tu déployas licous de tourelle en tourelle
bourdalous de loggia en loggia
sautoirs en or de comète en comète
et tu gigues
L’ « accumulation agréable » était une proposition d’Eric Angelini sur la liste Oulipo: il s’agissait d’écrire des textes en utilisant uniquement des mots équilibrés en nombre de consonnes et de voyelles. (Posté sur la liste Oulipo le 30 mars 2012).
La pédale est dans la voiture la commande essentielle, et un grand coureur se reconnaît à son enfoncement de la pédale.
Le chou est dans la potée le légume essentiel, et un grand cuisinier se reconnaît à son braisage du chou.
L’enfant est dans la famille le membre essentiel, et un grand père se reconnaît à son exaltation de l’enfant.
L’x est dans l’équation l’inconnue essentielle, et un grand algébriste se reconnaît à son calcul de l’x.
La fantaisie est dans la vie l’ingrédient essentiel, et un grand sage se reconnaît à son art de la fantaisie.
Le sexe est dans la littérature le sujet essentiel, et un grand romancier se reconnaît à son obsession du sexe.
Le sexe est dans l’ange le mystère essentiel, et un grand exégète se reconnaît à sa détermination du sexe.
La fantaisie est dans le répertoire le morceau essentiel, et un grand pianiste se reconnaît à son exécution de la fantaisie.
L’x est dans le défilé l’uniforme essentiel, et un grand quatorze-juillet se reconnaît à son canular de l’x.
L’enfant est dans notre société le parasite essentiel, et un grand réformateur se reconnaît à son éradication de l’enfant.
Le chou est dans le pluriel l’exception essentielle, et un grand grammairien se reconnaît à sa singularisation du chou.
La pédale est dans la négociation la douceur essentielle, et un grand diplomate se reconnaît à son édulcoration de la pédale.
Le 21 mars 2012 Pascal Kaeser, dit « Le Suisse », a cité plaisamment sur la liste Oulipo cette phrase due, comme il l’écrivait, à « Bébert » Thibaudet : « Le verbe est dans la phrase le mot essentiel, et un grand styliste se reconnaît à son emploi du verbe. » J’y répondis par cette petite mumuse aller-retour en remerciement à l’inventivité scélérate du Suisse.
s’envaser en un univers incarcéré a un caractère insensé : un transport sans rien voir, enserré comme un acarien venimeux, amène en ce morne chez soi où se saisira autrement songe ou vécu naturel : même air, même saison, mais aucun souvenir où confier son âme. aucune vision ne ravive une histoire connue. sournoise maison où s’assassine un penchant sans cesse inexcusé, maison noire aux amours sevrés.
L’opération « Dis moi dix mots » 2012 consistait à écrire un texte contenant les mots suivants: âme,autrement,caractère,chez,confier,histoire,naturel,penchant,songe,transports Le site Zazipo a proposé d’y participer en choisissant librement un texte dans le site : J’ai choisi « Le Retour de Babel » de Georges Perec. Ce texte, avec son passage de limite imaginaire, m’a fait penser à un prisonnier: Cette contrainte consiste à s’interdire toutes les lettres à jambes ou hampes ainsi que tous les accents. Mais il n’est pas possible dans le cadre des « 10 mots » de réaliser un prisonnier sans un nonuple clinamen (exception à une règle oulipienne), car seul le mot « âme » respecte cette contrainte. Ce texte mis sur la liste Oulipo le 16 mars 2012 a ensuite été mis sur son site par Zazipo.
femme en herbe qu’en jonglant la mort vint surprendre
chant du père affligé jusqu’aux cîmes vibrant
de ton beau nom j’ai vu l’affichage à ces plaques
forgées pour qu’au marcheur beau trajet se dévoile
comme aux variations
nuit la rationalisation
sourit aux rations
la variationalisation
j’avais ma garnison qui bills d’alpins chiffrait
un grand cuistot vif mijotait bisques et perches
quel grand chef déjeuna de veau bardé et pommes
coq au vin frai d’un lump bar au jus ou hot dog
comme aux variations
nuit la rationalisation
sourit aux rations
la variationalisation
sous l’uniforme vert chaque bleu plein de joie
troufions adjoints pachas bravi galants quidams
jusqu’au préfet changeait, voie de la belle absente
comme aux variations
nuit la rationalisation
sourit aux rations
la variationalisation
chef jamais las d’inventer par quel beau génie
chaque bref jour multiples régals d’amour ivre
au corps qu’héberge veuf l’amour au temps jauni
comme aux variations
nuit la rationalisation
sourit aux rations
la variationalisation
Mis le 4 mars 2012 sur la liste Oulipo, en réponse à un défi lancé par Latelio:
« la pregunta secreta:
¿ d’où nous vient le mot
* variationalisation *
(all styles allowed) ?
