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Le prix de la vie

Théorème de l’invisible

Approchant modique bougie      veille jeune fille,
Nue, quand père craint défend maths.      Bravant jeûne et gel,
Tant sa foi juche algèbre en dieu      qu’ombre fuit en vrille,
Ose enfreindre brusque éviction,      joug mis sans appel.
Indécent jeu, bluff au gotha,      phot qu’ombre renverse.
Nom qu’il faut avoir pris d’un gars,      jabot cachant cou.
Empire technique affolé      d’abject corps adverse :
Amphi clos prof hagard jurant      vouloir bru qui coud.

Un vif ajout au lemme abscons      que signa Diophante
Grand but devint, presque infernal.      Chaude conjecture !
Un bien long chemin jusqu’enfin      prouver loi démente.
Savants de grand nom font tomber      chaque jalon. Pente
Toujours qui grimpe obstacles fous      droit vers thèse pure.

Enfiévré tel jars chassant coq      son esprit gambade,
Livre abrupts chocs au mur magique,      au majeur défi,
Et franchit divin jump global      plus haut qu’onc nul fit.
Beau théorème évoquant jongle,      espoir pour décades.
Long cours franchit obscur maquis,      d’ajours non pourvu,
Avant qu’enfin chauds bravi louent      son génial projet.
Naïf éloge acquis hors bord      par vassal sujet.
Coma brusqua fin d’un grand vol.      Haut prix jamais vu.

Le chrysonnet a été défini par Gilles Esposito-Farèse comme un poème formé de 13(5+8) vers de 13 (5+8) pieds; en effet chryso = or et 5,8,13 se succèdent dans une suite célèbre chère à mon esprit vagabond.
Le texte ci-dessous est un Chrysonnet allongé, formé de 21 (13+8) vers, afin de pouvoir placer en acrostiche un nom bien visible. Moins visible est le vrai nom de la personne qui emprunta ce nom pour avoir le droit de mener une recherche majeure en mathématiques. Belle absente, elle figure néanmoins dans ce poème. Comme le vrai nom n’avait que 13 lettres et non 21, j’ai dû le compléter par deux mots respectivement de 3 et 5 lettres: on trouve ainsi 3,5,8,13,21.
Ce poème a un jumeau « Rhèmes de l’invisible » publié simultanément dans le recueil « Oripeaux ».
Posté sur la liste Oulipo le 25 novembre 2012.

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naissance

     Germe la vie
     Amour est là
     Bain de nuée
     Roue élancée
     Ici commence
     Égrène temps
     Le bel envol

Pour une naissance annoncée le 12 octobre 2015.
Publié le 14 octobre 2015

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Le 5 mars 1953

Sur ton piano
écoute. L'âme
russe s'exclame.
- Gronde rhino

« Eh, le jeunot,
pense à ce blâme :
rouge, une lame
occit sono. »

Karma clôt doute.
Ô folle écoute,
fauvette rit !

Ivre musique
ébauche un cri
vif et magique.

Le 5 mars 1953, meurent simultanément le grand compositeur Serge Prokofiev et Staline. Le premier figure en acrostiche de ce sonnet ; le second fait l’objet d’un « laid présent » ( parent pauvre du beau présent des Oulipiens ) : chaque lettre de son nom inversé est absente à tour de rôle d’un vers.

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pour Michel

tu t'en vas
tranquille sans bruit
tu as terminé ta récolte
ton visage est paisible ton sourire léger
sous le ciel silencieux coule une lumière d'automne et je te regarde encore

me reviennent
tous ces souvenirs
que deux frères ont en commun
ces trésors sur lesquels la poussière n'a pas prise
et moi aussi je souris retenant encore un instant cette main familière

les désordres
et les chevauchées 
ont coulé dessus nos épaules
nous tenions chacun notre poste et gardions nos caps

sans nous voir
nous cueillions au ciel
de gémelles étoiles vives
quelques mots partagés restaient gravés en nos cœurs

sur le lit
où tu te reposes
volettent les pages du livre

que des doigts
parcourent légers
déchiffrant un mystère doux

puis déjà
tu tournes les yeux

sans un mot
vers l'horizon vague

qui s'effrange
 

Pour Michel.

