Sur la liste oulipo sont lancées quotidiennement des propositions de contraintes qui reçoivent de nombreuses réponses auxquelles j’ai joint ces petits textes. J’ai commencé par les classer d’après la contrainte utilisée. A partir de 2018 j’ai renoncé à ce classement trop difficile en raison du foisonnement de nouvelles contraintes proposées, et mes contributions sont classées par année.
( Désolé pour la mise à jour retardée. Ça finira par se faire ! )
14 janvier
Sur la liste Oulipo, Pierre Lamy écrit : « La contrerime est un quatrain combinant des rimes embrassées (ABBA) avec une structure métrique croisée (8-6-8-6 par exemple).
Si on y remplace les rimes par des assonances (bulbe/raffut) et si on fait en sorte que les vers impairs contrassonent avec le suivant (bulbe/galbe), on peut composer ce quatrain sans avoir la moindre idée de son thème à partir d’un seul mot-rime. » Voici un petit essai dans lequel l’ajout minimal de syllabes assure la structure de contrerime.
Éloge de la démagogie
D'un thrène
faux
ton trône
fais.
17 janvier
Participation à une salve de « haïkûlorimes » sur le thème de l’hiver par Alexandre Carret.
Mène hiver effroi.
Je l'aime, heureux. Gelé, meurs.
Mai n'y verrai, froid.
29 janvier
Une controverse faisant rage sur la liste au sujet de la textique, à laquelle je suis incapable de participer, et au sujet de la définition du beau, j’ose une petite participation sous forme d’une citation d’un texte qui n’est pas de moi, et d’un commentaire de mon cru :
Un beau poème
Aussi,
sur le fondement
de l'article quarante neuf,
alinéa trois,
de la Constitution,
j'engage la responsabilité
de mon Gouvernement
sur l'ensemble du projet de loi
de programmation des finances publiques
pour les années deux mille vingt trois à deux mille vingt sept.
Dans ce poème déclamé le 27 septembre 2023 au Palais Bourbon, on note une maîtrise étonnante de la métrique. Les trois premiers vers ainsi que les quatre derniers en boule de neige de syllabes 2-5-8 et 6-9-12-15 encadrent deux quasi-haïkus 5-8-5 et 6-10-6, le second augmenté, ce qui confère à l'ensemble un équilibre magistral. Une dynamique puissante résulte de l'augmentation moyenne des vers allant de 2 à 15 et s'achevant sur une noble envolée. On note également que l'unique rime féminine est placée sur l'unique alexandrin, accentuant le caractère viril et moderne du poème. À noter l'usage, moderne lui aussi, du double e de « années », ainsi que l'habile partage synérèse/diérèse entre les mots « constitution » et « programmation ».
Si l'on regarde la date 27-9-23 on note que l'on peut classer 25 entre les deux nombres extrêmes tandis que le central a pour carré 81, ce qui justifie la gématrie 2581 de ce texte.
La limpidité du sens de ce beau poème est inégalable, et l'harmonie sensible à sa lecture procure un sentiment de suavité rare dans la littérature du XXIe siècle.
30 janvier
Une floraison d’abécédaires se produisant sur la liste, voici ma participation en monosyllabes :
Ah bé c'est dur
A bu ce doux et frais gin.
Ho, il jouit ! kif ! Las : moût nuit.
- Ô paix que romps sans toi.
- Un vil web X ?
- Yes, zig.
3 mars
Un ouïseaunet, forme inventée par Robert Rapilly.
Geins, Tristan, grogne :
Las, tes cigognes
loin d'Iseut
font leurs œufs.
1er avril
Terine syllabique de circonstance.
Terrine de la mer
Dans le pot
l'eau bout : a
joli son.
D'hameçon
l'oripeau
remua.
Avril à
poasson
fit la peau.
11 avril
Nouvel ouïseaunet.
D'albatros trots,
théâtraux trop,
ailes, belles
elles, cèlent.
25 avril
Pour éviter la luxure
les beautés il ne zieuta.
Se rincer l’œil ? N'en eut cure :
ses paupières il luta.
otremandi :
Au beau corps des elfes,
gourd, haï, j'ai, kid laid, mineur orphique, résisté.
Uvée waxai : yeux zen.
Sur la proposition de Louis Couturier, la liste Oulipo a exploré la notion d’abécédaire syllabique, version de l’abécédaire où les lettres de l’alphabet ne sont pas placées au début des mots successifs mais au début des syllabes successives. Voici ma contribution.
27 avril
La gidouille grammatique, proposée par Alexandre Carret, consiste en deux lignes dont l’une se déduit de l’autre par une permutation en gidouille. La contribution ci-dessous est suivie de la jolie représentation graphique trouvée par Rémi Schulzoù les deux lignes apparaissent selon qu’on la lit de gauche à droite ou de haut en bas.
Rée amour : vie !
Ô mua rêve : ire.
o
m u
a r
e v
e i
r e
6 mai
Homophonie express.
Dans son super plumard,
boit, mange, fait son lard,
sans révéler au monde
la bourse qu'il a ronde.
Moralité :
À beau lit, bibe l'eau, dîne, a nid. Tait son or.
7 mai
Séquence vocalique.
Iahvé nu
Israël qui t'a élu l'instance du final feu ?
11 mai
Robert Rapilly a proposé l’idée de « pitretitre », dans lequel « une forme poétique figure dans le titre, lequel est un calembour expliqué par les vers qui s’ensuivent ». Ici, la contrainte est la terine.
Terine habit tait
Sur cette île vierge
ne me parle pas
du manteau que porte.
Nul toit nulle porte.
Sous la vigne vierge
l'on ne me voit pas.
Ne trouble mon pas
nulle voix qui porte
et mon âme est vierge.