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La non consentante

L'étale
roi. On
la tale,
sus : - Non !

Elle -ire-
saut sut.
L'élire ?
- Son su.

Ce muret ( bobet d’ordre 2 ) suit la contrainte d’exagération, aussi appelée isosyllabovocaloconsonantisme introduite dans « Décis, mal en pis » : dans chaque vers on trouve le même nombre de syllabes, de voyelles et de consonnes. Une surcontrainte ajoutée par Gilles Esposito-Farèse impose que soient formés des couples voyelle-consonne apparaissant ensemble dans les mêmes vers, ici
a-t, e-l, i-r, o-n, u-s.
De plus on impose ici une répartition aussi équitable que possible : 3 a, 4 e, 3 i, 3 o, 3 u (4 e pour assurer les rimes féminines ). Les premières voyelles sont placées de façon à lire aeio…u et de même les dernières voyelles. Ceci détermine complètement la composition de chaque vers en voyelles et consonnes.
Publié sur la liste Oulipo le 8 mai 2023.

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Le matin m’a réveillé

Le matin m'a réveillé
D'un coup de soleil sur le nez

J'ai trouvé le sucrier
La tranche de pain beurré
Le bol le café passé
La baie au verre embué
Comme toujours au déjeuner

Sans hâte j'ai enfilé
Ma doudoune en gros duvet
J'ai bien refermé le loquet

Sur le trottoir déserté
J'ai reniflé le vent frais
La bourrasque m'a giflé
D'un envol échevelé
Je suis parti sans hésiter

Des heures j'ai cheminé
Tassant la neige du pied
Par les champs immaculés
Et les taillis dénudés
Seul ébloui déboussolé

Mais sans savoir où j'allais
Comme un démon l'œil mauvais
Comme un cheval emballé
Ce jour enfin je savais
La question que j'allais poser

J'étais si désespéré
J'étais si près de m'étouffer

Marchai toute la journée
Entre les arbres parés
De cristaux illuminés
Par le soleil maigrelet
D'un hiver endimanché
Mais point ne les ai regardés

Une rumeur m'a guidé
Au fond d'un versant mauvais
J'ai couru dégringolé
Et dans la nuit qui tombait
Ce que je cherchais j'ai trouvé

Roulant de son flot altier
Des blocs de glace dorés
Par l'astre qui s'endormait
Il passait sans s'arrêter
Calme puissant et secret
Le grand fleuve qui murmurait

Sur la berge me tenais
Silencieux les yeux fixés
Sur le courant que menait
Une étale volonté
Et dans mon cœur j'entendais
Sa lente voix qui me parlait

Que viens-tu me demander
Ne dis rien je te connais
De solitude enveloppé

À mon bord tiens-toi penché
Tes mains viens les immerger
En mon tourbillon léger
Longuement lave tes pensers

Je vais sans rien posséder
Sans devoir sans exiger
Nul ne m'attend sur un quai
Tu me regardes je vais
Quand auras les yeux fermés
Sans ton souvenir j'irai
Dans la clameur d'éternité

Longtemps je l'ai contemplé
Je sentis à mon côté
La douleur se dissiper
Qui m'empêchait de respirer

Et je sus tel le galet
Au fleuve prise donner
Le laisser me retourner
Me soulever m'emporter
Sans savoir où me menait
Douloureux sourd insensé
Ce courant où je n'avais pied

Lors je compris qu'étais né
Ce jour et qu'appartenais
À la vague que gonflait
Sans la moindre volonté
Libre de nécessité
Ce grand mouvement ondulé

Vous dieux que j'ai désirés
Êtes-vous morts crucifiés
Êtes-vous au monde nés
Dans le vide illuminé
Je suis par le fleuve entré
Épousant le long filet
D'une fluante pauvreté

Comme dans « Clotilde » de Guillaume Apollinaire, chaque strophe est composée de vers de 7 syllabes, et d’un dernier vers de 8 syllabes. Ce poème avait déjà inspiré la forme clotilde introduite par Annie Hupé.

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Le dol à Dole

Au delà du lit de l’eau dix lieues doit l’idole adulée, dit « le doux lad », aller, dit l’édile: « Deux loups dans lande : à l’aide ! Le deal est de  les delender ». L’édit lu dans la Dole ondulant de l’indolent Doubs, l’a dès l’ide, l’idiot lad allié des lois, duit.

L’Adèle aida lad : elle dit l’ode « Allez dans le Dieu », lui dola d’un long doigt le dos, l’adula, délia du landau le dais. L’on dut lui daller deux lieues de long. Dès le délai dû, le dos laid du lad alla dans l’oued au loin.

Des « l’on dit » l’ont, dès lundi, là, dit lot de l’adieu.