les 29 meilleures définitions feront exemple
les autres peut-être aussi
tout le monde peut participer
y c. acad. »
Voici l’explication qui accompagnait mon texte: « je me suis lancé dans une réflexion du type « A est à B ce que C est à D ». L’idée de ration et de rationalisation qui en a découlé, en lien avec la variation, m’a rappelé les nourritures diverses et succulentes auxquelles j’ai goûté dans la caserne sise rue Cornélie Gémond. Le sort émouvant de cette dernière, honorée pour n’avoir point vécu, m’a paru faire un intéressant contrepoint. Ceci m’a orienté vers une belle absente.
Des notes d’un fonctionnaire en guise de procès verbal:
Il détonna, je dénotai Il lapa fort c’t’ eau, je l’apostrophai Il te lança , je le tançai « Il ne faudra », je fredonnai Il baisa Elvire, je verbalisai Il lâcha crocs, je l’accrochai Il me tonna, je menottai Il chevala, je l’achevai
Posté sur Oulipo le 13 février 2012 à l’occasion d’une discussion humoristique sur la confusion entre dénoter et détoner
Faim de Perry-Salkow : chant, bijoux qui voguez. « Flambe, joyeux kahwa ! » quand avez écrit pages. Jeux, qu’en rock dévoyiez, bègue fatwa, l’emphase, Vil wazari qu’au champ faux judokas bégayent.
Pangramme hétéroconsonnantique (sauf le R de Perry): Chaque vers comporte toutes les lettres de l’alphabet. Posté le 12 février 2012 sur la liste Oulipo en modeste hommage après l’envoi par l’intéressé d’un poème en pangrammes salué pour sa beauté.
Les doubles bêtes sont des mots croisés 6×6 sans case noire. Chaque définition est constituée de 6 vers de 6 pieds sur un principe proche du bel absent: le 1er vers ne comporte pas la 1ère lettre du mot à définir, etc. (la contrainte complète donnerait trop d’indications sur le mot cherché) Donc, horizontalement comme verticalement il y a six poèmes de 6×6 Ces deux 6-6-6 justifient le nom de « la double bête »
Les « avions » introduits par l’Oulipienne Michelle Grangaud sont composés en utilisant des abréviations, c’est à dire en enlevant des lettres à un mot. Par exemple « avion » est une abréviation d’« abréviation ». Robert Rapilly vient de proposer sur la liste les « zeppelins » qui sont l’opération inverse d’ajouter des lettres à un mot. La contrainte dure telle qu’énoncée par RR impose de plus que chaque mot du texte obtenu commence et finisse par une lettre du texte source. Je propose une version douce s’affranchissant de cette contrainte supplémentaire.
Premier essai :
Ayant reçu le message suivant envoyé sur twitter par @HugoLeMaltais
« Être poète, ne suffit pas. »
J'ai répondu en zeppelinant ( contrainte douce ):
« Entre prophètes, haine soufflerait paradis. »
Ainsi s'explique la virgule étrange dans la phrase initiale : il y avait un sens caché !
En suivant la contrainte dure, on pouvait mettre :
« Entre, prophète. Nuisance soufflerait paradis. »
Deuxième essai ( contrainte douce )
Au poète, un bavard oiseau
Causait fort, lui cassant la tête.
Le malheureux, snobant la fête,
Dut s'enfuir au delà des eaux.
À Maran, ara palabra : " Nada !" Là, cala d'anar bal : à Paraná rama.
( à partir du célèbre palindrome « A man, a plan, a canal : Panama » dû à Leigh Mercer )
On part d’une grille de mots croisés 6×6 sans case noire. Chaque définition est constituée de 6 vers de 6 pieds sur un principe proche de la belle absente : le n-ème vers ne contient pas la n-ème lettre du mot. Contrainte sémantique: chaque sizain doit vraiment donner une définition du mot. Donc dans chaque sens il y a six poèmes de 6×6. Ces deux 6x6x6 justifient le nom de la double bête. Cette formule est utilisée ici pour la troisième fois ; on peut retrouver les doubles bêtes 1 et 2. Posté sur la liste Oulipo le 31 janvier 2016.
