ses sujets nous le savons bien sauront un jour la vérité sauront qu'un puissant homme a fait d'eux des assassins ce jour-là ils découvriront sous des lambeaux de béton un enfant dans des bras aimants tout est mort
L’opération de paix

L’amour à la haine un matin dit jouons donc à qui perd gagne tu prends la mer moi la montagne tu prends la sauge et moi le thym La haine en puissants uppercuts changea l’amour en serpillère l’embrasa dardant sa torchère lui inocula le scorbut La nuit tomba sur les déserts le froid figea ses stalactites de la mort se dansa le rite burle cingla champs et couverts Démantelé foutu saigné souriant comme un blé qui graine comme au loin naufrageait la haine l’amour chuchota j’ai gagné
L’attentat politique de ce jour en Tunisie a motivé des textes émouvants sur la liste Oulipo. Le présent poème, qui ne présente pas de contrainte oulipienne particulière, a tiré son inspiration de leur lecture.
Publié le 6 février 2013
Un préliminaire C’t’ LRU, tumulus du Sup, qu’un nul Ubu du cru crut l’humus d’un futur brun, fut un summum du truc cucul, but nul d’un club d’us durs. D’un CHU, d’UFR, du CNU, chut un « Zut ! » cru, mû d’un flux plus dru qu’un jus chu d’un cumulus. Le tract La loi LRU, loi soi-disant d’autonomisation du sup, qu’imposa N. Sarkozy à tous labos, UFR, instituts français participant à la construction, la transmission ou la valorisation du savoir, fut un trauma magistral. Jalon d’un train d’accrocs à nos lois issu d’un accord Bolognais, il connut un impact sans comparaison, tous nos savants du plus insignifiant au plus grand d’un coup contraints au joug du capital, au carcan du contrat, à la confrontation, aux mauvais coups, à l’opacification s’imposant sur nos statuts. Tandis qu’un tri signa la priorisation d’un taux minimal d’instituts qu’on favorisait à loisir, la plupart, « promus » canards boîtant, subit par sous-dotation ou par dislocation un choc frontal visant à la disparition. Effet des décrets de V. Pécresse, l’excellence s’est présentée en référence extrême. Elle étend ses effets délétères envers recherche et ensemencement. Ses sentences perverses engendrent détresse et perte de self-respect des gens enserrés en ses rêts. Multipliant manifs ou sit-in, tous corps confondus, chacun a fait savoir son indignation. Il faut sortir du carcan fatal qui pourrit l’important dispositif français du sup, un outil crucial pour la construction du savoir, un maillon concourant à la formation d’artisans du futur. VOUONS AU PLUS TOT LA LOI LRU A L’ABROGATION Or la loi Fioraso dont on lit l’avant-propos, loin d’affadir la loi Sarko, va droit dans son aggravation. On voit dans son dispositif non l’apport d’air frais dont on a tant soif mais la prolongation d’accords Bolognais dont il assoit son inspiration. Alors faisons savoir à N. Fioraso l’irritation croissant dans la nation. S’imposant à l’idiot diktat Bolognais, faisons saillir à jamais la raison.
Il s’agissait dans cet essai d’explorer ce que peut donner une contrainte oulipienne dans un texte aussi éloigné de la « littérature » qu’un tract. Pour son contenu, ce texte se conforme à tout ce qu’on s’attend à trouver dans un tract (contenu que par ailleurs je reprends volontiers à mon compte).
Pour la forme, il suit diverses formes de lipogramme : Lipogramme en « e » pour le début, monovocalisme en « e » pour le paragraphe sur V Pécresse, lipogramme en « e » et « u » pour les derniers paragraphes sur N Fioraso. Ainsi pour les deux ministres sont utilisées seulement les voyelles de leurs noms.
