyelles du signe.

Pour les autres strophes: trois voyelles parmi celles du signe et de la planète, choisies selon l’ordre de préférence : u > o > i > e > a.

Ces poèmes ne sont pas de vrais renkus, ils sont plus courts, cependant chaque strophe répond à celle qui la précède. De plus tout lecteur le souhaitant peut dès la publication d’une strophe me proposer avant la fin de la journée la strophe suivante par un message sur ce site ou un tweet privé sur mon compte @noel_talipo. Je m’efforcerai, sauf lorsque je suis contraint de m’absenter, de publier cette strophe avec en note la mention de son auteur, pourvu qu’elle respecte bien la règle du jeu et naturellement l’étiquette du net. Proposez une seule strophe à la fois, merci : laissez-en un peu pour les autres !

C’est l’humble demeure

Du 1er mai au 10 mai – Signe : Taureau ; planète : lune

C’est l’humble demeure
Aux fenêtres refermées
Sur l’heure secrète

La rue à jambes pressées
Se détache et prend le large

Que peuvent les clercs
Passant là sans s’arrêter
Qu’emmurent les brumes

La marelle des pavés
Trébuche et saute en enfer

C’est le jeu des rues
Les gagnants sur les perdants
Prélèvent leur dû

En grec en russe en hébreu
S’alarment de pauvres hères1

En quête fiévreuse
Par les murs et les hangars
Du secret perdu

Que vaguement se rappellent
Ceux que nul ne veut entendre

Leur lèvre muette
Que reflète la fenêtre
Semble murmurer

Et la chatte paresseuse
Seule entend leur testament

(1) Annie Hupé. Pour des raisons techniques cette strophe n’a pas figuré sur la version tweeter où on trouvait à la place:

Marchant à pas cadencé
Sur l’asphalte craquelé

Tu es revenue

Du 11 mai au 21 mai – Signe : Taureau ; planète : saturne

Tu es revenue
Ce sera fête au hameau
Danse jusqu’à l’aube

A la lueur des flambeaux
Et des regards éperdus 1

La table est dressée
Parée de branches en fleurs
Sur la nappe blanche

Le Père se penche un peu
Te serre dans ses bras gauches

Tu sembles perdue
Dessus le cercle d’épaules
Que regardes-tu ?

Dans l’angle reste à l’écart
L’étranger que tu cherchas

Un passé déferle
Par delà ces années lentes
Une lueur chaude

Cette paume s’attardant
Sur les vagues de ta peau

Et près de l’étang
Par un crépuscule calme
De graves serments

Aucune phrase aucun geste
Juste un tremblement de lèvre

Et la tarentelle
Accélérant sa cadence
Te happe et t’emmène

(1) Frédéric Martin-Delvincourt

Le chemin du ciel

Du 22 mai au 31 mai – Signe : Gémeaux ; planète : Jupiter

Le chemin du ciel
Emmène au-delà du temps
Celui qui le suit 1

Heureuse les pieds sur terre
Je veux vivre « hic et nunc ». 2

Ciel vide et muet,
Là, seule demeure l’eau,
Le rêve s’enfuit. 3

Ici réside peut-être
Un Dieu nu et humilié. 4

Lumière qui luit,
Reflets dans l’eau de l’étang,
Nuit de pleine lune. 5

Lugubres hululements…
Je m’enfuis, demi-vêtue. 5

Je lève les yeux
La flamme d’un feu rageur
surgit et serpente

Meurtrie mutilée je tire
Sur les lierres qui me lient 2

Embusquée je veille
l’assaut du feu et de l’eau
Pluie mêlée de cendres  6

Je cherche le fil perdu
Vers un chemin de lumière

(1) La strophe de départ est  proposée par Nicolas Graner
(2) Annie Hupé.
(3) Françoise Guichard.
(4) Frédéric Martin-Delvincourt.
(5) Elisabeth Chamontin (@Souris_Verte)
(6) Strophe utilisant des éléments transmis par Philippe Simon.

Là dans la pampa

Du 1er au 10 juin – Signe : Gémeaux ; planète : Mars

Là dans la pampa
Pauvre hère s’en alla
Dansant la samba

Et battant des maracas
De Bagé jusqu’à Valdès.1

Atlas parada
tel un hacker, de Dunkerque
à Java. Navrant !2

Mal chaussé jambes arquées
Hère va sans se cacher

Ah ça ! Bâtard, là
Hurle Atlas brute à peau d’ange,
A fada passant

Que cherches-tu dans ce champ
Gâchant cette herbe à ma vache

Santal blanc, safran
Jaune ! Fastueux herbage
Fragrant, ça flatta.2

S’excusant flâneur allègre
En hâte changea de cap

Las ! ça n’alla pas
Un bras rageur l’attrapa
Frappa, tabassa.

Sur la steppe le vent passe
Pauvre gars ne danse plus

(1) Frédéric Martin-Delvincourt.
(2) Annie Hupé

Moine en robe noire
Du 11 au 21 juin – Signe : Gémeaux ; planète : Soleil

Moine en robe noire
Se levant à l’aube tendre
Sortit de son cloître

Ni soumis ni dissolu
Individu indistinct1

Il cherche l’épine
A l’âpre parfum, secret
De son élixir

Son lopin sous un pin noir
Produit foison d’oignons doux

Rosée encor brille
Le vent murmure un lent psaume
Le monde scintille

Moinillons, juifs, iroquois
tous sont outils du complot2

Stérile, inflexible
Que trament sans retenue
Les sombres étoiles.2

D’un gour d’où sort un flot sourd
Ouït un ondin qui rit

Belle voix de miel
De l’être surnaturel
Le frôle et l’enjôle

Pour qui s’ouvrit profond trou
Pour qui mugit tocsin fou

Le rire strident
De deux frères maraudeurs
S’éloigne et se perd

(1) Nicolas Graner
(2)Annie Hupé.

Un reflet de lune
Du 22 juin au 1er juillet – Signe : Cancer ; planète : Vénus

Un reflet de lune
Caresse la table en chêne
Les plumes et l’encre

La trace d’un alphabet
Bave sur le buvard bleu1

Sur l’humble buffet
Sage se balance l’ancre
D’une pendulette

Les heures passent égales
Sans que nul ne les dérange

Des bûches de hêtre
La flamme flanche et la cendre
Fume juste un peu

Arachné musant sans hâte
Tresse un réseau de rubans

D’une rue déserte
Par la fenêtre béante
Nulle rumeur n’entre

Sur le matelas de plume
Etendu rêve l’aède

Mesure du vent
Dans la sente passent des
Ménestrels muets2

Les clameurs tues, scandaleuses
Démasquent les cadenas2

(1) Elisabeth Chamontin (@Souris_Verte)
(2) Annie Hupé.

Le fer sur l’enclume
Du 2 au 12 juillet – Signe : Cancer ; planète : Mercure

Le fer sur l’enclume
Répand des éclats scandés
Recru de heurts secs

Métal brut chauffé à blanc.
Muscles bandés et durs, suants.1

En ces murs sévères
Arde la flamme de l’âtre
Le feu hurle et fuse

Une lame ténébreuse
Se trempe un tranchant s’affûte

Le meneur de guerre
Attend le regard fermé
Et durent les heures

Prenant ce métal sans tache
Se lève s’avance et parle

Venue des enfers
A fendre targes et chefs
Epée tu es prête

Trempée dans un jeune sang
Célébreras ma vengeance

Resserre ses guêtres
Le gant le large mantel
Descend vers le fleuve

La lune à la face glabre
Le précède par les dunes

Une mère guette
L’enfant cesse la marelle
Un père muet

(1) Françoise Guichard.

