La pédale est dans la voiture la commande essentielle, et un grand coureur se reconnaît à son enfoncement de la pédale. Le chou est dans la potée le légume essentiel, et un grand cuisinier se reconnaît à son braisage du chou. L’enfant est dans la famille le membre essentiel, et un grand père se reconnaît à son exaltation de l’enfant. L’x est dans l’équation l’inconnue essentielle, et un grand algébriste se reconnaît à son calcul de l’x. La fantaisie est dans la vie l’ingrédient essentiel, et un grand sage se reconnaît à son art de la fantaisie. Le sexe est dans la littérature le sujet essentiel, et un grand romancier se reconnaît à son obsession du sexe. Le sexe est dans l’ange le mystère essentiel, et un grand exégète se reconnaît à sa détermination du sexe. La fantaisie est dans le répertoire le morceau essentiel, et un grand pianiste se reconnaît à son exécution de la fantaisie. L’x est dans le défilé l’uniforme essentiel, et un grand quatorze-juillet se reconnaît à son canular de l’x. L’enfant est dans notre société le parasite essentiel, et un grand réformateur se reconnaît à son éradication de l’enfant. Le chou est dans le pluriel l’exception essentielle, et un grand grammairien se reconnaît à sa singularisation du chou. La pédale est dans la négociation la douceur essentielle, et un grand diplomate se reconnaît à son édulcoration de la pédale.
Le 21 mars 2012 Pascal Kaeser, dit « Le Suisse », a cité plaisamment sur la liste Oulipo cette phrase due, comme il l’écrivait, à « Bébert » Thibaudet : « Le verbe est dans la phrase le mot essentiel, et un grand styliste se reconnaît à son emploi du verbe. »
J’y répondis par cette petite mumuse aller-retour en remerciement à l’inventivité scélérate du Suisse.