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Fées

C'est l'histoire
d'un plafond de verre.
L'histoire d'un prince charmant,
l'histoire de Perrette brisant son pot au lait,
de la marâtre aux jambes velues et de la jeune fille pure aux mains si douces.

Forcément :
elle n'est pas sûre,
elle n'a pas assez de punch.
Elle se recroqueville avant de se lancer.

Délicieuse...
Grâce et fantaisie...
Elle apporte tant de fraîcheur...

C'est l'histoire.
C'est pas vrai, bien sûr.

Pas chez nous.

Bigollo composé le 8 mars, journée internationale des droits des femmes.

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Anniversaire

Un ciel bleu.
Une terre jaune.
Des missiles zébrant le bleu.
Mines dans le jaune et le paysan se désole.
Marron blindés, marron fumées et gaz, marron les ruines, marron les uniformes.

Regard bleu,
peau sèche peau jaune,
cadavre dans la flaque bleue.
Sous la belle jupe jaune, douleur sans remède.

Du lin bleu
choit corolle. Jaune.
L'hiver étale sa rancœur.

Le ciel bleu
sur la terre jaune.

Bleu, pourtant. 

Ce 24 février, c'est le premier anniversaire de l'agression militaire perpétrée par la Russie de Poutine contre l'Ukraine. Guerre inhumaine toujours pas terminée. Ce bigollo pour commémorer ce triste jour et saluer la résistance du peuple ukrainien.

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va brûle ton voile

va brûle ton voile
coupe ton licou
désarme le squale
brise son six-coups

scintille l'étoile 
fleurit le coucou
déchire le poêle
relève le cou

Sélénet en l’honneur des femmes iraniennes.

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L’agression suprême

Catastrophe !
Mais j'ai résisté.
Quand les chantres bien placés sont les premiers violeurs
Que nos moralisateurs nous rendent notre dignité.


     Ça l'os
     Ruer pu
     Met-il o barde loti
     Lâvat Rome net


calosruerpumetilobardelotilavatromenet

cal o sru erpu m e tiloba rdel o ti la va tro me ne t
lac o urs upre m e abolit ledr o it al av ort em en t

lacoursuprêmeabolitledroitàlavortement


     La cour suprême abolit le droit à l'avortement. 

Anthony Etherin vient de proposer une nouvelle contrainte qu’il a baptisée « aelindivider », actuellement étudiée par la liste Oulipo. Voici la définition qu’il en donne :  » Deux poèmes utilisent les mêmes lettres, dans une suite de palindromes connectés.  » La décision de la cour suprême des États-Unis annulant la légalisation de l’avortement est l’occasion d’essayer cette contrainte en guise de protestation.
Publié sur la liste Oulipo le 25 juin 2022.

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L’opération de paix

ses sujets
nous le savons bien
sauront un jour la vérité
sauront qu'un puissant homme a fait d'eux des assassins 

ce jour-là
ils découvriront
sous des lambeaux de béton

un enfant 
dans des bras aimants

tout est mort

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Qui perd gagne

L’amour à la haine un matin
dit jouons donc à qui perd gagne
tu prends la mer moi la montagne
tu prends la sauge et moi le thym

La haine en puissants uppercuts
changea l’amour en serpillère
l’embrasa dardant sa torchère
lui inocula le scorbut

La nuit tomba sur les déserts
le froid figea ses stalactites
de la mort se dansa le rite
burle cingla champs et couverts

Démantelé foutu saigné
souriant comme un blé qui graine
comme au loin naufrageait la haine
l’amour chuchota j’ai gagné

L’attentat politique de ce jour en Tunisie a motivé des textes émouvants sur la liste Oulipo. Le présent poème, qui ne présente pas de contrainte oulipienne particulière, a tiré son inspiration de leur lecture.
Publié le 6 février 2013

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Tract : LRU et Fioraso

Un préliminaire

C’t’ LRU, tumulus du Sup, qu’un nul Ubu du cru crut l’humus d’un futur brun, fut un summum du truc cucul, but nul d’un club d’us durs. D’un CHU, d’UFR, du CNU, chut un « Zut ! » cru, mû d’un flux plus dru qu’un jus chu d’un cumulus.

Le tract

La loi LRU, loi soi-disant d’autonomisation du sup, qu’imposa N. Sarkozy à tous labos, UFR, instituts français participant à la construction, la transmission ou la valorisation du savoir, fut un trauma magistral. Jalon d’un train d’accrocs à nos lois issu d’un accord Bolognais, il connut un impact sans comparaison, tous nos savants du plus insignifiant au plus grand d’un coup contraints au joug du capital, au carcan du contrat, à la confrontation, aux mauvais coups, à l’opacification s’imposant sur nos statuts. Tandis qu’un tri signa la priorisation d’un taux minimal d’instituts qu’on favorisait à loisir, la plupart, « promus » canards boîtant, subit par sous-dotation ou par dislocation un choc frontal visant à la disparition.

Effet des décrets de V. Pécresse, l’excellence s’est présentée en référence extrême. Elle étend ses effets délétères envers recherche et ensemencement. Ses sentences perverses engendrent détresse et perte de self-respect des gens enserrés en ses rêts.