L’Adèle au doux lied alla de l’odieux lot du lad au lit de l’édile.

Une étonnante  version sonore réalisée par synthèse vocale… ( merci à Nicolas Graner !)

  

Nicolas Graner  et Gilles Esposito-Farèse ont donné des démonstrations magistrales de monoconsonantisme dont Nicolas distingue en définissant ce terme une version « phonétique » s’opposant à la forme qui doit s’appeler « littérale » illustrée par Gilles.
On peut de façon analogue définir le « biconsonantisme ». Dans l’essai que voici, phonétique, les deux consonnes s’alternent systématiquement: on peut parler de « biconsonantisme phonétique alterné ».
Posté sur la liste Oulipo le 11 avril 2013.

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Rhèmes de l’invisible

Veille jeune fille,
Bravant jeûne et gel,
Qu’ombre fuit en vrille.
Joug mis sans appel.
Phot qu’ombre renverse,
Jabot cachant cou
D’abject corps adverse.
Vouloir bru qui coud.

Que signa Diophante
Chaude conjecture !
Prouver loi démente,
Chaque jalon. Pente
Droit vers thèse pure.

Son esprit gambade
Au majeur défi
Plus haut qu’onc nul fit.
Espoir pour décades.
D’ajours non pourvu,
Son génial projet
Par vassal sujet.
Haut prix jamais vu.

Ce poème n’est autre que la colonne de droite d’un autre poème « Théorème de l’invisible » , consacré à la mathématicienne Sophie Germain dans le recueil « Le prix de la vie ».
Posté sur la liste Oulipo le 25 novembre 2012.

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Le prix de la vie

Théorème de l’invisible

Approchant modique bougie      veille jeune fille,
Nue, quand père craint défend maths.      Bravant jeûne et gel,
Tant sa foi juche algèbre en dieu      qu’ombre fuit en vrille,
Ose enfreindre brusque éviction,      joug mis sans appel.
Indécent jeu, bluff au gotha,      phot qu’ombre renverse.
Nom qu’il faut avoir pris d’un gars,      jabot cachant cou.
Empire technique affolé      d’abject corps adverse :
Amphi clos prof hagard jurant      vouloir bru qui coud.

Un vif ajout au lemme abscons      que signa Diophante
Grand but devint, presque infernal.      Chaude conjecture !
Un bien long chemin jusqu’enfin      prouver loi démente.
Savants de grand nom font tomber      chaque jalon. Pente
Toujours qui grimpe obstacles fous      droit vers thèse pure.

Enfiévré tel jars chassant coq      son esprit gambade,
Livre abrupts chocs au mur magique,      au majeur défi,
Et franchit divin jump global      plus haut qu’onc nul fit.
Beau théorème évoquant jongle,      espoir pour décades.
Long cours franchit obscur maquis,      d’ajours non pourvu,
Avant qu’enfin chauds bravi louent      son génial projet.
Naïf éloge acquis hors bord      par vassal sujet.
Coma brusqua fin d’un grand vol.      Haut prix jamais vu.

Le chrysonnet a été défini par Gilles Esposito-Farèse comme un poème formé de 13(5+8) vers de 13 (5+8) pieds; en effet chryso = or et 5,8,13 se succèdent dans une suite célèbre chère à mon esprit vagabond.
Le texte ci-dessous est un Chrysonnet allongé, formé de 21 (13+8) vers, afin de pouvoir placer en acrostiche un nom bien visible. Moins visible est le vrai nom de la personne qui emprunta ce nom pour avoir le droit de mener une recherche majeure en mathématiques. Belle absente, elle figure néanmoins dans ce poème. Comme le vrai nom n’avait que 13 lettres et non 21, j’ai dû le compléter par deux mots respectivement de 3 et 5 lettres: on trouve ainsi 3,5,8,13,21.
Ce poème a un jumeau « Rhèmes de l’invisible » publié simultanément dans le recueil « Oripeaux ».
Posté sur la liste Oulipo le 25 novembre 2012.

