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transports

âme  intacte
obstinément   refuse  une  amitié   grise
une histoire isotherme épaisse et feutrée
respire
laisse chez elles  les humeurs apaisantes
enfin   déclenche   le   séisme   hurleur
songe
les fleurs des prés se fanent  silicosées
le  milieu  naturel  flingue  le   semeur
le sage
caractère  autrefois  calme  et  généreux
le  crâne   fissuré   gesticule  et  sert
autrement
les aimantes  pensées  recuites  en  fiel
le chêne penchant  sectionne  ses racines
le crépuscule
se glisse ocre linceul
                        ne  rien  confier

Contribution à l’opération « Dis moi dix mots » envoyée le 3 décembre 2012. La liste des mots était âme, autrement, caractère, chez, confier, histoire, naturel, penchant, songe, transports. Voici la description que j’en ai faite sur la liste Oulipo:
D’abord, quel est l’intrus dans cette liste de mots ? « transports » car c’est le seul ne comportant pas de « e »: j’en ai fait le titre. Tous les autres mots figurent à raison d’un tous les deux vers.
Ensuite, quel est le PPCA (plus petit commun alphabet) de ces dix mots ? acefghilmnoprstuz
Donc tous les mots de ce texte sont écrits dans cet alphabet, et -sauf le titre- comportent la lettre e.

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soir avec gong

Etouffant presque, j’arrive dans le vent. Un enfant saute et fait un tonnerre de plus. Des pas dans l’herbe: un homme veut la pluie d’une soudaine abondance. Contre lui asséné, le vent est un bélier dont les coups poussent la pluie. Des fils minces infiltrent ma fenêtre. Le cadre, ce soir, est gris sous les frondaisons. Je fouette. On dirait qu’un tonnerre diffuse de nets éclairs. Avec l’orage, la pluie change. Persistante pluie et tonnerre en coups brusques se dessinent. Une bande dans le vent hurle là haut. Dans quelle lecture se sont-ils plongés sous la pluie, le tonnerre et le vent du soir ?

Contribution adressée le 2 octobre 2011 à « l’oulipien de l’année 2012 » sur le site Zazipo, rubrique consacrée à un extrait intitulé « C’est un soir de vent, de tonnerre et de pluie… » signé Harry Matthews. La contrainte suivie a été ainsi décrite sur la liste Oulipo:
Sans modifier la signification, j’ai juste changé le sens

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11 02 2011

Ce jour fut pour lui palindrome
Où le début rejoint la fin
Il but un cocktail polychrome
Puis il s’enfuit vers les confins

11 02 2011:
Si !  Moubarak, ara bu : omis

Publié le 12 février 2011

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transgression pour elle et moi

mon amour
mon cœur s’excave
en crevasse sonore

aux ramures une mouvance
susurre un vocero morose

mon amour
mon cœur a vu ce mur
une rancœur en moi se verse
aucun recours ne se verra

o ma reine en ces murs
ose ma souvenance
arrose une rose encenseuse
nous sommes encor en romance
aucune morsure
aucun accroc

amour en mon cœur ne mourra

Prisonnier strict: aucune lettre à hampe ni jambe, aucun accent, etc. Deux clinamens (exceptions), une pour elle et une pour moi
Poème composé en lien avec la contrainte
.

Publié le 6 février 2011

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Pierrot pleurait

Au clair de la lune
Au bord du ruisseau
Pierrot pleurait une brune
Ô pauvre puceau
Sans plume sans tune

De son nocturne pinceau
L’astre au doux visage
Se penchant muet arceau
Caresse amant sage

Sèche le long pleur
Et la joue après l’orage
Revêt la couleur
D’ivoirin nuage
Va solitaire voleur

Essai de combinaison de deux contraintes récemment proposées par Gilles Esposito-Farèse. La première, se basant sur la « plus petite suite sans cube » précédemment introduite et étudiée par lui, dont les premiers termes sont 0, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 0, 1, 1, 0, 0, 1, 0, 0, 1, 0, 1, 0, 0, 1, 0, … consiste à associer à chaque zéro un vers de longueur 5 et à chaque 1 un vers de longueur 7, obtenant ainsi une rythmique volontairement irrégulière.
La seconde contrainte est l’adoption d’un schéma de rimes « irréductible », c’est-à-dire tel que le poème ne puisse être décomposé en deux parties employant des rimes indépendantes. Ici, l’une des combinaisons mentionnées par Gef : AbAbA bCbC dCdCd.
Posté sur la liste Oulipo 12 juin 2020.

