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Le cuistot de la caserne rue Cornélie Gémond

femme en herbe qu’en jonglant la mort vint surprendre
chant du père affligé jusqu’aux cîmes vibrant
de ton beau nom j’ai vu l’affichage à ces plaques
forgées pour qu’au marcheur beau trajet se dévoile

comme aux variations
nuit la rationalisation
sourit aux rations
la variationalisation

j’avais ma garnison qui bills d’alpins chiffrait
un grand cuistot vif mijotait bisques et perches
quel grand chef déjeuna de veau bardé et pommes
coq au vin frai d’un lump bar au jus ou hot dog

comme aux variations
nuit la rationalisation
sourit aux rations
la variationalisation

sous l’uniforme vert chaque bleu plein de joie
troufions adjoints pachas bravi galants quidams
jusqu’au préfet changeait, voie de la belle absente

comme aux variations
nuit la rationalisation
sourit aux rations
la variationalisation

chef jamais las d’inventer par quel beau génie
chaque bref jour multiples régals d’amour ivre
au corps qu’héberge veuf l’amour au temps jauni

comme aux variations
nuit la rationalisation
sourit aux rations
la variationalisation

Mis le 4 mars 2012 sur la liste Oulipo, en réponse à un défi lancé par Latelio:

« la pregunta secreta:
¿ d’où nous vient le mot
* variationalisation *
(all styles allowed) ?
les 29 meilleures définitions feront exemple
les autres peut-être aussi
tout le monde peut participer
y c. acad. »


Voici l’explication qui accompagnait mon texte:
« je me suis lancé dans une réflexion du type « A est à B ce que
C est à D ». L’idée de ration et de rationalisation qui en a
découlé, en lien avec la variation, m’a rappelé les nourritures
diverses et succulentes auxquelles j’ai goûté dans la caserne
sise rue Cornélie Gémond. Le sort émouvant de cette dernière,
honorée pour n’avoir point vécu, m’a paru faire un intéressant
contrepoint. Ceci m’a orienté vers une belle absente.

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PV détonnant

Des notes d’un fonctionnaire en guise de procès verbal:
Il détonna, je dénotai
Il lapa fort c’t’ eau, je l’apostrophai
Il te lança , je le tançai
« Il ne faudra », je fredonnai
Il baisa Elvire, je verbalisai
Il lâcha crocs, je l’accrochai
Il me tonna, je menottai
Il chevala, je l’achevai


Posté sur Oulipo le 13 février 2012 à l’occasion d’une discussion humoristique sur la confusion entre dénoter et détoner

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Perry-Salkow

Faim de Perry-Salkow : chant, bijoux qui voguez.
« Flambe, joyeux kahwa ! » quand avez écrit pages.
Jeux, qu’en rock dévoyiez, bègue fatwa, l’emphase,
Vil wazari qu’au champ faux judokas bégayent.


Pangramme hétéroconsonnantique (sauf le R de Perry): Chaque vers comporte toutes les lettres de l’alphabet.
Posté le 12 février 2012 sur la liste Oulipo en modeste hommage après l’envoi par l’intéressé d’un poème en pangrammes salué pour sa beauté.

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Solutions des doubles bêtes

Les doubles bêtes sont des mots croisés 6×6 sans case noire.
Chaque définition est constituée de 6 vers de 6 pieds sur un principe proche du bel absent: le 1er vers ne comporte pas la 1ère lettre du mot à définir, etc. (la contrainte complète donnerait trop d’indications sur le mot cherché)
Donc, horizontalement comme verticalement il y a six poèmes de 6×6
Ces deux 6-6-6 justifient le nom de « la double bête »

La double bête 1:

Les définitions sont ici

R E C A S A
E L I M E R
T E T E R A
A V E N T S
M E N D I E
E S T E R S

La double bête 2:

Les définitions sont ici

 R E T A P A
 E T A L A T
 C I T E N T
 I R I S A I
 T E N A I S
 A S S I S E

La double bête 3:

Les définitions sont ici

 T R A M A T
 R E S U M A
 E P I L E R
 M E N E N T
 P R E T E E
 A E R E E S

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Zeppelins

Les « avions » introduits par l’Oulipienne Michelle Grangaud sont composés en utilisant des abréviations, c’est à dire en enlevant des lettres à un mot. Par exemple « avion » est une abréviation d’« abréviation ». Robert Rapilly vient de proposer sur la liste les « zeppelins » qui sont l’opération inverse d’ajouter des lettres à un mot. La contrainte dure telle qu’énoncée par RR impose de plus que chaque mot du texte obtenu commence et finisse par une lettre du texte source. Je propose une version douce s’affranchissant de cette contrainte supplémentaire.