Sur les prés en fleurs
Du 13 au 22 juillet – Signe : Cancer ; planète : Lune

Sur les prés en fleurs
Le vent passe caressant
Et l’herbe s’émeut

La sauterelle s’élance
Dérangée par un reflet

Les senteurs se mêlent
Parlant ce fragrant langage
Qu’entendent les ruches

Danse à cadence sauvage
A la chaleur s’emballant

Le hurlement brusque
De femelles en alerte
Sème une stupeur

Plus de chants plus de tapage
De rampements fureteurs

En un cercle lent
Planant dans le calme plat
S’élève une buse

En balafre dans l’azur
Se trace un grave message

L’heure est suspendue
Le rapace va sans hâte
Et se perd de vue

Le champ reprend sans tarder
Sa musante sarabande

Dans le hall glacé
Du 23 juillet au 1er août – Signe : Lion ; planète : Saturne

Dans le hall glacé
L’on sort d’oblongs corridors
Cherchant une clé

Surgis pour quoi vont commis
Tout surpris si tu souris

Une alarme meugle
Midi ! vrombit son tocsin
La masse s’ébranle

Du rotor d’un portillon
S’induit un long conduit noir

Pâles et malades
Trop mollis n’ont point ici
Place dégagez

On suit on court on bondit
Fous du couloir infini

D’une fente brune
Brin sorti d’oignon moisi
Un pétale blême

Crin tordu qui fuit du mur
Bug d’un fin pistil surgi

Un agent regarde
Son doigt point il dit : voici
S’attarde s’arrête

Il sort mû d’un long frisson
Fruits tout un soir ont du goût

Entre les buveurs
Du 2 au 12 août – Signe : Lion ; planète : Jupiter

Entre les buveurs
Nini rosit rit vrombit
En tutu déteint

Rhum mojito gin tonic contraires
Loukoum surimi coco

Lumière feutrée
Coloris kitsch lino froid
Musique qui gueule

Souris du soir qui luit gris
Oisillon d’un nid pourri

Emplis, dis-je un verre
Vois nos portions, nos litrons !
Et rédige en vers.1

Oui ! Nous trinquions, roupillions
Pourquoi suit-on l’illusion ?1

Ventres débinés
Chicots noirs poncifs grivois
Bretelles en berne

Pour qui mon ouzo on rocks
Non mon gros toi tu bois plus

Sueur énervée
Poings sortis profils porcins
Verres renversés

Coups sournois fric roi tournis
Jolis rots corps mous vomi

L’heure : Nini ferme
Corridor logis blotti
Queue du chien remue

(1) Annie Hupé.

Pars sans apparat
Du 13 au 23 août – Signe : Lion ; planète : Mars

Pars sans apparat
Vois l’infini cordon d’or
Va à pas hâtant

Laissant ton logis natal
Laissant moisir ta moisson

Sans savant blabla
Bondis loin d’oisifs propos
Sassant ta saga

Sans faiblir occis l’Avant
Visant l’indistinct profond

Adam translata
son lit, son lot, son nombril
blanc, à Canaan. 1

Soit, allons donc, rimaillant
son roman, miroir moral.1

Tâtant ahanant
Sors toi hors giron blotti
Va par l’arc astral

Saisi par la faim d’air frais
Franchis l’original trait

Là chaman chantant
Vois d’incisifs doigts t’offrir
Sacral santal blanc

Ta main saisit la toison
S’apaisant à son contact

Avançant sans fard
Ris voici ton miroir fol
L’amant t’avalant

(1) Annie Hupé.

Le monde est petit
Du 24 août au 3 septembre – Signe : Vierge ; planète : Soleil

Le monde est petit
Tes chemins tes errements
Rencontrent les miens

Ton œil en mon œil se fond
Tes peines mirent les miennes

L’ombre ensevelit
Le timide scellement
De nos connivences

De ton front posé léger
Me sens poitrine imprimée

De brise jolie
Tes mèches libres se bercent
Et frôlent mes lèvres

De nos doigts entrecroisés
Monte en nos seins même fièvre

Somnolent mélèze
Frises de miel inclinées
Protège nos liesses

Froment seigle ceps des vignes
Rendez nos soleils torrides

Le vol obsessif
De fébriles éphémères
Fibrille le ciel

Est-ce moi le rêve éteint
Dont loin s’envole ton rire ?

Le monde s’étire
Sphère pleine de silence
De silence immense

Du névé bleuté
Du 4 au 12 septembre – Signe : Vierge ; planète : Vénus

Du névé bleuté
Le reflet semble vibrer
Vu de cette sente

Il cerne l’entrée du cirque
Que défend un défilé

Un brusque vent d’est
Se réveille et vient gifler
Les pentes rugueuses

Siffle entre les jeunes pins
Qui serpentent vers le ciel

Un reste de brume
Préservé de cette fièvre
Effleure les crêtes

Une excessive lumière
Rend les neiges venimeuses

Juchées en dévers
Pierres se clivent et brillent
D’un feu ténébreux

Seul en un creux retiré
Tremble le frêle lin bleu

Epure muette
De l’invisible présence
Que scelle le temps

Les muscles tendus
Du 13 au 23 septembre – Signe : Vierge ; planète : Mercure

Les muscles tendus
Ils entrent lèvres serrées
Des hurlements fusent

Cernés de lumière blême
Sentent le ciment trembler

Un vent d’hébétude
Gifle ces virils éphèbes
Qu’encercle une meute

Les curieux et les furieux
De leurs yeux secs les fusillent

Seuls un peu perdus
Respirent des sels fétides
Restent suspendus

Puis virent d’un geste lent
Vers ce centre qui les brûle

Fermeture crue
Le ring en ligne brisée
Creuse une fêlure

Vive splendeur des ceintures
Rend leur figure plus grise

Un heurt de pendule
Trépignements feintes punch
Gerbes d’uppercuts

Ventre sueur nez plexus
Erreur ! Une seule erreur

Pêle-mêle en feu
Sirène civière perf
Rumeur et ténèbre

Deux très jeunes femmes
Du 24 septembre au 3 octobre – Signe : Balance ; planète : Lune

Deux très jeunes femmes
S’avancent dans la venelle
En quête de sel

Près d’elles une enfant chante
Et saute sur une jambe

Un secret murmure
Scande la marche sans hâte
C’est le crépuscule

L’éclat d’une devanture
Capture leur chaud regard

Plumes et dentelles
Frangent des mantes légères
Relevées de gemmes

Chasubles de taffetas
Capes au reflet d’azur

Un brusque vent d’est
Arrache ces passements
Les élève en cercle

Aux épaules des rêveuses
Drape parure céleste

Le temps d’un reflet
Cette astrale majesté
Effleure éphémère

Deux passantes attardées
Et l’enfant à la marelle

Une vague lente
Du 4 au 13 octobre – Signe : Balance ; planète : Saturne

Une vague lente
Passe et dans la rade calme
La barque un peu tangue

Le pêcheur d’un geste sûr
Lance la canne et l’appât

La plage est déserte
Le vent caresse le sable
Dans le crépuscule

Une larme perle sur
La peau saturée de sel

La lune se lève
Sa belle face argentée
Chevauche les nues

Dans sa tête autan répète
Que la Femme s’est pendue

La marée s’empresse
Dans la clarté d’amarante
Que jette le phare

Tant de phrases étranglées
Tant de caresses perdues

La sterne planante
Penche et regagne sa place
Sur l’embarcadère

une plume va tracer
la frange crue des vagues1

(1) La belle strophe finale m’a été proposée par Louise Blau (@lignesbleues). C’est particulièrement intéressant, illustrant bien comment les contributions de chacun ont fait dériver les poèmes parfois loin de ce que j’avais imaginé. Ici, la finale m’évoque une sorte de rédemption empreinte de paix et de beauté, bien loin de la fin sombre à laquelle j’avais pensé :
« L’eau claque elle se referme
La barque ne rentre pas »

Quelques musiciens
Du 14 au 23 octobre – Signe : Balance ; planète : Jupiter

Quelques musiciens
Venant des terres étranges
Epuisés cheminent

Des chiens se dressent et hurlent
Des fenêtres se referment

Les gueux se dirigent
Vers la place des marchands
Près du vieux tilleul

Le vent humide et frileux
Pénètre leur pèlerine

De fifres de vielles
De basses tam-tams et sax
Musique est métisse

Il s’élève de leurs lèvres
Un merengue qui s’enivre

Sur un thème en vrille
S’entrelacent les accents
Se brise le gel

Des curieux levés en cercle
De leur pied suivent le rythme

Filles ténébreuses
Apres gars crâne rasé
Cinglent le bitume

Et sur cette ville beige
Le ciel des îles scintille

Hantant mastabas
Du 24 octobre au 2 novembre – Signe : Scorpion ; planète : Mars

Hantant mastabas
L’on voit son bob indigo
Marrant caftan blanc

Il paraît avoir vingt ans
Mais a la mort dans la voix

Cavalant sans cap
Il bondit d’horizons noirs
Bramant chants fadas

Passants marchands proprios
Vont ignorant son galop

Navrant Artaban
Front trop gros profil porcin
Badant bras ballants

Mais à midi naît la faim
Oignon par ci pain par là

Sans marks sans nafkas
Finit trois trognons moisis
Lapant ramas gras

Las choit dans l’abri si frais
Dont s’ombrait lavoir banal

S’affalant hagard
Son dos blotti l’idiot rit
A sa baraka

Loin loin s’affaiblit l’aboi
Loin loin la loi d’Osiris

Le vieil olivier
Du 3 au 12 novembre – Signe : Scorpion ;