Horizontalement:
A
Que l’homme au sombre cœur,
Tissant de nuit sa toile,
Ourdît un piège noir
En un secret couloir
Pour, revêtu d’un voile,
Se rendre enfin vainqueur.
B
De ce speech indigeste
Qui laissait assourdi,
Rayant adroitement
Redite, bégaiement,
Parenthèse funeste,
L’essentiel nous rendit.
C
Toison qu’on voit surgir
A l’ombre de l’aisselle,
Adorable donzelle,
Venez éradiquer
Pour n’ici point rougir
D’un physique moqué.
D
D’un flot de points raflés
Ils ont, au long du match,
Plus que leur adversaire,
Bâti l’octroi du scratch.
L’étau qui se desserre
Les libère, envolés.
E
Ce n’est en rien un don,
Cette gemme au vert pâle
Qu’aujourd’hui sur ton col
J’allie à ce beau hâle,
Pour un soir lourd d’alcool
Où luira corindon.
F
Un souffle enfin pénètre,
Offrant un parfum frais
De pistils envoûtants
Aux maisons du marais.
Avis aux habitants :
Ouvrez chaque fenêtre.
Verticalement:
1
La flamberge d’acier,
Qu’ensanglantait la flamme,
Il attrapa soudain.
Où se glisse l’ondin
S’abattant, belle lame
Mugit, tel supplicié.
2
Enfin c’est le fanal
Dont nous voyons surgi
L’amer, et qui nous guide
Sous l’horizon rougi,
Quand la vague languide
Sans fin bruit au canal.
3
Je suis devenu bête
A perdre mon latin.
Où se trouve ma tête ?
Ma mémoire est volage.
Si tu as du plantain
Donne-m’en le potage.
4
Au creux de sa coquille
Elle attend dans le temps
Sans rire et sans courir.
Un courant froid montant
La frôle de sa vrille
Jusqu’au jour où mourir.
5
Elle qu’on vint chercher
En sa pauvre cachette
Au son du tambourin,
Je la veux, je l’achète !
Fit l’infant qui louchait,
Haussant son cou taurin.
6
De leur disque lunaire,
Sous un plein-cintre noir,
La face en se gonflant
Prend le bronze du flan
Pour offrir au manoir
Un prodige ordinaire.
On part d’un mot croisé 6×6 sans case noire Chaque définition est constituée de 6 vers de 6 pieds sur un principe proche du bel absent : le n-ème vers ne contient pas la n-ème lettre du mot. Contrainte sémantique: ils doivent vraiment donner une définition du mot Donc dans chaque sens il y a six poèmes de 6×6 Ces deux 6x6x6 justifient le nom de la double bête (Posté sur la liste Oulipo le 11 mai 2012).
Horizontalement:
A
honteux à sa machine
au tic tac soudain tu
repéra la coquille
l’omission de cédille
froissa l’acte contus
récrivit ses lettrines
B
passion montant d’un cran
face au brelan de reines
eût-elle en ce soir gris
chargé de mistigris
dû présenter sereine
son carré de rois francs
C
le parfait assassin
tous veulent au procès
l’assigner sans délai
car à la cour il plaît
de stopper les excès
d’un odieux spadassin
D
astre à l’ardeur fusée
en tumulte joyeux
d’outremer et garance
je plaquai la brillance
de mes pigments soyeux
sur la pure rosée
E
à deux mains malhabiles
au froid d’un soir mauvais
où tremblais sous le porche
blême en reflet des torches
tes pouces gourds clavés
à la ration civile
F
tu surgis du couloir
au train de l’infirmière
et du fauteuil roulant
tu t’accoudes voulant
reprendre mine fière
tu souris au parloir
Verticalement:
1
il avait bien en tête
trois quatrains d’un ami
il monta sur l’estrade
précédant la parade
par des vers insoumis
et tout s’emplit de fête
2
jours aux jours s’ajoutant
quand s’égrène l’ennui
temps morts où l’on marmonne
allongés monotones
du matin à la nuit
dorment comme un étang
3
parfums de caramel
bouts de pommes qui dorent
amour de demoiselles
saupoudrant de cannelle
et la pâte s’accore
aux morceaux d’or charnel
4
monstre rogue et sévère
commande numérique
j’y fixai mon outil
un axe débruti
de forme cylindrique
se creusa en tuyère
5
son fleurage doré
pour unique richesse
offrait aux temps passés
son pivot enfoncé
que le serf en détresse
à grand faim dévorait
6
tout près de l’extinction
sur la braise encor chaude
darde le bouffadou
sous un long souffle doux
la flamme rampe et rôde
soudain court la passion