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signal a rôdé

à Aslı Erdoğan

Vers sauvages.
Œuvre où grave rage.
O Sœur à verve ravageuse !
Au rivage s’agrège vase où ruse s’égare :
Ose voguer, rouge gourse, sur vague susurreuse où vue ouvre vers aurore.

Aga voue
Œuvre où grave rage
A ses rouages égorgeurs.
Réseau gore agresse gueuse, rosse, serre gorge.

Sous servage,
Œuvre où grave rage
Verse sève à grosses gorgées.

Sage orage,
Son lied noir de rage

Sauve rêve.

Ce poème accueilli par Hélène Verdier sur son beau site Simultanées dans le cadre de La Ronde de septembre 2016 dont le thème est « ouvrage(s) », est dédié à Aslı Erdoğan,  femme de lettres emprisonnée dans les geôles turques. Ce texte suit la contrainte du beau présent selon laquelle il est écrit
avec les seules lettres eu mot « ouvrages ». La forme utilisée est le bigollo  : dans chaque strophe les vers ont pour longueur les nombres successifs de la suite de Fibonacci 3-5-8-13-21… et les strophes sont de longueur décroissante; par ailleurs les vers de longueur 5 sont identiques, formant une sorte de refrain. En hommage à la dédicataire, un double clinamen (dérogation aux contrainte) est ménagé dans l’avant dernier vers : il ne respecte pas la règle du refrain, et ses lettres sont en beau présent sur le nom « Aslı Erdoğan ».

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l’attendrissement

celui qui a
lu qui a ri
ravi de ma
prose aurait-ti
fui ne sais où

je me tords le cou
ne restons pas là
je m’en vais chez toi
à portée de tir
toi mon grand ami

tu m’as tendu la main
tu m’as offert un coup
sans aucun autre rite
l’amitié vint sans mal
ton chat fit le trio

ô douleur est-ce une ortie
brusquant ma douce manie
est-ce un dard est-ce une lame
c’est te voir vider ta coupe
t’étendre et sans fin te taire

aujourd’hui ton chemin m’attire
sur lequel s’ouvre la sortie
irai-je seul irai-je en couple
au royaume exempt de demain
trouver l’or caché sous l’émail

Le 25 janvier 2017 est mort Harry Mathews, un des membres de l’Oulipo. HM avait écrit une sextine à anagrammes croissantes intitulée « L’agrandissement » qu’on pourra trouver par exemple dans l’Anthologie de l’Oulipo de Marcel Bénabou et Paul Fournel. Pour un modeste hommage j’ai pensé à une quenine à anagrammes croissantes.
Posté sur la liste Oulipo le 28 janvier 2017.

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Le prix de la vie

Réflexion par l’exemple sur le sens et la grandeur de la vie telle que la mènent au quotidien des personnes que j’aime ou dont le destin m’a frappé.

Les titres ci-dessous dépourvus d’un lien sont à rechercher sur l’archive de l’ancien site http://www.talipo.fr, en se reportant aux liens fournis dans l’article « Index des articles archivés »

le départ d’un ami

l’entrée en scène

deux femmes

chirurgie

le dernier jour

maurice à l’aube

princesse offerte au dieu marin

saamiya

au cantou

théorème de l’invisible

André Gorz

pauvre absente à Dora

bishnoï

né damné ? allons !

l’infirmière

les perles de ton collier

danse

vel d’hiv

Alleg, Mandela

Pleine vie

Que le présent soit beau

A Cavanna va ma stanza !

le poète doit mourir

Grothendieck

Charlie Hebdo : le suis-je assez ?

La ronde de mai

naissance

Trace libre

Perec = 80

être Cervantes ou ne pas être

peaks as here

Mort aux cons

Pour Nettie Stevens

signal a rôdé

O ghat jadis gris

L’astéroïde 184878

Le pêcheur à la ligne

l’attendrissement

l’été

Le bel annihilé

À contre-cœur

si vous parlez le mandarin

Paulette Nardal

pour Michel

Le 5 mars 1953