Le vieil olivier
Tord son gros tronc gris rôti
Et croise le vent

Il domine le vignoble
De son ombre emplie de fièvre

Ton dos se détend
Ton poing mollit ton front rit
Ton sein frémit libre

Le ciel violet de midi
T’inonde et te vrille l’œil

Ton vin de silex
Dont on boit trop l’or rosi
Monte vite en tête

Le grillon dolent grésille
Entre les pierres torrides

Le sommeil te vient
Long solo d’infinis fols
Voile de l’ivresse

Personne ne te réveille
Rien ne vient briser le vide

Mémoire immobile
Corps pris d’indistincts frissons
Isolement tiède

Roche sillons terre éprise
L’olive penche et te berce

Une clé seule entre
Du 13 au 22 novembre – Signe : Scorpion ; planète : Vénus

Une clé seule entre
Fin profil croisillon d’or
En cette serrure

D’un lumignon luit confus
Un fin jour sous l’huis noirci

Un cerne de lune
Inscrit son coloris froid
Sur le mur sévère

Pour qui sourit l’inconnu
Qu’introduit un bond furtif

Le pêne s’enclenche
Son choc clôt sitôt l’octroi
Et je me renferme

Oisif sur mon trottoir gris
Sous un fronton tout moisi

Esseulé je guette
Du portillon noir qui dort
Le chêne lugubre

Surpris vois d’un tour du gond
S’ouvrir un couloir obscur

Me rue et pénètre
Sport idiot viol instinctif
Qu’est-ce que j’espère

Poings sur un mur nu Jim rit
J’y vis l’Intrus Primitif

Le feu de leurs yeux
Du du 23 novembre au 2 décembre – Signe : Sagittaire ; planète : Mercure

Le feu de leurs yeux
Reflète le tapis vert
Du cercle de jeu

Le pur esprit d’une nuit
Dure et sublime s’esquisse1

Splendeur désuète
Pesante table d’ébène
Tentures et stucs

Un merle serein épelle :
Le silence est-il de mise ?1

Le temps se renverse
Des chiffres le cliquetis
Sème une stupeur

Ténèbres restituées
Êtres et esprits enfuis2

Les lèvres serrées
La narine d’air privée
Geste suspendu

Une bille fuse et ruse
Hésite évite et refuse

Le rêve se meurt
L’abîme happe en braillant
Les enjeux perdus

Superbe un instant s’élève
Le rire qui devient ruine

(1) Brigitte Pellat  (@BrigittePellat)
(2) Hélène Verdier (@h_verdier)

Rue brune pullule
Du du 3 au 12 décembre – Signe : Sagittaire ; planète : Lune

Rue brune pullule
A l’établi l’artisan
Demeure penché

Un refuge de silence
Imprègne ce lieu secret

Fermement tenue
La lime entame la pièce
En deux fers serrée

Une épure se dessine
Et lentement se mûrit

Le geste est sûr
La pensée hésitante,
Humblement ténue1

Se mire de l’effleuré
Puis crisse — plis et déplis —1

Le but est en vue
Les fragments enfin s’assemblent
Créent une structure

Des pupilles qui s’étirent
Le feu scintille bleuté

Se dresse réel
Dans ce havre de patience
L’effluve d’un rêve

Petit verre mérité
Puis les lumières s’éteignent

(1) Hélène Verdier (@h_verdier)

D’un élan brutal
Du 13 au 21 décembre – Signe : Sagittaire ; planète : Saturne

D’un élan brutal
J’avale la piste blanche
Me cabre et m’arrache

Vibre structure effilée
Que le vent gifle et relève

Des deux réacteurs
Le sifflement se fait brame
Et les peurs se clament

Sinistre un pic se dessine
Sur le ciel d’un bleu limpide1

Entre les nuages
M’aspire la ligne claire
Vers un cap étrange

Les instruments se dérèglent
Leds jettent un vert lugubre

Des étendues vagues
Mille mètres en bas filent
A travers la brume

Un bercement triste et lent
M’emplit de grises pensées

Je passe tremblant
De ce firmament glacial
Le cercle effacé

(1) Brigitte Pellat  (@BrigittePellat)

En crème liquide
Du 22 au 31 décembre – Signe : Capricorne ; planète : Jupiter

En crème liquide
La glaise épaisse et collante
Gît brune et putride

Un frisson s’induit sournois
Sur tout mon dos qui roidit

Chemise ceinture
Pantalon baskets et slip
J’enlève mes fringues

Pins mugo buissons touffus
Tout un bois rit insoumis

Je me jette nu
Dans le mélange noirâtre
Qui pègue et me suce

Du limon bruit un floc mou
Son lourd d’un grouillis profond

Tête nuque pieds
S’enrobent de pâte informe
Deviennent humus

Compost mort corps confondus
Sous un horizon moisi

Ruine de glu blême
Je m’effondre lentement
En cette hideur

Lors d’un soupir infini
Vomis tout l’or qui m’occit

Abracadabra
Du 1er au 11 janvier – Signe : Capricorne ; planète : Mars

Abracadabra
Crie l’enfant devenant mage
Lançant l’avant-bras

Le vent se lève et gémit
L’herbe devient folle et rit

Lamas blafards dans
De vieilles robes dorées
Carnaval d’antan1

Si le Stromboli s’éveille
De joie ils s’immoleront1

Maman cavalant
Rattrape le gosse et gronde
Car là ça va mal

Impossible de s’entendre
Ce petit devient pénible

Balançant tartan
Le mioche ensorcelait
Grand-maman là-bas2

Crois moi polisson difforme
J’ose force sortilèges1

Sans mal, sans tracas
Je te minore, t’étiole
Raplapla ! lascar !1

Le môme petite voix
Récite le secret texte

S’affalant passant
Trombe trisse ciel devient
Grand mandala blanc

(1) Annie Hupé.
(2) Brigitte Pellat  (@BrigittePellat)

Des hommes féroces
Du 12 au 22 janvier – Signe : Capricorne ; planète : Soleil

Des hommes féroces
Escaladent le versant
Le silence gronde

Dans l’ombre Orion se terre
De larmes de poix drapé1

Rocs et précipices
Stoppent le pas maladroit
D’effrontés mortels

Le soleil éveille enfin
Le colosse et il écrit2

L’ongle de son doigt
Grave à même le granit
Des mots éplorés

Le torrent plonge et résonne
Le vent cingle les rocs froids

Le piétinement
En contrebas se rapproche
De héros sordides

Des poings de l’être indocile
Le moindre revers les broie

Il reste penché
Tête en ses mains reposant
Noir de désespoir

L’écho des gémissements
Se renfle de roche en roche

L’œil livide voit
Le dard misérable fondre
Et le libérer

(1) Hélène Verdier (@h_verdier)
(2) Brigitte Pellat  (@BrigittePellat)

Du fleuve bleuté
Du 23 janvier au 1er février – Signe : Verseau ; planète : Vénus

Du fleuve bleuté
Fend l’eau de sa nage calme
Une femme heureuse

Les nuages peu à peu
Effacent sa belle humeur1

Elle entend rêveuse
L’appeler sans se lasser
Le vent d’un murmure

Tendre Leda elle vague
Face pâle vers l’azur2

Elle sent légère
La caresse des grandes algues
Muette berceuse

D’une arabesque d’écume
Ses bras parent la surface

Une grue cendrée
Lance un appel guttural
Tête renversée

Las ! se meurt l’appel ardent
Au levant se meut la meute3

Femme reste et tremble
L’avant pénètre l’après
L’heure est suspendue

Et passe dans ce regard
L’étrange affre des naufrages

(1) Didier Bergeret
(2) Hélène Verdier (@h_verdier)
(3) Brigitte Pellat  (@BrigittePellat)

Entendent le prêche
Du 2 au 11 février – Signe : Verseau ; planète : Mercure

Entendent le prêche
De ce mage en cape blanche
Et les peurs reculent

Nul enchanteur nul pasteur
Je m’attache à l’espérance1

L’espèce de leurre
S’ajuste à l’aveuglement
Des énergumènes1

Un chapelet de préceptes
Leur assure le salut

Ensemble éduqués
Répètent la phrase apprise
Leurs lèvres remuent

La salle est belle à ses murs
Panneaux en grands caractères

L’Eternel est pur
Versez un parfum de feu
Sur terre et sur mer

Menez une guerre juste
Cherchez l’éclatant trépas

Echecs et regrets
Le fardeau s’est annulé
Des vécus perdus

Un grand calme se répand
Les réchauffe et les aveugle

(1) Annie Hupé.