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le jeu de la mer

Oh toi
oh la mer

ma loi
ma foi
et ma vie

Tu vas
et je mue

au sel
je me fie

je lis
ce don
et je ris

*****

Au pas
de ce jeu

si pur
si fol
tu es cri

La fin
je ne dis

un mat
ou un nul

ni roi
ni fou
je ne fus

*****

Du cap
où je gis

le sol
en feu
je ne mis

Je bée
et je rue

le raz
au roc
ne se lie

Où est
le lé sec

le bar
où je bus

et mol
nu vil
je me tue

Le haïku oulipien généralisé (HOG) défini par Jacques Roubaud, est un poème comportant un nombre premier de vers, de syllabes par vers et de syllabes dans le poème ( en particulier le haïku et le tanka vérifient ces conditions). Gilles Esposito-Farèse a poursuivi cette généralisation avec la notion de renga oulipien généralisé (ROG), puis avec la notion de fractog, une construction fractale obtenue par itérations successives à partir de deux exemplaires minimaux de HOG et où le décompte d’un très grand nombre de sous-structures (vers, strophes, etc.) est premier. Un exemple d’une telle structure est le suivant :

2+3 + 2+2+3
2+3 + 2+3 + 2+2+3

2+3 + 2+2+3
2+3 + 2+2+3
2+3 + 2+3 + 2+2+3


2+3 + 2+2+3
2+3 + 2+3 + 2+2+3

2+3 + 2+2+3
2+3 + 2+2+3
2+3 + 2+3 + 2+2+3


2+3 + 2+2+3
2+3 + 2+3 + 2+2+3

2+3 + 2+2+3
2+3 + 2+3 + 2+2+3

2+3 + 2+2+3
2+3 + 2+2+3
2+3 + 2+3 + 2+2+3

Dans cette structure, GEF note par des nombres les longueurs en syllabes de chaque vers et les subdivisions successives (strophes, parties, sections, chapitres, …) sont dénotées par des symboles tels que « + » (sans ou avec espace), retour à la ligne, saut de ligne simple ou multiple. Dans le présent poème j’ai exploré ce que donnait cette même structure en appliquant les nombres aux longueurs des mots et abaissant d’un cran les dénotations des subdivisions (vers, strophes, etc.) Posté sur la liste Oulipo le 27 février 2020.

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Conte du poète désormais inutile

Tu prendras repentir, de soleil ars vicié,
D’un spasme tel usé, trouvère en citadelle :
Tôt forclore chant vert ; dolé, l’être scier.
Tonnerre stupéfiant ! Air vital à venelle.

Proser, flore veillant, n’impose net acier.
L’acide vent tournant a, virant, taré stèle.
Cesse ululer vers le désert ! Tâte foncier !
Départ du violon. Dur. Esprit tire échelle.

Il part, prend le flot nu, trace, tiré de rets.
Sur la rose du vent cille âne et rit à pente.
Repère-t-il décor à stuc ? Pur pillard, tente.

Lent parle, impuni, de tels cupides arrêts :
Ce fleuve, vers ce port tirera, roi, la honte !
Las va tourner, sort de ville dire ce conte.

Ces temps-ci la liste Oulipo travaille beaucoup sur les carrés magiques. Parmi les défis lancés, celui de Rémi Schulz qui a proposé le carré diabolique suivant
13 03 06 12
02 16 09 07
11 05 04 14
08 10 15 01
L’adjectif « diabolique » tient à ce que non seulement les sommes des lignes, colonnes et diagonales est égal à 34, mais que ce nombre est aussi la somme des 14 carrés d’ordre 2 pouvant être extraits du carré ci-dessus. Remplissant alors ce carré de listes de lettres de longueur égale au nombre de la case, il a proposé :
CROISERENVRAI LES MAINSP OETEDULEVANT
SE NTIRLEPIEDTRAPUD ESLECTEUR SDUREEL
TENTERLEFLO TCARR ELOP INIATREVANTANT
CESTLORD REECHOVOTI FALETREUNIVERSE L
Ces listes sont telles qu’en lisant les lignes on obtient :

Croiser en vrai les mains, poète du Levant,
Sentir le pied trapu des lecteurs du réel,
Tenter le flot carré, l’opiniâtre vantant,
C’est l’Ordre, écho votif à l’être universel.

Le défi consistait à écrire un sonnet dont chaque ligne serait anagramme de l’un des 14 carrés d’ordre 2 extraits. Ainsi les lignes du présent sonnet sont anagrammes de
CROISERENVRAI LES SE NTIRLEPIEDTRAPUD
MAINSP OETEDULEVANT ESLECTEUR SDUREEL
TENTERLEFLO TCARR CESTLORD REECHOVOTI
ELOP INIATREVANTANT FALETREUNIVERSE L
CROISERENVRAI MAINSP TENTERLEFLO ELOP
LES OETEDULEVANT TCARR INIATREVANTANT
SE ESLECTEUR CESTLORD FALETREUNIVERSE
NTIRLEPIEDTRAPUD SDUREEL REECHOVOTI L
SE NTIRLEPIEDTRAPUD TENTERLEFLO TCARR
ESLECTEUR SDUREEL ELOP INIATREVANTANT
NTIRLEPIEDTRAPUD ESLECTEUR TCARR ELOP
LES MAINSP NTIRLEPIEDTRAPUD ESLECTEUR
TCARR ELOP REECHOVOTI FALETREUNIVERSE
CROISERENVRAI OETEDULEVANT CESTLORD L
Ce texte est la troisième réponse après celles de Rémi Schulz et de Gilles Esposito-Farèse.
Posté sur la liste Oulipo le 11 mars 2019.