Après coup, adjonction d’un préliminaire, monovocalisme en « u ».
il faut cultiver l’impatience dans le ciel gris de nos rues plates où le vent s’est arrêté le vent contrebandier de l’amitié le vent s’est fait arrêter par imprudence il sifflait il faut libérer le vent débrancher les éoliennes débrancher le téléphone décrocher les poupées du manège tourner tourner comme la souris la chauve souris qui cherche le vent de la nuit il faut souffler tous ensemble les verriers les sopranos les vestales les bronchitiques les tuberculeux les amiantés les dragons les aquilons les fujins les phoques les vieillards les forgerons ne pas arrêter de souffler s’arracher les poumons s’éclater les tympans s’exorbiter les yeux et si ça ratait s’il ne repartait pas le vent catastrophe s’il ne repartait pas les murs aveugles des maisons resteraient visqueux dans l’ombre mauvaise les parterres de lino glissant pueraient sans fin la lessive saint marc les poussettes inutiles resteraient cadenassées aux cages d’escaliers à l’hyper-drive le carbone ensevelirait la file des voitures les bancs publics déserts se couvriraient de feuilles mortes sur les bureaux que la mélamine aurait figés sur les bureaux où se tapirait l’écran froid du touchpad où pas une feuille vingt-et-un vingt-neuf-sept ne se tiendrait prête à l’envol la sonnerie la sonnerie dans le vide et l’incolore toujours tous les jours grise et solitaire la sonnerie d’appel masqué
c’est l’homme tout en mosaïque cligne des yeux cligne des yeux si tu veux le voir un peu est-il sombre est-il clair cheveux bruns ou roux parle-t-il fort ou doux c’est un homme qui ne se voit pas en entier c’est l’homme tout en mosaïque les uns me disent qu’il inonde les couloirs des frais ruissellements d’une joie simple et belle quelques amis le croient en voyage la fille aux cheveux de cuivre connaît sa blessure enfouie l’un sait qu’il prend le bus l’un connaît sa voiture c’est l’homme tout en mosaïque cligne des yeux qui l’a vu les armes à la main courir sans respirer dans les rues serpentines pour quelle affaire chez le banquier son regard dur une malade a reçu sa visite ce matin oh sa voix métallique pour humilier son collègue au point de non retour est-il grand baraqué porté sur le sexe on m’assure qu’il s’agenouille à la messe il emprunte certains jours le sentier qui s’enfonce à flanc d’ubac et traverse un bois saturé de senteurs de mousse et de chanterelle sans réduire son allure quand une échelle mal fixée franchit une barre de rochers en surplomb au dessus des lacs où se reflète le camaïeu vert des alpages c’est l’homme tout en mosaïque cligne des yeux cligne des yeux si tu veux le voir un peu lorsque la flamme bleue se coupe il relève sa visière et vérifie la soudure on dit qu’il déteste le gruyère il possède un ami qui lui parle et rit fort au parc la fillette orange considère un instant le monsieur qui s’est arrêté puis elle redémarre sa trottinette il garde son portable sur vibreur c’est l’homme qui attrape l’avion sans bagage c’est le timide en arrêt devant une porte entr’ouverte c’est l’ombre qui s’efface au bord du trottoir cligne des yeux si tu veux le voir un peu
« C’est où l’Iran ? » Lou, se cirant cil, se tourna : « Où, n’est clair; Oncle, iras-tu ? — Un sort à ciel: Car tu n’es loi. » Lou, craintes: « Croit à lunes ! » Laïc, torse nu: « L’arc tue soin, Soin tue l’arc. »
Dialogue en ulcérations. Posté sur la liste Oulipo le 27 novembre 2012.