Multipliant manifs ou sit-in, tous corps confondus, chacun a fait savoir son indignation. Il faut sortir du carcan fatal qui pourrit l’important dispositif français du sup, un outil crucial pour la construction du savoir, un maillon concourant à la formation d’artisans du futur.

VOUONS AU PLUS TOT LA LOI LRU
A L’ABROGATION

Or la loi Fioraso dont on lit l’avant-propos, loin d’affadir la loi Sarko, va droit dans son aggravation. On voit dans son dispositif non l’apport d’air frais dont on a tant soif mais la prolongation d’accords Bolognais dont il assoit son inspiration.

Alors faisons savoir à N. Fioraso l’irritation croissant dans la nation. S’imposant à l’idiot diktat Bolognais, faisons saillir à jamais la raison.

Il s’agissait dans cet essai d’explorer ce que peut donner une contrainte oulipienne dans un texte aussi éloigné de la « littérature » qu’un tract. Pour son contenu, ce texte se conforme à tout ce qu’on s’attend à trouver dans un tract (contenu que par ailleurs je reprends volontiers à mon compte).
Pour la forme, il suit diverses formes de lipogramme : Lipogramme en « e » pour le début, monovocalisme en « e » pour le paragraphe sur V Pécresse, lipogramme en « e » et « u » pour les derniers paragraphes sur N Fioraso. Ainsi pour les deux ministres sont utilisées seulement les voyelles de leurs noms.
Après coup, adjonction d’un préliminaire, monovocalisme en « u ».

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le téléphone tous les jours

il faut cultiver l’impatience
dans le ciel gris de nos rues plates
où le vent s’est arrêté
le vent contrebandier de l’amitié
le vent s’est fait arrêter par imprudence
il sifflait
il faut libérer le vent
débrancher les éoliennes
débrancher le téléphone
décrocher les poupées du manège
tourner tourner comme la souris
la chauve souris qui cherche le vent de la nuit
il faut souffler tous ensemble
les verriers les sopranos les vestales
les bronchitiques les tuberculeux les amiantés
les dragons les aquilons les fujins
les phoques les vieillards les forgerons
ne pas arrêter de souffler
s’arracher les poumons
s’éclater les tympans
s’exorbiter les yeux
et si ça ratait
s’il ne repartait pas le vent
catastrophe s’il ne repartait pas
les murs aveugles des maisons resteraient visqueux dans l’ombre mauvaise
les parterres de lino glissant pueraient sans fin la lessive saint marc
les poussettes inutiles resteraient cadenassées aux cages d’escaliers
à l’hyper-drive le carbone ensevelirait la file des voitures
les bancs publics déserts se couvriraient de feuilles mortes
sur les bureaux que la mélamine aurait figés
sur les bureaux où se tapirait l’écran froid du touchpad
où pas une feuille vingt-et-un vingt-neuf-sept ne se tiendrait prête à l’envol
la sonnerie
la sonnerie dans le vide et l’incolore
toujours
tous les jours
grise et solitaire
la sonnerie d’appel masqué

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la rivière

mon enfant
tu vois la rivière
son courant t’invite au grand large
tu   redoutes   sa   fraîche   accolade   et   tu   frémis
de tes yeux
tu vois la rivière
ma voix tremble en t’encourageant
de ton corps
tu sens la rivière
t’accueillir

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Mosaïque

c’est l’homme tout en mosaïque
cligne des yeux
cligne des yeux
si tu veux le voir un peu

est-il sombre est-il clair cheveux bruns ou roux
parle-t-il fort ou doux
c’est un homme qui ne se voit pas en entier
c’est l’homme tout en mosaïque

les uns me disent qu’il inonde les couloirs des frais ruissellements d’une joie simple et belle
quelques amis le croient en voyage
la fille aux cheveux de cuivre connaît sa blessure enfouie
l’un sait qu’il prend le bus l’un connaît sa voiture

c’est l’homme tout en mosaïque
cligne des yeux

qui l’a vu les armes à la main courir sans respirer dans les rues serpentines
pour quelle affaire chez le banquier son regard dur
une malade a reçu sa visite ce matin
oh sa voix métallique pour humilier son collègue au point de non retour

est-il grand baraqué porté sur le sexe
on m’assure qu’il s’agenouille à la messe
il emprunte certains jours le sentier qui s’enfonce à flanc d’ubac et traverse un bois saturé de senteurs de mousse et de chanterelle sans réduire son allure quand une échelle mal fixée franchit une barre de rochers en surplomb au dessus des lacs où se reflète le camaïeu vert des alpages

c’est l’homme tout en mosaïque
cligne des yeux
cligne des yeux
si tu veux le voir un peu

lorsque la flamme bleue se coupe il relève sa visière et vérifie la soudure
on  dit qu’il déteste le gruyère
il possède un ami qui lui parle et rit fort
au parc la fillette orange considère un instant le monsieur qui s’est arrêté puis elle redémarre sa trottinette
il garde son portable sur vibreur

c’est l’homme qui attrape l’avion sans bagage
c’est le timide en arrêt devant une porte entr’ouverte
c’est l’ombre qui s’efface au bord du trottoir

cligne des yeux
si tu veux le voir un peu

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