Premier essai :

Ayant reçu le message suivant envoyé sur twitter par @HugoLeMaltais
« Être poète, ne suffit pas. »

J'ai répondu en zeppelinant ( contrainte douce ):
« Entre prophètes, haine soufflerait paradis. »

Ainsi s'explique la virgule étrange dans la phrase initiale : il y avait un sens caché ! 

En suivant la contrainte dure, on pouvait mettre :
« Entre, prophète. Nuisance soufflerait paradis. »

Deuxième essai ( contrainte douce )

Au poète, un bavard oiseau
Causait fort, lui cassant la tête.
Le malheureux, snobant la fête,
Dut s'enfuir au delà des eaux.


À Maran, ara palabra : " Nada !" Là, cala d'anar bal : à Paraná rama. 

( à partir du célèbre palindrome « A man, a plan, a canal : Panama » dû à Leigh Mercer )

Posté sur la liste Oulipo le 27 septembre 2021

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La double bête 3

On part d’une grille de mots croisés 6×6 sans case noire.
Chaque définition est constituée de 6 vers de 6 pieds sur un principe proche de la belle absente : le n-ème vers ne contient pas la n-ème lettre du mot.
Contrainte sémantique: chaque sizain doit vraiment donner une définition du mot.
Donc dans chaque sens il y a six poèmes de 6×6.
Ces deux 6x6x6 justifient le nom de la double bête. Cette formule est utilisée ici pour la troisième fois ; on peut retrouver les doubles bêtes 1 et 2.
Posté sur la liste Oulipo le 31 janvier 2016.

https://i0.wp.com/cluster015.ovh.net/~talipo/wp-content/uploads/2016/01/grille-double-bete.jpg
Horizontalement:

A
Que l’homme au sombre cœur,
Tissant de nuit sa toile,
Ourdît un piège noir
En un secret couloir
Pour, revêtu d’un voile,
Se rendre enfin vainqueur.

B
De ce speech indigeste
Qui laissait assourdi,
Rayant adroitement
Redite, bégaiement,
Parenthèse funeste,
L’essentiel nous rendit.

C
Toison qu’on voit surgir
A l’ombre de l’aisselle,
Adorable donzelle,
Venez éradiquer
Pour n’ici point rougir
D’un physique moqué.

D
D’un flot de points raflés
Ils ont, au long du match,
Plus que leur adversaire,
Bâti l’octroi du scratch.
L’étau qui se desserre
Les libère, envolés.

E
Ce n’est en rien un don,
Cette gemme au vert pâle
Qu’aujourd’hui sur ton col
J’allie à ce beau hâle,
Pour un soir lourd d’alcool
Où luira corindon.

F
Un souffle enfin pénètre,
Offrant un parfum frais
De pistils envoûtants
Aux maisons du marais.
Avis aux habitants :
Ouvrez chaque fenêtre.

Verticalement:

1
La flamberge d’acier,
Qu’ensanglantait la flamme,
Il attrapa soudain.
Où se glisse l’ondin
S’abattant, belle lame
Mugit, tel supplicié.

2
Enfin c’est le fanal
Dont nous voyons surgi
L’amer, et qui nous guide
Sous l’horizon rougi,
Quand la vague languide
Sans fin bruit au canal.

3
Je suis devenu bête
A perdre mon latin.
Où se trouve ma tête ?
Ma mémoire est volage.
Si tu as du plantain
Donne-m’en le potage.

4
Au creux de sa coquille
Elle attend dans le temps
Sans rire et sans courir.
Un courant froid montant
La frôle de sa vrille
Jusqu’au jour où mourir.

5
Elle qu’on vint chercher
En sa pauvre cachette
Au son du tambourin,
Je la veux, je l’achète !
Fit l’infant qui louchait,
Haussant son cou taurin.