Celui qui versait du fiel Celui qui ne parlait pas Tous deux sentaient l’immortelle Prisonnière des diktats Lequel fit oeuvre éternelle Lequel ne restera pas Celui qui versait du fiel Celui qui ne parlait pas Qu’importe comment s’emmêle Cette rumeur sur leur pas Que l’un soudain s’ennobelle Que l’autre y voie Carabas Celui qui versait du fiel Celui qui ne parlait pas Tous deux se voyaient modèles Des lèvres du coeur des bras Tous deux roman ou libelle Lançaient qui vivra verra Celui qui versait du fiel Celui qui ne parlait pas Quand les blés sont sous la grêle L’un cisèle délicat L’autre attise ses querelles Coeurs sourds au lointain combat Celui qui versait du fiel Celui qui ne parlait pas Sentant la froideur mortelle Une victime appela L’un tonne et cherche querelle L’autre défend son aura Celui qui versait du fiel Celui qui ne parlait pas Ils sont écoutés Lequel A les plus bruyants vivats Lequel plus que l’autre excelle Lequel fédère médias Celui qui versait du fiel Celui qui ne parlait pas Un rebelle est un rebelle Deux tombeaux font un seul glas Au crépuscule cruel La balance pèsera Celui qui versait du fiel Celui qui ne parlait pas Egrenant les noms de celles Qu’aucun des deux ne trouva Et la nuit sur eux ruisselle Même couleur même éclat Celui qui versait du fiel Celui qui ne parlait pas La lune tourne fidèle À la terre qui s’en va Chaque saison renouvelle L’appel que l’on n’entend pas Celui qui versait du fiel Celui qui ne parlait pas L’un court et l’autre a des ailes De directoire en compta Cannabis noire morelle Quel grillon rechantera Disant flûte ou violoncelle L’amour que l’on refusa Busard faucon crécerelle La dose et le beretta
Semi homosyntaxisme composé sur « La rose et le réséda » d’Aragon. Posté sur la liste Oulipo le 13 octobre 2012.
allons enfants longtemps bercés le lange entravant bras et jambes va-t-il enfin vous libérer entendez-vous le vent frais qui vous invite à le suivre au delà des blés courus de vagues argentées pour jouer avec lui dans les futaies profondes allons enfants de la patrie le jour du grand large est levé allons enfants à quatre pattes la barrière au boulier pimpant du parc s’ouvrira-t-elle en grand devinez-vous derrière les ombres qui vous rassurent ce soleil ce désir ce basculement du haut et du bas cet énervement de rires et coups de poings cette faim déçue ce trésor débordant de perles irisées allons enfants de la patrie le jour de fièvre est arrivé allons enfants inconsolables la tétine aux lèvres boudeuses va-t-elle ôter son clapet gris ressentez-vous l’autre présence qui vous fait la courte échelle dans l’obscurité curieuse où votre maraude s’enfonce allons enfants de la patrie le jour de vertige est levé allons enfants bien élevés votre masque tombera-t-il il empêche de respirer sentez-vous dans vos bras qui l’étreignent le poids la chaleur le tressaillement de ce corps au votre enlacé allons enfants de la patrie le jour de l’homme est arrivé
elle est assise au bord d’un terrain vague sans un mot drapée dans un linge grisâtre elle attend immobile des voix d’hommes récitent les écrits sacrés se répondent en accéléré les yeux sont durs mentons levés Minotaure est par ici sentez-vous le sol vibrer sous sa danse titubante entendez-vous contre les murs de pierre le choc de ses cornes trop grandes respirez-vous son odeur de bête Minotaure aujourd’hui veut la femme elle ne bouge pas sous les insultes elle ne s’enfuit pas aucun souffle de vent n’agite la bure sur sa tête de sages chefs jugent et condamnent en chantant tous les visages sont souriants que s’avance l’homme vêtu de blanc Minotaure est ivre le sang déborde de sa chope qu’il balance un vertige envahit l’esplanade qui se soulève et tangue des vapeurs fétides brouillent la lumière Minotaure aujourd’hui veut la femme beau servant d’office joli froc droit sur ses ergots de coq spadassin blanc porteur d’estoc elle ne sursaute pas au cliquetis du cran elle se tient redressée devant la kalashnikov elle est tombée
Note : ce poème m’a valu le beau commentaire en homophonie de Gilles Esposito-Farèse :
Probant talipot Une violence à cris ficelés de barbarie veut qu’atrocement cesse à Qimchok une vie, ô lent sacrifice ! Les deux barbes arrivent : quatre ossements… C’est ça qui me choque. J'avais répondu : Où lit poète, ois: « Qu’ont damné là beaux minables ? » Oulipo et toi condamnez l’abominable