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Hier dort

Hier dort.
Mort, gente,
Air chante.
Flaire ort,

Pause or.
Erre ante
Ose : ente
Hier mort.

Air flaire,
Pause, erre.
Ose hier.

Air pause.
Ose air.
Ose. Ose. 

La liste Oulipo a beaucoup exploré les généralisations de la notion d’acrostiche. Parmi celles-ci on trouve les sonnets autoacrostiches d’hémistiches par vers, proposés par Gilles Esposito-Farèse. Le présent sonnet de dissyllabes en est un cas particulier, où on peut remplacer « hémistiches » par « mots » : on peut lire dans la colonne de gauche toute la seconde moitié du sonnet ( à partir du 8e vers ).
Publié sur la liste Oulipo le 30 juin 2022.

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L’âge d’or

Au tournant de ma vie
Rencontrai l'âge d'or.

L'adolescent qui aime
Finit son chant en grave ut.
Se mire et ne voit que le tain,
Sans ouïr une sirène usant sa rage.
L'aurore nue chaque aune qu'il parcourt, nu,
Doigt désignant une tôle que domine la dune :
« De cet abri je contemple l'ère où toujours marais étouffe cris ».
Amis, entre les vents,
Qui sifflent la fillette issue de la rue
Où l'on peut s'envoler comme eider.


L'adolescent qui rime
Finit son chant en grave,
Et se mire, et ne voit que le nain sans cuir,
Une sirène osant sa nage.
L'aurore tue chaque rune
Qu'il parcourt au doigt,
Désignant une iole que domine la lune :
« De cet abri je contemple l'are où toujours garais ».
Étouffe cris, émis entre les dents qui sifflent,
La fillette ossue de la rue
Où l'on peut s'envoler, comme rider. 

Sur une suggestion de Nic Sirkis développée par Gilles Esposito-Farèse, la Déviation/Variation consiste à écrire deux textes identiques à l’exception de certaines lettres. Ces lettres mises bout à bout reconstituent deux phrases, l’une codée par le premier texte et l’autre par le second. Le poème ici présenté réalise ainsi le codage conjoint par les deux dernières strophes des deux vers du distique initial. L’identité des textes porte ici sur les seules lettres, compte non tenu de la ponctuation, et les lettres distinctes sont toujours placées au début d’un mot : ces propriétés ne font pas partie de la contrainte.
Note : on trouve dans le wiktionnaire « iole » admis pour « yole » et « garène » pour « garenne ».
Publié sur la liste Oulipo le 10 juin 2022.

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félicités

flirts indifférents
triste stratégie grégaire
dérogations tièdes

discothèques surchauffées
frileuses filles sifflées 


Poursuite de l’exploration de la polysympathie inventée par Gilles Esposito-Farèse. Dans ce tanka nous avons une 5-sympathie stricte : deux mots consécutifs partagent exactement 5 lettres communes.
Publié sur la liste Oulipo le 6 mai 2022

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Aumône

Cheval efflanqué,
Que quelque feuille frémisse,
Printanière aumône :
Sauteras avidement
Tant ressentiras
Chaleur renaissant, divine,
Redonner espoir. 




Gilles Esposito-Farèse a récemment proposé la notion d’architog parmi les extensions oulipiennes de la notion de tanka ; il propose aujourd’hui une contrainte de polysympathie d’ordre N dans laquelle deux mots consécutifs possèdent N lettres en commun. La N-sympathie est stricte si deux mots n’ont jamais N+1 lettres en commun. Le poème ci-dessus est un essai d’architog avec 3-sympathie stricte.
Publié sur la liste Oulipo le 2 mai 2022

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l’abeille

m'éveille,
douceur
dans la treille,
ma sœur
l'abeille 

Cette structure 2,2,3,2,2 est un exemple de l’architog, forme inventée par Gilles Esposito-Farèse parmi les généralisations du tanka initiées par Jacques Roubaud et étendues par lui.