Une fleur des prés
Du 12 au 22 février – Signe : Verseau ; planète : Lune

Une fleur des prés
Fendant la verte membrane
Frêle se déferle

Ses pétales flavescents
Se bercent au vent léger

Généreuse et pure
Elle répand le parfum
Des heures heureuses

Humble tâche de clarté
Ancrée au versant abrupt

En brusque détente
S’abat une sauterelle
Semeuse de peur

Sa patte rugueuse gratte
Ses antennes se démènent

Muette perdue
La fleur aux tendres sépales
Reste suspendue

Paf d’un saut fuse la bête
Que chasse quelque danger

Lent et mesuré
C’est le pas du taureau blanc
Empereur superbe

Le végétal éperdu
Rend grâce au géant sauveur

Le mufle se penche
L’âpre langue arrache et happe
Une fleur des prés

Une erreur dans le calendrier qui m’avait servi de source m’a amené à terminer prématurément ce zodianku, pour lequel j’avais prévu trois strophes supplémentaires, car le décan suivant aurait sans cela été réduit à 6 jours. Ainsi les trois dernières strophes, déjà préparées, n’ont en fait jamais été diffusées.

Grand jeu des saveurs
Du 20 au 28 février – Signe : Poissons ; Planète : Saturne

Grand jeu des saveurs
Oignon poivron potiron
Sauce grand veneur

Jouissons du pot pourri
Dont tous nos goûts font chorus

Un fumet suave
Dont on voit nos rôts offrir
Le charme s’élève

Du point du jour jusqu’où nuit
S’obscurcit nous cuisinons

Eperlan flétan
Thon d’onigiri joli
Hareng saur fumé

Produit du fruit mûr qui rit
Vin rosit roux ou confits

Aulx cèbes et sauges
Sont l’or si fin dont nos doigts
Relèvent le jus

Doux flot qui sourd du chinois
Coulis court sur noir pudding

Pampres sur la tête
Ici ris, ici vis, toi
Le gargantua1

(1) Hélène Verdier (@h_verdier)

L’inquiète fileuse
Du 1er au 10 mars – Signe : Poissons ; Planète : Jupiter

L’inquiète fileuse
Croit voir Orion sorti
Et lève les yeux

Un brûlot luit-il si loin
Sur un flot qui toujours fuit

Elle tremble un peu
Son doigt roidi tord son fil
Ses lèvres remuent

L’illusion d’un profil vu
Surgit du fond d’un jour mort

Un être imprévu
Dit mot ni long ni trop fort
Et vint l’étincelle

Tout un soir fous corps unis
Ils ont connu l’ignition

Un vent furieux
Corrosif sirocco noir
Sèche ses pensées

Ont-ils voulu sort commun
Ont-ils conçu long futur

S’emmêle fusée
Omis choit son cordon gris
Pèse le silence

Nuit mord sur l’horizon froid
D’un long soupir fuit vision

Lapant sa grappa
Du 11 au 20 mars – Signe : Poissons ; Planète : Mars

Lapant sa grappa
L’idiot prit son violon
Lança sa java

Il avait la voix trop bas
Son chant traînait sans passion

La nana passa
Shirt coton snood longs cils noirs
A pas boitillant

Il s’acharnait sans sono
Chavirant son vibrato

Narrant macadam
Chiots dont crocs sont incisifs
Passants pas marrants

Alors s’approcha riant
La fada clopin-clopant

Là sans apparat
Son joli minois rosi
S’attarda chantant

Dans la paix s’harmonisa
L’instant fort d’accord total

Bravant la fatwa
Dont on voit clodos vomis
Par galants nababs

Par soir câlin joignant mains
Ont affranchi l’horizon

Catamaran blanc
Du 21 au 30 mars – Signe : Bélier ; planète : Mars

Catamaran blanc
Dérive et lentement file
Chassant par l’avant

Belle sirène serine
En mer entêtée s’exprime1

Ah chant charmant chant
Terrible vent de délices
Mantra balançant

Le marin se signe et tremble
Sa main agrippe la barre

Grand fanal là bas
L’invite il vire grisé
Par l’appât fatal

La rade à l’éclat changeant
Scintille en reflets de sang

S’amassant par bancs
L’excitent les sternes grises
D’agaçants cancans

Paraîtra-t-elle impassible
La reine à traîne d’écailles

Las rampant à ras
Récif le griffe et déchire
Fracassant safran

Dame indifférente égrène
Sa ballade cristalline

(1) Brigitte Pellat  (@BrigittePellat)

Il s’est retiré
Du 31 mars au 9 avril – Signe : Bélier ; planète : Soleil

Il s’est retiré
En ces friches de silence
Cimes endormies

L’insecte pose son corps
Mordoré ; le soir s’étire1

Des gorges sonores
Cernent le repli secret
De gerbes espiègles

Derrière les pins cembros
Le monde vit et l’ignore

Le printemps s’éveille
Le rire des brises libres
Tinte en son oreille

Sont très loin les prisons froides
Dont l’ombre enterre l’espoir

Il prend le chemin
Siffle et vif le chien décrit
Des cercles précis

Les brebis grimpent en ligne
L’herbe berce le vent tiède

Si proche est le ciel
Empli des signes immenses
D’écrits envolés

L’homme en ces lignes déchiffre
Le songe éternel des neiges

(1) Brigitte Pellat  (@BrigittePellat)


Prudente et secrète

Du 10 au 20 avril – Signe : Bélier ; planète : Vénus

Prudente et secrète
Petite vipère grise
Lentement furète

Libérée d’une mue sèche,
Ventre sur les pierres tièdes1

L’heureuse et légère
Fillette remplit les prés
De rumeurs de fée

Ses yeux emplis de lumière
S’émerveillent du printemps

L’heure est verte et tendre
Veille le fier épervier
Belette s’enterre2

les fleurs de neige se penchent
en secret vers leur psyché3

Fleurs bleues déclencheuses
Resplendissez d’emblée chez
Cent chercheurs chercheuses4

Puis vite détruisez presque
Le rude chiendent livresque4

En culbute brusque
Petite en plein met le pied
Sur l’humble serpent

Mû d’un meurtrier réflexe
Le reptile se détend

Dents cruelles fusent
Cinglent se fichent instillent
Le suc vénéneux

(1) Françoise Guichard.
(2) Brigitte Pellat  (@BrigittePellat)
(3) Hélène Verdier (@h_verdier)
(4) Gilles Esposito-Farèse
. Les deux strophes écrites par Gef contienent l’évocation de trois romans de Raymond Queneau. De plus elles constituent un «isotankwoosh», contrainte définie par lui qui combine tanka, isocélisme et twoosh (140 caractères). On en voit mieux la forme sous la présentation suivante:

tanka-gef_16-04-15


Vents, frères du fleuve

Du 21 au 30 avril – Signe : Taureau ; planète : Mercure

Pour ce dernier texte du Zodianku j’accueille les membres de la liste Oulipo. Je leur suis très reconnaissant de me faire l’honneur de leur présence amicale.

Vents, frères du fleuve
venus du sud, de la mer
nés des steppes russes.1

Senteur exhalée d’Annan
Que le sable a répandue2

Fureur des nuées
Cet harmattan chaud s’abat,
Sec dessus l’erg nu.3

Quel mascaret d’espérance
Rechassa le vague à l’âme2

Prends l’heur en ces gemmes
Sculptant tes gestes futurs
Leurs splendeurs terrestres4

N’entends-tu pas cet augure
Que le temps mène au hasard4

Bébé des blés bleus
Né au creux du ruban blanc
De brume et de vent…5

La murène est dans le seau
Tu prends le râteau du temps5

Muse fuselée
Traverse une austère épave
Épure de fugue6

Flambeau fumant dans le vent
S’achève un labeur astral7

(1) Annie Hupé.
(2) Guy Deflaux ( @Wanatoctouillou )
Les deux premières strophes forment ensemble un tanka isocèle. La forme en apparaît mieux sous la présentation suivante :

annie-hupe-guy-deflaux_22-04-15

(3) Françoise Guichard.
(4) Gilles Esposito-Farèse. Les deux strophes offertes par Gef forment à elles deux un isotankwoosh, forme définie par ce dernier comme un tanka isocèle de 140 caractères.  On en verra mieux la forme dans l’image suivante:

https://i0.wp.com/cluster015.ovh.net/~talipo/wp-content/uploads/2014/04/Gef_25-04-15.jpg

(5) Nic Sirkis
(6) Brigitte Pellat  (@BrigittePellat)
(7) Nicolas Graner

30 avril 2014 : Le zodianku est achevé, après un an de publication quotidienne. Un grand merci à tous les amis, Oulipotes et Twittérateurs, qui l’ont enrichi de leurs contributions tout au long de ces trente-six textes !