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jeux sur les digrammes

I

Au vagabond s'ouvrit la cité nourricière
Aima le regard franc et la liberté fière
Ivre d'enfin goûter l'abondance plénière
Posant alors son sac sourit à la lumière

Sut Ur. Ulula « Ta rare tétine ! Ton iris à nu ! L’or ! » Ô nolise son asile.

II

La duchesse aux sabots se croyait des jumeaux
Sa douleur au plus noir théâtre fut semblable
Mêla cent pleurs aux cris simples des animaux
Coupant l'appétit au pauvre ô pleur misérable


« Qu’un né ? » erra, Anne. Elle, en no : « Or réez, zoo à aï inné ! Et tu, un nu un naan n’a addé.

Gilles Esposito-Farèse a proposé sur la liste Oulipo divers jeux portant sur les digrammes (groupes de deux lettres). Le premier, qu’il a baptisé hétérodigramme consiste à considérer tous les digrammes formés d’une consonne et une voyelle pris dans la liste des dix lettres les plus fréquentes popularisée par Georges Perec : ESARTINULO. Il s’agit d’écrire un texte en utilisant une fois et une seule chacun de ces digrammes, dont voici la liste :
se sa si su so
re ra ri ru ro
te ta ti tu to
ne na ni nu no
le la li lu lo
Le premier texte ci-dessus, qui répond à cette contrainte, est précédé de son exégèse, un quatrain d’alexandrins isocèle.
Diverses variantes de ce jeu, un peu analogue aux dominos, ont été proposés. Le second texte s’autorise l’utilisation de tous les digrammes possibles d’une consonne et d’une voyelle, éventuellement avec répétition, mais comme aux dominos deux digrammes successifs doivent se connecter par une même lettre. Là encore l’exégèse est un quatrain d’alexandrins isocèle.
Posté sur la liste Oulipo le 6 mars 2019.

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Al toro sin cuernos

Je vaque, dévoyé, -ou veuf, – ou dégommé,
Vieux doge de Padoue. Ô bée, abîmé, dôme.
Du feu qui a fugué, du vivide oud aimé,
J’évoque fade vide, aboi qu’avive baume.

Ogive du koubba : qui m’y bagua pâmé ?
Ah, qui a vu magique Adige où voguai, môme !
J’ai humé mauve à Pâque où ma foi m’a paumé,
M’égaya hampe du gamay doux à ma paume.

Qui : homme ? Jéhovah ? Qui : pape ? mikado ?
Je divague, ébahi du gage de ma dame ;
Igue me piège, abîme où m’aime apode femme.

Evadé de Yama, mimai fameux judo.
Beau maqam dédiai, de ma gigue kiffée,
Aux aveux de ma mie, aux appeaux de ma fée.

Une tradition chez les Oulipotes est de réécrire le Desdichado de Gérard de Nerval en appliquant diverses contraintes oulipiennes. Par ailleurs Georges Perec a popularisé par sa contrainte des « ulcérations » ( non appliquée ici ) la liste des 11 lettres les plus fréquentes : ESARTINULOC. Sur la liste Oulipo, Gilles Esposito-Farèse a lancé un défi lipogrammatique : réécrire le Desdichado en s’interdisant les consonnes de cette liste S,R,T,N,L,C. Les réponses sont tombées aujourd’hui à midi, incluant bien sûr celle de Gef, et toute une série d’autres remarquables sonnets. On trouve ici ma réponse. Je remercie Gef pour son aide sur le titre, qui constitue un Beau présent sur ESARTINULOC.
Posté sur la liste Oulipo le 4 février 2019.

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Voix, grandes eaux.

Cet enfant tête en l’air ne se fera-t-il prendre
À sortir dans la nuit, parlant vingt fois d’avoir
Compris qui a donné au monde de pouvoir
Répondre, quand les dieux regardent sans entendre ?

Son père lui a dit qu’il ne faut jamais rendre
À celui dont le cœur n’arrive pas à voir
La belle heure qui passe et, restant, croit vouloir
Cette chose qu’il semble à tout moment attendre.

Mais qui aime sentir, jusque vers lui, venir
La femme, le jeune homme, et dans sa main tenir
Une petite vie où deux bons yeux vont être,

Alors cent terres, oui, mille mers, vas devoir
Aller trouver pour un jour, en sa maison, mettre
Ce rien des premiers temps qu’il demande à savoir.

Ce sonnet, comme celui qui précède, suit la contrainte du sonnet à vocabulaire limité (basée sur les 175 mots les plus fréquents) proposée par Gilles Esposito-Farèse, qui en présente trois exemples sur son site.
Posté sur la liste Oulipo le 10 juillet 2018.

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