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Oripeaux

Bad trip

Part, ignorant du sens, délivré du temps.

Et pour cela préfère ciel gris
Diluant bien les rires plein bord.

Vorace ose le rêve encor cru
Que rien de fini, ni sec, n'usa.

Aisément perd-il noir tic latent
De compter mises, profits, digits, récrits.

Il n'hérite ni d'un lingot, ni fil d'or.
Nocif cheminot il bondit, l'instinct dru.

Un soir long, si long, l'idiot brisa
Sans un mot licol d'indics si impotents.

Déjà, d'un ton gris, dix cops vont-ils, suris,
Crier à fugitif « Oh corrosif porc ! »

Porc sied à l'idiot pur : mot congru.
D'un bond vif s'en vint, gris sur fond d'or colza.

Par un joli cri, pic mar sort uts contents
Et à l'unisson grive, d'uts, sort un ris.

L'ivre garçon vint droit au grand nord,
Profilé sur l'horizon tel cabéru.

Un croissant, d'un or pur, ciel brisa
Au bord des lacs qu'alors vit longtemps.

Le salut vint de l'astre : du Sol l'hubris
Vite ramollit le frimas sur l'abord.

L'osier, qu'or insole, cache ru.
Un robin au roux vif devisa.

Au flot égal d'un lac boit longtemps
Et dans un rire chasse butor surpris.

Il est alors investi par un castor
Dont il s'est cru honni comme rat ventru :

D'un noir salut fournit le visa,
Sans un nom, et sans un tampon nilpotent.

L'eau vive lave du corps mûri
Pieds, bras, poings, le livrant nu sans tort.

Sort piteux, froid, tombe là recru,
Un poil las du sort qui le grisa.

Au trot s'en va : « Tu as froid ! sors-t-en !
C'est dans un rire amer qu'on mûrit »

Fils de castor, il s'en vint à un grand port
Dont lit ne put s'offrir, forcé manger cru.

Un soir, au bord du rift, dégrisa,
Las du monde bas, du mal omnipotent.

Prenant un linge blanc et, d'un pot, un bris,
Il versa son kil de fin sang d'un plat-bord.

« Monsieur rosit flots ! de glas féru ? »
Plut voix : chaud, son surin remisa.

Dans un songe a vu bras. Doigts l'on tend.
« Et la suite ? » - L'ange nu sourit.




Après l’invention par l’Oulipien Jacques Roubaud du HOG ( haïku oulipien généralisé ) dans lequel tous les nombres (de syllabes, strophes, vers par strophes, syllabes par vers) sont premiers, diverses généralisations ont été proposées notamment par Gilles Esposito-Farèse ,TOG, ROG, pour tanka, renga, puis les métatogs qui relaxent la contrainte : ici toute troncation à un nombre impair de vers donne un total premier de syllabes. Le poème ci-dessus est un métatog alternant des vers de 11 et 9 syllabes. Voici sa structure, dont GEF a vérifié qu’elle est maximale en nombre de vers :

11 + 9+9 + 9+9 + 9+11 + 11+11 + 9+11 + 11+11 + 9+11 + 11+11 + 9+11 + 9+9 + 11+11 + 9+9 + 9+11 + 11+11 + 9+11 + 9+9 + 9+9 + 9+9 + 11+11 + 9+11 + 11+11 + 9+9 + 9+9

La longueur 9 m’a immédiatement dirigé vers « et pour cela préfère l’impair », deuxième vers de l’art poétique de Paul Verlaine, qui justement compte 11 voyelles. D’où l’idée de construire le poème sur des vers tous de 11 voyelles, dont les listes seraient générées par la contrainte du « jeu de la vie ».

Mais « et pour cela préfère l’impair » de longueur 9 ne peut malheureusement pas figurer, car sa liste de voyelles n’est jamais obtenue sauf en 1ère position dans le jeu de la vie. J’ai donc mis en 2e vers ce qui en approchait le plus. Il se trouve que par hasard ici la dernière voyelle des vers suit une périodicité sur les 5 voyelles, ce qui m’a conduit à respecter un schéma de rimes.

Posté sur la liste Oulipo le 27 septembre 2021

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