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Oublier Jinping

Jinping n’est pas un héros de roman.
Pour imaginer son travail, dresser la liste des opérations transformant ces cochons de bandits en simples serfs prêts à tisser ? Asphyxier leurs nerfs dans un foyer à dresser, retirer ces cochons du foyer et les fermer dans des caveaux où ils sèchent pendant des mois, au cours desquels il faut les harceler régulièrement pour accélérer l’éradication de l’âme, tirer ensuite des cris d'effroi des cochons en les menant à des bassines d’eau très chaude dans lesquelles on plonge leurs mains pour tirer des patients un effroi de qualité supérieure, lier plusieurs de ces patients ensemble pour obtenir une file, aligner ces files pour en faire des commandos, répartir les files sur les métiers à tisser.
Un travail extrêmement pénible, que de les déplacer des campagnes aux usines disciplinaires. Avec la puanteur de ces canuts en exploitation, l’eau brûlante, la bourre de soie dans l’air des ateliers dont les fenêtres étaient fermées pour protéger la coûteuse soie. Un métier d'élite. 

Ce texte est ma troisième contribution pour 2023 à l’hommage « L’Oulipien.ne de l’année » organisé par le site Zazie mode d’emploi, qui honore cette année Michèle Audin dont un texte tiré de son ouvrage « Oublier Clémence » est selon la tradition soumis à tous les traitements oulipiens ou autres. On procède ici à une retranscription quasi isomorphique du texte source, seuls quelques mots étant changés.
Publié sur la liste Oulipo le 25 février 2023.

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Clémence express

Pour imaginer,
ils sèchent pendant trois mois :
décomposition.

Ce haïku est ma première contribution pour 2023 à l’hommage « L’Oulipien.ne de l’année » organisé par le site Zazie mode d’emploi, qui honore cette année Michèle Audin dont un texte tiré de son ouvrage « Oublier Clémence » est selon la tradition soumis à tous les traitements oulipiens ou autres. Pour ce premier texte j’ai choisi un haïku express fondu : ses trois vers sont trois fragments extraits dans cet ordre du texte source.
Publié sur la liste Oulipo le 15 février 2023.

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Crobonacci

sable
rocs
un homme
que comprime
une gangue froide
le balbutiement d'un dessein
à tire d'aile envolé vers le vide inconnu

Deuxième participation à l’hommage organisé par le site Zazie mode d’emploi à l’Oulipien de l’année, qui pour 2022 est Étienne Lécroart. La longueur de chaque vers ( 1 1 2 3 5 8 13 ) renvoie au dessin correspondant. Cette liste est le début de la suite de Fibonacci de départ 1-1.

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Babèle moi dix mots qui racontent la prison

s’envaser en un univers incarcéré a un caractère insensé : un transport sans rien voir, enserré comme un acarien venimeux, amène en ce morne chez soi où se saisira autrement songe ou vécu naturel : même air, même saison, mais aucun souvenir où confier son âme. aucune vision ne ravive une histoire connue. sournoise maison où s’assassine un penchant sans cesse inexcusé, maison noire aux amours sevrés.

L’opération « Dis moi dix mots » 2012 consistait à écrire un texte contenant les mots suivants:
âme,autrement,caractère,chez,confier,histoire,naturel,penchant,songe,transports
Le site Zazipo a proposé d’y participer en choisissant librement un texte dans le site : J’ai choisi « Le Retour de Babel » de Georges Perec. Ce texte, avec son passage de limite imaginaire, m’a fait penser à un prisonnier: Cette contrainte consiste à s’interdire toutes les lettres à jambes ou hampes ainsi que tous les accents.
Mais il n’est pas possible dans le cadre des « 10 mots » de réaliser un prisonnier sans un nonuple clinamen (exception à une règle oulipienne), car seul le mot « âme » respecte cette contrainte.
Ce texte mis sur la liste Oulipo le 16 mars 2012 a ensuite été mis sur son site par Zazipo.

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soir avec gong

Etouffant presque, j’arrive dans le vent. Un enfant saute et fait un tonnerre de plus. Des pas dans l’herbe: un homme veut la pluie d’une soudaine abondance. Contre lui asséné, le vent est un bélier dont les coups poussent la pluie. Des fils minces infiltrent ma fenêtre. Le cadre, ce soir, est gris sous les frondaisons. Je fouette. On dirait qu’un tonnerre diffuse de nets éclairs. Avec l’orage, la pluie change. Persistante pluie et tonnerre en coups brusques se dessinent. Une bande dans le vent hurle là haut. Dans quelle lecture se sont-ils plongés sous la pluie, le tonnerre et le vent du soir ?

Contribution adressée le 2 octobre 2011 à « l’oulipien de l’année 2012 » sur le site Zazipo, rubrique consacrée à un extrait intitulé « C’est un soir de vent, de tonnerre et de pluie… » signé Harry Matthews. La contrainte suivie a été ainsi décrite sur la liste Oulipo:
Sans modifier la signification, j’ai juste changé le sens

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Raymond Queneau penche sa valise

Ce poème est une contribution à L’Oulipien de l’année, rubrique du site Zazie mode d’emploi dans laquelle chaque année, en l’honneur d’un membre de l’Oulipo, un texte de lui est proposé à toutes les réécritures. C’est cette année Raymond Queneau dont un des Cent mille milliards de poèmes est donné. Inspiré par une intense activité de la liste Oulipo sur ces acrostiches internes (l’expression en acrostiche n’étant pas forcément en début de vers) on tente ici d’aligner de tels acrostiches internes sur deux colonnes successives, tout en cherchant une forme évoquant le contenu du poème – ici une valise penchée.
La disposition amène à masquer un peu la forme sonnet juste signalée par une majuscule au début de chaque strophe.
Posté sur la liste Oulipo le 24 mai 2020.

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