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Publié le

mai

1 mercredi   – dès le réveil, plein de sentiments célestes
2 jeudi          – muguet si tu veux, que tu hurles ne peut te nuire
3 vendredi    – c’est vers midi que mes intestins devinrent grêles
4 samedi      – entre avec crainte dans l’envers sidéral
5 dimanche  – le septième jour il posa son violon et s’envola
6 lundi           – murs infinis d’un suburb gris
7 mardi         – matins hardis, ravins alpins, grands sapins
8 mercredi    – dériver lentement vers le rêve et s’éveiller en mer
9 jeudi           – le jus de purin ne tue ni vigne ni ciguë
10 vendredi   – vérifie bien : de l’infini, rien ne vient. rien.
11 samedi     – il siffla la fille, elle le vit, il était grisâtre
12 dimanche – grâce furtive d’un brin de romarin fleuri
13 lundi          – il fut surpris d’un si subit prurit
14 mardi        – matin : lac salin mirant l’air carmin
15 mercredi   – je t’interdis de m’enfermer en mes pensées
16 jeudi          – le plus pur sentiment m’effleure dès que j’entends les fleurs rire
17 vendredi    – le verbe, c’est l’ennemi : il perce les fenêtres
18 samedi      – hélas il avait déjà l’âge des plaies saignantes
19 dimanche  – dans les soirs alanguis tourne la chauve-souris
20 lundi          – il fut puni : ni sushis ni surimi
21 mardi        – l’air chagrin, l’Anglais s’attabla, cachant mal sa faim
22 mercredi   – le névé scintille, le pied pèse et s’imprime, le ciel m’encercle de nimbes givrés
23 jeudi          – de fureur il s’inflige des griffures sinueuses
24 vendredi    – s’il est de tristes femmes, me désespère cette fidèle éphémère éprise de l’être divin
25 samedi      – dix, valet, dame, tierce gagnante, tapis persan
26 dimanche  – l’aréole du sein, ce cadran des nuits solaires
27 lundi          – fuis si tu survis, fuis du puits qui mugit
28 mardi        – jardin français, jardin anglais, sans avis j’avançai
29 mercredi   – chenille s’échine et printemps chemine
30 jeudi          – si tu suis les signes qui luisent tu meurs
31 vendredi    – l’herbe fervente penche vers l’est et sécrète le bel encens

juin

1 samedi        – la salive me vient en reniflant ces pintades
2 dimanche    – le saule torsadé m’affole de sa fulgurante éruption
3 lundi             – fruit d’hibiscus cuit sur du riz : un summum
4 mardi           – partir agitant la main sans chagrin
5 mercredi      – le chien, le réverbère, et le silence
6 jeudi             – le vieux peuplier se redresse, ivre du tumulte des insectes butineurs
6 jeudi             – (deux) Un jeune nervi, triste brute, tue un jeune épris d’idées généreuses. Cité entière, prends le deuil.
7 vendredi       – élèves en cercle, périmètre de pierre
8 samedi         – farine tamisée, lait, malaxe la pâte
9 dimanche     – à sa fenêtre une femme rit, son portable à l’oreille
10 lundi            – du fil d’un surin l’Inuit punit l’intrus in situ
11 mardi          – brandis l’appât : grandit la paix
12 mercredi     – père ni fille, mère ni fils, le destin ne prévient de rien
13 jeudi            – le sujet précède le verbe, depuis les nuits du temps, et rien ne les unit
14 vendredi      – il mendie, il grêle, l’intestin crie
15 samedi        – demain ta main câlinera l’échine
16 dimanche    – avouerez-vous jamais la honte d’un regard détourné ?
17 lundi             – du suc d’un fruit mûr il fit un jus qu’il but pur
18 mardi           – à l’instar d’Hannibal gravissant l’arc alpin, fais pâlir l’invasif latin
19 mercredi      – chez le généticien les bêtes engendrent cent chimères
20 jeudi             – je m’éprends d’un buffet de chêne cérusé, ému de ses sculptures désuètes
21 vendredi       – ses chélicères se refermèrent et le venin fit le reste
22 samedi         – atteinte d’Alzheimer elle est femme elle est belle
23 dimanche     – îles d’alors, étiez-vous inaccessibles ?
24 lundi              – mini-flux qu’induisit un fil nu sur l’indium du circuit
25 mardi            – caviar sans pain : il tartina sa main
26 mercredi       – vérifie le frein : s’il est desserré, défense de lever le cric
27 jeudi              – l’un veut, l’un refuse, l’un pleure
28 vendredi        – le peintre célèbre en vermeil l’est irréel des ciels d’été
29 samedi         – vahiné, lance ta danse, agitée de transes marines
30 dimanche     – à l’origine du regard était le feu

juillet

1 lundi              – brun mûrit un fruit, surgi du pistil d’un iris purpurin
2 mardi            – gaz sarin. Bachar, riant, signa : sabbat final
3 mercredi       – délimite le segment sensible, pénètre vivement et déclenche le cri
4 jeudi              – tumeur détectée, une peur est instillée
5 vendredi       – rire insensé des premières tendresses
6 samedi         –
églantine des vents rebelles
cadran des temps déphasés
calendrier des saints de braise
balisent l’ère des errances
7 dimanche     – robe qui flotte autour des jambes de velours
8 lundi              – un cumulus surgit du sud, mugit, luit, puis il plut
9 mardi            – malin, l’assassin signala l’alibi sans pâlir
10 mercredi    – serment d’ivresse liesse des vignes
11 jeudi            – il ripe sur une prise, perd l’équilibre, et dévisse
12 vendredi     – pitre sempiternel risée des esprits élevés
13 samedi       – paire de mitaines belles mains de laine
14 dimanche   – sur l’étang qui miroite un lotus flotte et je souris
15 lundi            – gus qui vit du minimum, gus surpris nutri d’un fruit chu d’un surplus, gus qu’un tribun punit
16 mardi          – il prit sa main, dansa sans fin dans l’air matinal
17 mercredi     – entre ses lèvres grises défibrille le rire
18 jeudi            – bûches humides feu qui fume je m’enrhume
19 vendredi      – impertinence belle impertinence dévie les destins rectilignes
20 samedi        – narines flattées par l’air salin des alizés
21 dimanche    – la conique se dérobe et suit sa route bifocale
22 lundi             – un pli divin sur un surplis pur lin
23 mardi           – paix à l’Islam s’avivant dans l’amical ramadan
24 mercredi      – le ferment de liberté lève si le sel est mêlé
25 jeudi             – chut ! plus de bruit, ses cils se ferment sur ces lueurs intérieures
26 vendredi      – l’incendie se déclenche et crépitent mes sentiments
27 samedi        – labiales, dentales, fricatives, palatales, vibrent sans fin dans l’air et dansent
28 dimanche    – sur l’icône son pinceau promène une caresse dorée
29 lundi             – cri d’un bikini rubis sur un cuir brun
30 mardi           – j’arrachai l’animal tapi dans ma chair
31 mercredi      – le silence est le siège des rêveries fertiles