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le bateleur

il nous mène en pansway
montre en télé dolby
son bureau regency
parle en parfait dandy
la gouaille d’un jockey
la dégaine goofy
un petit air groggy

il nous mène en dinghy
nous dit c’est ainsi y
croirez-vous c’est vrai j’y
fus traité tel husky

nous roule en chantilly
nous déhanche un shimmy
qui vaut pas un penny
comme on vend un sextoy
comme on gruge  papy

ses ergots de coq y
furent cuits au curry ?
il faudrait un bon psy
quand confond penalty
et danse de Saint-Guy
quand dollar ou lev y
devient œuf de Longwy

chez lui reste sexy
sa cour sa gentry y
vénère star jazzy

Réponse à l’envoi par Gérard Le Goff sur la liste Oulipo d’un G20; il nomme ainsi des ouliporimes alphabétiques : une terminaison invariable est précédée tour à tour de chacune des 20 consonnes de l’alphabet. Une définition plus générale a pris le nom d’alpharimes ; ainsi, Gilles Esposito-Farèse a donné un très bel exemple d’une version dans laquelle les 26 lettres sont utilisées. J’ai voulu essayer à mon tour avec ce petit poème qui ne vise presque personne.
Vocabulaire:
pansway = type de bateau à fond plat qui voguait sur le Gange.
shimmy = danse dans laquelle s’illustra Mae West
Posté sur la liste Oulipo le 3 juillet 2014.

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Le prix de la vie

naissance

     Germe la vie
     Amour est là
     Bain de nuée
     Roue élancée
     Ici commence
     Égrène temps
     Le bel envol

Pour une naissance annoncée le 12 octobre 2015.
Publié le 14 octobre 2015

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Arme lourde, éveil puni

Autrefois l’enfant poursuivait, attendri, l’envolante palombe.
Autrefois l’employée puisait, alanguie, l’eau placide
Arrosant l’éternelle plaine à l’envoûtant parfum.

Ah ! lamentable été précipitant ainsi l’enfer.

Paraît abruptement l’Echarneur,
Pareil au Léviathan,
Elevant pattes assassines,
Langue enflammée,
Pointes arséniées,
Liquéfiant écoles, ponts, ateliers, logis et panthéons.
Aveugle, lugubre, exorbité,
Poignarde, avale, lacère, émascule, pourrit.

Arpentant l’effondré paysage,
Ambulent loqueteux exsangues,
Pieds arrachés, les entrailles perforées,
Adjurant leurs enfants pour abréger leur existence.
Plus à l’est, parfum âcre :
L’embrasement pestilentiel
Assouvit l’exalté pyromane.
Appels lancinants, explosions, plaintes
Assourdissent l’étouffant pandemonium.

Ah ! lamentable été.

Pourtant, amis, l’espoir paraît.
Affluent les entêtés partisans
Amoncelant lestes escarmouches, préludes à l’éradication.
Pesamment acharné, l’écumant prédateur,
Attirant lacs profus aventureusement lancés,
Etranglé,
Périt, agitant lamentables élytres palpitantes.

Aurore lève enfin,
Pâlit astre lunaire.
Emerge peuple aux lèvres encor pantelantes,
Avançant lentement entre plâtreux amas,
Laissant enfants perdus ausculter les épaves profondes.

Au labour éventrées, parcelles argileuses
Lèvent exubérants plants
Aux lourds épis prometteurs.

L’acrostiche au sens original est un poème dans lequel sont placées en tête de chaque vers  successivement les lettres d’un mot ou d’une phrase. Une contrainte proche est l’acronyme, utilisé ici, qui s’inspire de la notion d’acronyme usuelle (PAF=Paysage Audiovisuel Français): les lettres d’un mot source sont placées chacune en tête  d’un mot du texte. Ici l’opération est réitérée tout au long du poème, et l’on parlera d’  « acronyme itéré » .
(Posté sur la liste Oulipo le 19 septembre 2012).

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14 avril

Aujourd'hui 14 avril,
jour de divorce pour la France.
Le président n'a plus
rien à entendre de nous.
Nous n'avons plus
rien à entendre de lui.

Le sel est répandu sur notre terre
le sable du désert a envahi nos rues
les nuages ont semé la nuit dans nos cœurs.

Nous prendrons des pelles
pour lutter contre le sable,
des armes pour chasser les nuages,
de l'eau pure pour laver notre terre,
afin qu'un jour
regerme la graine
de la fraternité.

Le 14 avril 2023 le Conseil Constitutionnel entérine une loi imposant 2 ans de travail supplémentaires pour l’obtention de la retraite, sans justification économique, en dépit de l’opposition de la population, en bafouant le rôle de l’assemblée nationale, par la seule volonté d’un président autocratique.

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Décis, mal en pis

Ai cessé
ressasser
ces cas rares,

Nu.

À rieuses tares
sus détresser
dur rets tissé
d'ardus tarares.

Nu,

aimai l'inconnu,
le clinamen calme :
ce moment ténu
où monta menu
un lent éclat alme.

Appelons ceci « sonnet exagérément irrationnel » : variante du sonnet irrationnel, il est tel que la strophe associée à la décimale k comporte k vers de k syllabes, composées avec k voyelles et k consonnes. Pour le reste, j’ai suivi les règles du sonnet irrationnel.
Publié sur la liste Oulipo le 13 avril 2023.

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