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La mère

pleure pleure mère
tes larmes au sel mauvais
pleure ton enfant

un beau militaire
l'est venu chercher
pour aller en guerre
te fut arraché

d'habits couleur terre
fut empanaché
de sa mine claire
fraîcheur a séché

au froid de brumaire
neige pose fins duvets
peau gèle et se fend

***

vénéneux mystère
hommes dans la nuit lovés
silence étouffant

sombre luminaire
fusée a lâché
l'horrible tonnerre
la course au bûcher

un dieu sanguinaire
donne son tranchet
à l'enfant sévère
à l'enfant boucher

éventre son frère
enjambe les gars crevés
sonne l'olifant

***

deux soldats sont venus à la porte sonner
sans un mot pauvre femme a d'un coup deviné

à genoux tombe folle arrache son bonnet
la terre à cet instant s'arrête de tourner

son manteau resserre
ses cheveux n'a pas lavés
son col dégrafant
erre par tous les chemins
parle en se tordant les mains

son fils est mort en assassin

va fuis la lumière
ton pied heurtant les pavés
sous l'arc triomphant
ces vivats sont-ils humains
pour toi point de lendemains

porte le deuil de l'assassin 

Sur la liste Oulipo s’effectue actuellement un travail important de recherche de formes de sonnets généralisés, selon un programme lancé par Gilles Esposito-Farèse. Il s’agit de respecter une structure 4/4/3/3, ces nombres s’appliquant non plus forcément à des vers, mais à des mots, phrases, paragraphes, voire lettres… et un schéma ABBA ABBA CCD EDE dans lequel ces lettres ne représentent pas forcément des rimes, mais des propriétés quelconques ( nombres de lettres, initiales, composition en verbes, personnages, etc. ). Ici la structure s’applique à des strophes, et la propriété est la nature de ces strophes:

A = haïku
B = quatrain de sélénet
C = distique d'alexandrins
D = tanka
E = unique octosyllabe

Le schéma de rimes ne fait pas partie de la contrainte, mais j’ai pensé qu’il accentuait la perceptibilité de la structure. Le choix de l’octosyllabe venant après des tankas donne un petit effet clotilde. J’ai un peu fait attention aux rimes plurielles ; en revanche les é ouverts et fermés sont confondus, nul n’est parfait.
Posté sur la liste Oulipo le 20 décembre 2021.

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Hop, avion dans ce foin.

Au pavillon dansent fous, hein ?
Armenonville ouit cieux :
Arme non vile ou, ici, œufs,
Hop, avion dans ce foin.
Une exégèse :

Près d'un asile où chaque aliéné peut valser,
Un chasseur bombardier -non pas un piètre flingue-
S'écrase dans le chaume : ô tonnerre insensé !
Poules ont vite élu refuge en sa carlingue.

Sur la liste Oulipo, Gilles Esposito-Farèse a proposé de composer des controlorimes, contrerimes à la manière de Paul-Jean Toulet : « quatrain croisant octosyllabes et hexasyllabes 8/6/8/6 mais à rimes embrassées AbbA.
La différence est que ces rimes doivent reproduire l’ensemble des vers, de la première à la dernière syllabe, en se servant de diérèses & synérèses (ou d’E caducs élidés ou non, si l’on est encore plus moderne) ». J’ai tenté de partir de l’alexandrin célèbre de Max Jacob « On fait les foins au pavillon d’Armenonville » en le triturant jusqu’à obtenir des diérèses et synérèses placées aux bons endroits.
Posté sur la liste Oulipo le 4 novembre 2021.

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Pierrot pleurait

Au clair de la lune
Au bord du ruisseau
Pierrot pleurait une brune
Ô pauvre puceau
Sans plume sans tune

De son nocturne pinceau
L’astre au doux visage
Se penchant muet arceau
Caresse amant sage

Sèche le long pleur
Et la joue après l’orage
Revêt la couleur
D’ivoirin nuage
Va solitaire voleur

Essai de combinaison de deux contraintes récemment proposées par Gilles Esposito-Farèse. La première, se basant sur la « plus petite suite sans cube » précédemment introduite et étudiée par lui, dont les premiers termes sont 0, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 0, 1, 1, 0, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 1, 0, 0, 1, 0, … consiste à associer à chaque zéro un vers de longueur 5 et à chaque 1 un vers de longueur 7, obtenant ainsi une rythmique volontairement irrégulière.
La seconde contrainte est l’adoption d’un schéma de rimes « irréductible », c’est-à-dire tel que le poème ne puisse être décomposé en deux parties employant des rimes indépendantes. Ici, l’une des combinaisons mentionnées par Gef : AbAbA bCbC dCdCd.
Posté sur la liste Oulipo 12 juin 2020.