août

1 jeudi              – jeune fille qui pleure et l’heure s’éternise
2 vendredi        – les dernières merceries ferment et le temps perd le fil
3 samedi          – en plantant le pépin j’imagine l’arbre
4 dimanche      – dans la farandole oublie paroles et projets
5 lundi              – primitif, instruit, instincts indivis : surgir, s’unir, fuir
6 mardi            – lapin nain, clapis dans l’abri câlin
7 mercredi       – l’épeire tend ses fils en cercles invisibles, l’insecte vire sec, le piège se referme
8 jeudi              – une erreur vint lui révéler l’entrée des chemins supérieurs
9 vendredi        – geste lent de ces femmes nimbées de crêpe de Chine
10 samedi        – dans la clarté rare de la cave, l’affinage mêle savamment le temps et le sel
11 dimanche    – de l’âme raisonnable le front sera cerné d’une auréole en fer
12 lundi            – d’un burin sûr, incisif, il inscrit un trip cursif sur un buis brut
13 mardi           – assis dans sa datcha l’amiral trahi paraissait maladif
14 mercredi     – le filet pèse empli d’espèces vénéneuses
15 jeudi            – le tilleul infuse et viennent les pensées secrètes
16 vendredi      – l’épervier glisse lentement, le silence règne
17 samedi        – il vieillira sans haine et la fin sera claire
18 dimanche    – du piano la note grave s’accorde à mon désarroi
19 lundi             – but qui luit, tribus qu’unit un script divin, dur circuit juif
20 mardi           – salam dit-il, avançant la main, la paix habita l’islam
21 mercredi      – ensemble espèrent les chrétiens, et cherchent le chemin
22 jeudi             – se dénuer triplement du désir élève le hindu vers une liberté pure
23 vendredi      – le zen respecte le silence, vient l’éveil, le vide s’imprègne
24 samedi        – dans l’ascèse le jaïn verra l’âme libérée
25 dimanche    – l’homme cherche une réponse à la question jamais posée
26 lundi             – turbin, rictus divin, crucifix nu
27 mardi           – l’ami vrai n’a jamais l’air avili par la main l’agrippant
28 mercredi      – il ensemence les terres desséchées, il extirpe les épines, il espère
29 jeudi             – immersive ferveur des sexes qui s’unissent
30 vendredi       – de frêles brins entremêlés il me fit cette ferme tresse
31 samedi        – canines arrachées, le carnassier se régala d’herbes sapides

septembre

1 dimanche      – au sommet de la montagne le soleil retentit d’un tintamarre de couleurs
2 lundi              – il prit un biscuit, but un vin cuit, minuit vint
3 mardi            – il s’assit, raidi par l’accablant handicap, mais il n’avait pas mal, disait-il
4 mercredi       – le chien se lèche, il s’étire, les petites filles rient
5 jeudi              – elle s’immerge nue et se berce des effleurements du fleuve
6 vendredi        – les petits chefs en veste grise sentent le dentifrice
7 samedi          – la cithare et la harpe égrènent cette villanelle cristalline
8 dimanche      – elle est folle la parole qui s’emballe un jour de retrouvailles
9 lundi              – un surfil mit un fini subtil sur l’uni du tissu
10 mardi           – il s’affairait à rafraîchir la sangria
11 mercredi      – les pierres des cimetières dessinent des grilles vierges
12 jeudi            – le destin n’est qu’un muet cruel qui rit et me tire les cheveux
13 vendredi      – le dentiste se penche et mes gencives serrent les dents
14 samedi        – dans sa cabine le capitaine avec le sextant vise Rigel
15 dimanche    – un brin de farigoule jeté dans l’aubergine ma cuisine donne envie de danser
16 lundi             – mistigri ! rugit-il, puis il prit un pli
17 mardi           – avanti, citadin, va sifflant : tapi dans l’arc crânial vit l’intact jardin
18 mercredi      – des persiennes fermées se déversent les ténèbres de ces tristes fenêtres
19 jeudi             – un lutin curieux glisse une pupille furtive sur le livre que je revêts d’une écriture nerveuse
20 vendredi       – sentinelle enivrée, rentre te dégriser, le fifre et le serpentin te relèvent
21 samedi         – l’accident de santé laissa des traces irrémédiables
22 dimanche     – d’un sourire moqueur fut accueilli mon gauche compliment
23 lundi             – clin d’un cil sur un iris gris
24 mardi           – l’habit allait à ravir: satin clair s’irisant d’isatis
25 mercredi      – les tennismen émerveillèrent Lenglen de ces revers pleins de finesse
26 jeudi             – une virgule s’insinue et cette missive sereine devient un dur texte guerrier
27 vendredi       – de cette belle femme enceinte le ventre est énigme et tendresse
28 samedi         – le gardien s’abrite de la bise sa cigarette brasille
29 dimanche     – d’un osier bien assoupli le vannier confectionne de robustes paniers à cueillettes
30 lundi             – fruit qui dit «pur» distinct d’«impur», fruit qui fit du futur un mur

octobre

1 mardi             – l’assistant signala l’imparfait signal : ah, ça va ! fit l’aspirant, fais fissa sans tralala
2 mercredi        – il descendit cette cheminée de mine et les ténèbres l’enfermèrent
3 jeudi               – ils endurèrent des pluies tumultueuses qui mugirent deux lunes entières
4 vendredi         – les venelles excentrées recèlent les enfermements d’êtres désespérés
5 samedi           – cavale interminable, balle dans la tête, le sanglier s’abat, le sang se fige
6 dimanche       – sous le casque à vélo flot de boucles dorées que la vitesse fait onduler
7 lundi                – bus dix-huit, flux d’individus fugitifs, but indistinct
8 mardi              – tram à l’apaisant ballant, rails t’aspirant à l’infini
9 mercredi         – le ticket de chemin de fer libère le destrier des rêves
10 jeudi              – sur le fil du téléférique sinue le vertigineux destin
11 vendredi        – bercement serein des péniches entre les rives serpentines
12 samedi         – le deltaplane vire, cherche l’ascendant, il siffle et décale sa glissade
13 dimanche     – par des rencontres imprévues sont déviés nos caps vers un archipel second
14 lundi              – il fut pris d’un virus; six nuits fut-il cru fini. vint un sursis : il vit !
15 mardi            – l’anglais n’a pas l’air si gai sans bandana
16 mercredi      – le chêne débité, bien empilé, le fermier prend le petit verre mérité
17 jeudi             – les ruines du bunker servirent de refuge et leur secret fut préservé
18 vendredi       – pressée de livrer le secret de cette divine terrine en gelée, Edmée rit, se penche et se renferme
19 samedi         – sa main tient ferme la laisse, le chien mène sans hésiter, le regard vide il traverse la ville
20 dimanche     – la chorale s’échauffe à grandes vocalises
21 lundi              – un rubis purpurin luit sur un tissu fin
22 mardi            – ni pain bis ni sarrazin mais il savait trahir sa faim par six brins d’ingrat plantain
23 mercredi       – neige crisse, pied s’imprime, givre pince, se décèle enfin cette petite remise désertée
24 jeudi              – tuteur et ficelle béquillent cette jeune tige de chèvrefeuille
25 vendredi        – il inverse les termes de ce dilemme et l’entretien redevient serein
26 samedi          – la veine cave est ravagée par tant d’années de tabagisme
27 dimanche      – dans les golfes turquoise de Lampedusa rôdent au gré des eaux les espérances englouties
28 lundi              – l’Institut lui fit tribut d’un prix qui l’imbut plus qu’un dictum divin
29 mardi            – apaisant raisin, grains d’airain, plaisir matinal
30 mercredi       – des pénitents en vêtements beiges serpentent lentement dents serrées en signe de regret
31 jeudi              – du jujube le suc acidulé m’excite les gencives

novembre

1 vendredi         – de cette reine exilée se délivrent les chimères
2 samedi           – les ballerines bien lacées gainaient le pied de l’enfant exaltée par la danse
3 dimanche       – une foule innombrable a traversé le pont et les barrières se sont disloquées
4 lundi               – du cubit un jus brun : il but un rhum pur
5 mardi             – j’admirai l’artisan tant il avait mis d’art dans l’arc parfait parant la villa
6 mercredi        – l’invertébré s’étire et serpente entre les pierres persillées de lichens
7 jeudi               – funeste erreur : le jeu s’inverse, ils perdent, le rire se fige sur leurs lèvres
8 vendredi        – l’Eternel est le berger, rien ne m’est enlevé
9 samedi          – le rejet de la race, maladie de la France
10 dimanche    – son discours amoureux tel une aile m’effleure
11 lundi             – du mutin qui fut mis sur un grill, fut-il pris un butin ?
12 mardi           – santal citrin, ta paix s’instillait dans l’air fragrant
13 mercredi     – le désir des filles rebelles emplit l’été d’impertinence
14 jeudi            – le chien truffier renifle queue levée puis désigne le chêne qui détient les perles ténébreuses
15 vendredi      – de s’être défié des périls vénériens il est resté privé des délires intimes
16 samedi        – fanfare, mascarade, farces et attrapes : le mariage fit grand tapage
17 dimanche    – opium volutes paresseuses lueurs nocturnes où fourmille notre absence
18 lundi             – un bizuth dut subir dix trucs punitifs
19 mardi           – la main flattant jars, cils, fit pâlir l’animal
20 mercredi      – l’éther étend ses relents éphémères et je me sens dériver
21 jeudi             – les Bleus, d’un pied plein d’énergie, récupèrent leur billet vers le Brésil
22 vendredi      – elle ne s’entend ni ne se sent, elle chemine, s’inflige et sidère, l’électricité
23 samedi        – la dame tire la draperie et disparaît dans la retraite de ses larmes
24 dimanche    – l’ombre de l’ossuaire m’endort en sa fraîcheur immobile
25 lundi             – un lutin gris fit un grigri d’un brin de gui
26 mardi           – l’infant vivait ici jadis s’initiant à l’art martial
27 mercredi     – il s’imprègne de vétiver et se brise l’indifférence
28 jeudi            – les vergers perdent leurs feuilles et de brume s’ensevelissent
29 vendredi      – de cette percerette bien vrillée, je fixe le cheminement des vis en cette pièce de merisier
30 samedi        – il se rassasie des baies acides grappillées pendant la balade

