c'est un père qui serre en sa main les doigts de sa petite fille il murmure pour elle seule des mots très doux il a sur lui son bel anorak orange elle a sur elle ce bloc de béton le vacarme des hommes qui courent des folles pelles mécaniques il ne l'entend ni les peurs les appels la douleur c'est un père qui serre en sa main les doigts de sa petite fille qu'ils sont blancs ces doigts immobiles au milieu de ces gravats gris qu'ils sont froids plus froids que les bourrasques de l'hiver c'est deux mains qu'un amour unit comme hier ses bras vont s'ouvrir il la serrera contre lui à son cou s'enlaçant elle lui sera légère il laisse errer sur le désastre tout autour un regard sans vie un regard vide les secours ne sont pas venus la nuit tombe le froid s'inflige la poussière et les carcasses ne répondent rien c'est un père qui serre en sa main les doigts de sa petite fille à l'horloge l'aiguille des heures s'est figée
Un tremblement de terre a ravagé une large zone en Turquie et Syrie, avec un bilan humain épouvantable. Une photo prise à Kahramanmaras d’un père, Mesut Hancer, tenant la main de sa fille Irmak morte, a ému le monde entier. Elle a inspiré ce bigollo à structure bousculée.

© AFP – Adem ALTAN
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