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le jeu de la mer

Oh toi
oh la mer

ma loi
ma foi
et ma vie

Tu vas
et je mue

au sel
je me fie

je lis
ce don
et je ris

*****

Au pas
de ce jeu

si pur
si fol
tu es cri

La fin
je ne dis

un mat
ou un nul

ni roi
ni fou
je ne fus

*****

Du cap
où je gis

le sol
en feu
je ne mis

Je bée
et je rue

le raz
au roc
ne se lie

Où est
le lé sec

le bar
où je bus

et mol
nu vil
je me tue

Le haïku oulipien généralisé (HOG) défini par Jacques Roubaud, est un poème comportant un nombre premier de vers, de syllabes par vers et de syllabes dans le poème ( en particulier le haïku et le tanka vérifient ces conditions). Gilles Esposito-Farèse a poursuivi cette généralisation avec la notion de renga oulipien généralisé (ROG), puis avec la notion de fractog, une construction fractale obtenue par itérations successives à partir de deux exemplaires minimaux de HOG et où le décompte d’un très grand nombre de sous-structures (vers, strophes, etc.) est premier. Un exemple d’une telle structure est le suivant :

2+3 + 2+2+3
2+3 + 2+3 + 2+2+3

2+3 + 2+2+3
2+3 + 2+2+3
2+3 + 2+3 + 2+2+3


2+3 + 2+2+3
2+3 + 2+3 + 2+2+3

2+3 + 2+2+3
2+3 + 2+2+3
2+3 + 2+3 + 2+2+3


2+3 + 2+2+3
2+3 + 2+3 + 2+2+3

2+3 + 2+2+3
2+3 + 2+3 + 2+2+3

2+3 + 2+2+3
2+3 + 2+2+3
2+3 + 2+3 + 2+2+3

Dans cette structure, GEF note par des nombres les longueurs en syllabes de chaque vers et les subdivisions successives (strophes, parties, sections, chapitres, …) sont dénotées par des symboles tels que « + » (sans ou avec espace), retour à la ligne, saut de ligne simple ou multiple. Dans le présent poème j’ai exploré ce que donnait cette même structure en appliquant les nombres aux longueurs des mots et abaissant d’un cran les dénotations des subdivisions (vers, strophes, etc.) Posté sur la liste Oulipo le 27 février 2020.

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jeux sur les digrammes

I

Au vagabond s'ouvrit la cité nourricière
Aima le regard franc et la liberté fière
Ivre d'enfin goûter l'abondance plénière
Posant alors son sac sourit à la lumière

Sut Ur. Ulula « Ta rare tétine ! Ton iris à nu ! L’or ! » Ô nolise son asile.

II

La duchesse aux sabots se croyait des jumeaux
Sa douleur au plus noir théâtre fut semblable
Mêla cent pleurs aux cris simples des animaux
Coupant l'appétit au pauvre ô pleur misérable


« Qu’un né ? » erra, Anne. Elle, en no : « Or réez, zoo à aï inné ! Et tu, un nu un naan n’a addé.

Gilles Esposito-Farèse a proposé sur la liste Oulipo divers jeux portant sur les digrammes (groupes de deux lettres). Le premier, qu’il a baptisé hétérodigramme consiste à considérer tous les digrammes formés d’une consonne et une voyelle pris dans la liste des dix lettres les plus fréquentes popularisée par Georges Perec : ESARTINULO. Il s’agit d’écrire un texte en utilisant une fois et une seule chacun de ces digrammes, dont voici la liste :
se sa si su so
re ra ri ru ro
te ta ti tu to
ne na ni nu no
le la li lu lo
Le premier texte ci-dessus, qui répond à cette contrainte, est précédé de son exégèse, un quatrain d’alexandrins isocèle.
Diverses variantes de ce jeu, un peu analogue aux dominos, ont été proposés. Le second texte s’autorise l’utilisation de tous les digrammes possibles d’une consonne et d’une voyelle, éventuellement avec répétition, mais comme aux dominos deux digrammes successifs doivent se connecter par une même lettre. Là encore l’exégèse est un quatrain d’alexandrins isocèle.
Posté sur la liste Oulipo le 6 mars 2019.

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