décembre

1 dimanche     – il peignait au couteau des paysages courbes
2 lundi              – il crut viril un rictus qui fit fuir dix inscrits
3 mardi            – la fantasia va dans Bahia balançant la samba sans fin
4 mercredi       – le serre-tête en fil tressé retient ses mèches rebelles
5 jeudi              – file l’écume des brebis l’hiver vient cliquette l’esguille
6 vendredi        – en été le silène déplie timidement ses petites miettes d’incendie
7 samedi          – la valise a gardé le charme des trains express crachant le panache éclatant de l’errance
8 dimanche      – le papillon butine, rouge et noir sur la lavande ensommeillée
9 lundi              – d’un vil biffin hutu qui dit punir un tri incivil, qui survit ? nul tutsi
10 mardi          – il bâtit la Sagrada Familia, mais n’arriva pas à la fin : fatal tram
11 mercredi     – retirée de l’existence elle médite ses lèvres rient les ténèbres se fendent
12 jeudi            – bienheureux duvet préserve mes nuits des hurlements du vent frileux
13 vendredi      – cécité : le pied hésite, le chien précède fidèlement, devine le chemin, évite les dévers difficiles
14 samedi        – le pantin de papier mâché traîne sa mine de farine
15 dimanche    – sa gueule s’ouvre sur une machoire constellée de poignards d’ivoire
15 dimanche    – son poignard à manche d’ivoire est ouvré d’une Goule ciselée
16 lundi             – sûr du but il s’inscrivit muni d’un curriculum riquiqui
17 mardi           – Lin blanc, frais jardin virginal, l’amant imaginait l’instant sacral
18 mercredi      – l’écrin de cette reine enserre dix ferrets sertis de pierres fines
19 jeudi             – une cuillère de miel entre tes lèvres de sucre
20 vendredi       – l’enterrement chemine entre les stèles de silence vers cette pierre descellée
+ livraison spéciale :
20 vendredi       – je remercie vivement Christine de ce reflet plein de finesse
21 samedi         – gabier de misaine prends le ris chante tes peines
22 dimanche     – comme la poule est fière de l’œuf qu’elle réchauffe sous ses plumes
23 lundi             – il lui fit un flirt intrusif qui finit sur un lit
24 mardi           – Marx a mis sa chair dans l’abrasif Capital
25 mercredi      – les petites pièces tintent l’engin crépite et verse le thé
26 jeudi             – victime d’une rumeur venimeuse il s’en fut sur une île perdue
27 vendredi       – les petits tremblent de fièvre les mères veillent les infirmières ferment les fenêtres
28 samedi         – le tablier de ma grand-mère garde la trace des années
29 dimanche     – du moulin tournent les ailes sous la meule gonflent les sacs
30 lundi              – si tu t’instruis du jiu jitsu plus nuit l’instinct brut plus tu ris
31 mardi            – dans sa Panhard châssis avachi il avança cahin-caha

janvier

1 mercredi  –
en ce temps premier plein de liesse
je l’espère verrez venir
liberté rires et tendresse
éveil des rêves et désirs
2 jeudi              – nimbée de lumière elle se tient nue le sculpteur pétrit l’esquisse de terre humide et le silence les unit
3 vendredi        – tirez les fèves fêtez les reines versez le vin
4 samedi          – ils se passent l’alliance en gage de ce serment à jamais échangé
5 dimanche      – l’aiguille court l’ourlet parachève l’habit
6 lundi               – du rhus qui luit d’un si vif rubis un vil purin finit un cuir fin
7 mardi             – il va glissant patins crissant dans l’air glaçant
8 mercredi        – l’être divin dicte dix préceptes de pierre le pèlerin redescend plein de fièvre
9 jeudi               – luisent les muscles des lutteurs et l’huile qui les enduit
10 vendredi       – l’ensemble des réels se représente en cette belle ligne infinie
11 samedi         – le cachet d’aspirine fait baisser la fièvre mais la détresse reste irrémédiable
12 dimanche     – son oreille se dresse il agite l’oriflamme de sa queue le maître est de retour
13 lundi              – surgi du tumulus il fit fuir dix tribus Hun
14 mardi            – matin clivant chagrin lancinant trains passant par instants
15 mercredi       – des jets terribles sifflent des évents des baleines le skipper se sent petit
16 jeudi              – se ruer vers le sud ne dissipe ni les nuées ni les regrets
17 vendredi        – le filin me retient entre les ridelles respirer me devient difficile
18 samedi          – ah la malle chargée de cahiers pleins de taches d’encre et d’écrits enfantins
19 dimanche      – le chœur lance un long crescendo la voûte m’enveloppe de résonances irréelles
20 lundi               – l’instit lui fit subir un flux discursif plus vacuitif qu’instructif
21 mardi             – ici finit la saga narrant Qamar az-Zamân dit Shahrzad disparaissant
22 mercredi        – il se penche il tend les fils de lisse le métier grince regimbe et tisse des merveilles
23 jeudi               – ruines d’un empire déchu pierres que le lierre enlumine reflets lugubres des fêtes perdues
24 vendredi         – les fils déshérités le greffier triste les mièvres ressentiments
25 samedi           – verse le vinaigre et brasse la salade entrebâille ta lèvre à cette fraîche acidité
26 dimanche       – une colombe à mon balcon roucoule la vie s’écoule toute douce
27 lundi               – tu t’unis tu ris tu mûris ubuntu tu vis
28 mardi             – scintillant dans l’air accablant la marina paraissait par instants s’agrandir à l’infini
29 mercredi        – j’entends Pete Seeger le vent se lève et mes lèvres répètent les déferlements espérés de mes frères rebelles
(Merci à Philippe Simon qui m’a suggéré une amélioration de ce texte en monovocalisme)
30 jeudi              – sur les digues muettes circulent des pèlerines grises que les embruns rendent indistinctes
31 vendredi        – elle verse les cendres et se penche figée le semis gris se mêle d’effervescences et dérive emmené vers des mers tièdes

février

1 samedi            – la capeline enchâssait dans le taffetas blanc le frais visage de la servante
2 dimanche        – gronde canon vole boule de feu l’aurore saigne l’enfant est froid
3 lundi                 – vint un plumitif qui, s’il fit du bruit, n’inscrivit qu’infinis chichis
4 mardi               – à sa main zigzags carmin sang trahissant l’assassin
5 mercredi          – de délices interdites se tissent des fidélités indélébiles
6 jeudi                 – celui qui titube celle qui le suit cette pluie qui pleure
7 vendredi           – de ces ténèbres il t’entend rire il rêve de te retenir il sent le vent te prendre et s’éteint
8 samedi             – j’ai traversé le ciel et j’ai tracé ma ligne dans la sphère armillaire
9 dimanche         – dans un coin du porte-monnaie je conserve pour moi seul des photos jaunies par la tristesse des souvenirs
10 lundi                – « Pluribus unum » dit un tribun. Un cri surgit : « Un fusil ! Un fusil ! »
11 mardi               – Faim fait faillir l’ami banal, main d’airain aplatit l’ami craintif.
12 mercredi          – Le cerf est dépecé, les lévriers reniflent les déchets. Venez, le festin est prêt !
13 jeudi                – lune qui glisses entre les nues tu mesures les heures cruelles
14 vendredi          – les pénitents gris inclinent vers l’est des têtes semées de cendre et le délire les prend
15 samedi           – Il tira sa rapière et s’élança, ivre de haine, vers ses enfants.
16 dimanche       – du profond des cavernes rousses monte une plainte amère et douce dont l’écho pleure sur les mousses
17 lundi                – un must : un ti’punch bu sur un plum pudding !
18 mardi              – Jadis parfait à ski : patatras ! Fart a trahi, paraît-il…
19 mercredi         – elle entre fière et sereine derrière elle se ferment les grilles elle n’emmène regret ni désir
20 jeudi                – nu humilié le supplice vrille ses pensées il n’est que muscles viscères et vertige
21 vendredi          – être sensible n’interdit ni l’énergie ni le rire
22 samedi            – de la carrière de marbre la plaie laisse perler le sang blanchâtre des Apennins éventrés
23 dimanche        – le fromager serre le linge on voit goutter le petit lait sous la voûte moite reposent des formes lourdes alignées
24 lundi                 – un muid d’un vin du cru mit fin cuits dix biffins
25 mardi               – jamais inactif s’affairant à l’ingrat travail il avait à la main d’irritants cals
26 mercredi          – c’est le dégel les perce-neiges sertissent les prés de petite perles irréelles
27 jeudi                 – sur les ruines de Kiev enfumée des meutes hurlèrent des jeunes chutèrent une sève est revenue
28 vendredi           – L’hiver est terminé. Rire de filles et temps léger.

mars

1 samedi               – ah paresse amie fidèle jamais elle ne me délaisse
2 dimanche           – roulé dans un brocart posé sur un fagot le corps devient vapeur volutes d’un amour
3 lundi                    – d’un fil tu pris un pipit : un cri furtif puis il chut. fini.
4 mardi                  – paria. sang infamant. à bannir à jamais. il parapha.
5 mercredi             – elle revit pêle-mêle temps de liesses et temps de détresses enfin elle se sentit prête
6 jeudi                    – sur tes lèvres humides le timbre est humecté de ce pli qui renferme des feuillets pleins de feu
7 vendredi              – les règlements interdisent de rire et de s’étreindre
8 samedi                – la paix faite à l’apéritif tient le temps de se mettre à table
9 dimanche            – la bulle s’arrondit se détache mon image inversée tourne avec lenteur puis d’une giclée savonneuse meurt
10 lundi                   – muni d’un trusquin il inscrivit un fil qu’il suivit du burin
11 mardi                  – il gavait à la main six canards blancs
12 mercredi            – Dentelière, dès l’éveil, tire le petit siège et le métier, vérifie le dernier fil, reprends tes petits gestes vifs et le silence.
13 jeudi                   – Un petit tumulus de sciure : c’est sûr, des vers creusent d’un vestibule le buffet Henri II. Vite ! pulvérisez ce liquide, et tuez.
14 vendredi            – il se fend de ce genre de repentir sincère et le Père s’irrite de l’entendre rire
15 samedi              – le train s’arrête en rase campagne le passager regarde et s’avise de la présence de villages riants
16 dimanche          – quelque part un piano joue du Chopin la couturière s’interrompt elle se souvient des insouciances d’enfant à Varsovie
17 lundi                   – Du lutrin, il lut un dit. Un dit cru : plus d’un fut surpris.
18 mardi                 – raidir sa main fait haïr à jamais s’avilir n’a jamais bâti la paix
19 mercredi            – pénétré d’idées extrêmes, il rejette les différences
20 jeudi                   – une libellule mire sur le fleuve ce pendentif de dentelle bleue
21 vendredi            – le pilier est de l’église penche des pierres se délitent le prêtre cesse de prêcher
22 samedi              – avançant dans le sable enlacée par le vent la chamelle blatère et va la caravane
23 dimanche          – sa parole est tarie son regard flotte vide son fauteuil est gris
24 lundi                   – buccins, luths, dizis : un tutti qui fit du bruit !
25 mardi                 – train disparaissant à grands ahans dans la taïga l’amant blafard agitant la main
26 mercredi            – derrière ces belles sentences il entend des pensées infectes
27 jeudi                   – les deux lés de tissu bien surfilés régler le juste pied de biche mettre cette fermeture zippée sur l’envers
28 vendredi             – pied léger bergère chemine herbe frémit le chien mène les brebis
29 samedi               –
l’athlète a franchi la limite
sa face baignée des larmes du calvaire s’éclaire
le ciel danse dans sa tête
30 dimanche           – il pose la nuque sur un lit de mousse fraîche écoutant dans l’ombre les frôlements de la forêt
31 lundi                    – Punir qui nuit, unir dix tribus, issir plus qu’un duc… puis finir nu ? Il rit.

avril

1 mardi                     – maman allaitant main câlinant matin chantant
2 mercredi                – entre les récifs émergés retentit le cheminement des mers en éternel délire
3 jeudi                       – il est seul le merle endeuillé qui pleure entre les feuilles du tilleul
4 vendredi                 – le criminel se repentit le préfet le fit pendre le gibet giflé de vent émit le sifflement des drisses de l’enfer
5 samedi                   – les lacs pleins d’alevins dans les replis alpins s’animent en été de larmes argentées
6 dimanche               – d’un pinceau léger l’artiste ajoute une ombre et l’ébauche prend vie
7 lundi                        – Minuit. Du night-club vint un bruit indistinct. Surgit un british qu’un gus mis d’un kilt fit fuir.
8 mardi                      – gamin s’inclinant, niña glissant sa main, jardin fragrant d’aimant jasmin
9 mercredi                 – Stridence de l’épervier, tremblement de ses victimes. Le bec se fiche, cherche, brise.
10 jeudi                      – le ciel s’énerve du cri bleu des sternes
11 vendredi                – serein entre les infirmiers il se berce de cette civière emmenée en silence il se sent prêt
12 samedi                  – dans la paix de la palmeraie se tient l’assemblée des sages va la palabre et le temps laisse germer la phrase vraie
13 dimanche              – pourquoi es-tu resté loin de moi si longtemps ? il a répondu : c’est le vent
14 lundi                       – tutu gris, Miss Childs fit un bis sur un vif pizz du luth
15 mardi                     – aria, final, art saisissant. Franck imprimant sa paix, la main paraît agrandir l’arc astral
16 mercredi                – de lignes interférentes le peintre segmente ses perspectives et révèle des réels inversés
17 jeudi                       – du cube de pierre net d’impureté le sculpteur enlève d’infimes lunules et surgit une ligne de rupture qui suspend l’univers
18 vendredi                 – ceint de vêtements sélénites le mime épingle l’éphémère et le rire devient rêve
19 samedi                   – la mise en scène est achevée. dans des salles célestes se massent les fans avides des magies de l’image
20 dimanche               – le poète est pendu. de son corps torturé la parole est éteinte mais la poésie flambe
#HashemShaabani
21 lundi                        – T-shirts, fut’s, pulls, slips, plus un multi-kit : il prit un minimum. Nul surplus qui lui nuisît.
22 mardi                       – habitant parmi lavandins, anis, ricins, il invitait d’admiratifs amis saisis par l’anarchisant mistral
23 mercredi                  – bébé cherche le sein mère sent les petites gencives trêve tiède fête sereine
24 jeudi                         – viens cueillir sur l’épine du mur le fruit juteux qui sucre tes murmures
25 vendredi                   – hier est petit devenir est immense
26 samedi                    – les amitiés d’avril sentent le frais narcisse
27 dimanche                – tout l’amour de la couturière dans la robe où tu devins flamme
28 lundi                         – ci gît un individu si fin qu’il fut lu du sud jusqu’ici, si mutin qu’il fut puni du fusil, si pur qu’il vit l’infini
29 mardi                       – instant calin mains s’alliant chair s’attardant matin passant
30 mercredi                  – dernier vers de l’éphéméride tristesse des rêves enterrés fête des semences levées

Cette page est une compilation des tweets lipogrammatiques envoyés quotidiennement du 1er mai 2013 au 30 avril 2014. Les voyelles de chaque texte doivent coïncider avec celles du jour courant. Pour le dimanche, repos dominical : simple pentavocalisme en a,e,i,o,u.
Dans son poème «Semaine amnésie», Gilles Esposito-Farèse a fait encore mieux: seules lettres autorisées = celles du jour !

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Contributions à la « twittérature » lancées sur twitter.

Les titres ci-dessous dépourvus d’un lien sont à rechercher sur l’archive de l’ancien site http://www.talipo.fr, en se reportant aux liens fournis dans l’article « Index des articles archivés »

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