6
De leur disque lunaire,
Sous un plein-cintre noir,
La face en se gonflant
Prend le bronze du flan
Pour offrir au manoir
Un prodige ordinaire.

La solution est ici.

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La double bête 2

On part d’un mot croisé 6×6 sans case noire
Chaque définition est constituée de 6 vers de 6 pieds sur un principe proche du bel absent : le n-ème vers ne contient pas la n-ème lettre du mot.
Contrainte sémantique: ils doivent vraiment donner une définition du mot
Donc dans chaque sens il y a six poèmes de 6×6
Ces deux 6x6x6 justifient le nom de la double bête
(Posté sur la liste Oulipo le 11 mai 2012).

Horizontalement:

A
honteux à sa machine
au tic tac soudain tu
repéra la coquille
l’omission de cédille
froissa l’acte contus
récrivit ses lettrines

B
passion montant d’un cran
face au brelan de reines
eût-elle en ce soir gris
chargé de mistigris
dû présenter sereine
son carré de rois francs

C
le parfait assassin
tous veulent au procès
l’assigner sans délai
car à la cour il plaît
de stopper les excès
d’un odieux spadassin

D
astre à l’ardeur fusée
en tumulte joyeux
d’outremer et garance
je plaquai la brillance
de mes pigments soyeux
sur la pure rosée

E
à deux mains malhabiles
au froid d’un soir mauvais
où tremblais  sous le porche
blême en reflet des torches
tes pouces gourds clavés
à la ration civile

F
tu surgis du couloir
au train de l’infirmière
et du fauteuil roulant
tu t’accoudes voulant
reprendre mine fière
tu souris au parloir

Verticalement:

1
il avait bien en tête
trois quatrains d’un ami
il monta sur l’estrade
précédant la parade
par des vers insoumis
et tout s’emplit de fête

2
jours aux jours s’ajoutant
quand s’égrène l’ennui
temps morts où l’on marmonne
allongés monotones
du matin à la nuit
dorment comme un étang

3
parfums de caramel
bouts de pommes qui dorent
amour de demoiselles
saupoudrant de cannelle
et la pâte s’accore
aux morceaux d’or charnel

4
monstre rogue et sévère
commande numérique
j’y fixai mon outil
un axe débruti
de forme cylindrique
se creusa en tuyère

5
son fleurage doré
pour unique richesse
offrait aux temps passés
son pivot enfoncé
que le serf en détresse
à grand faim dévorait

6
tout près de l’extinction
sur la braise encor chaude
darde le bouffadou
sous un long souffle doux
la flamme rampe et rôde
soudain court la passion

On trouvera la solution ici

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La double bête 1

On part d’un mots croisés 6×6 sans case noire
Chaque définition est constituée de 6 vers de 6 pieds sur un principe proche du bel absent: le 1er vers ne comporte pas la 1ère lettre du mot à définir, etc. (la contrainte complète donnerait trop d’indications sur le mot cherché)
Donc, horizontalement comme verticalement il y a six poèmes de 6×6
Ces deux 6-6-6 justifient le nom de « la double bête »
(Envoyé le 5 février 2012 sur la liste Oulipo)


123456
A
B
C
D
E
F
Horizontalement:

A
lendemain d’élection
sortant d’un isoloir
un sombre président
déchu de ses fonctions
trouva un job au noir
près de ses confidents

B
d’un joli pantalon
aux motifs chatoyants
à prolonger l’usage
au delà de son âge
garnir d’un trou  voyant
l’étoffe et le galon

C
la chaleur d’une mère
au nourrisson blotti
en sève nourricière
s’offrira instant fort
puis l’enfant tout petit
repu sourit et dort

D
les horizons brumeux
jalonnés d’espérance
futurs gros d’inconnu
la comtoise se meut
qu’on surveille en silence
à l’aube au jour ténu

E
elle est devant la porte
la main s’arrondissant
et le regard baissé
qu’ignorent les passants
elle peut être morte
chacun va chacun sait

F
doux alcool assorti
au mordant de l’acide
mariage coupable
d’un clapot amorti
de chatoyance instable
un parfum naît limpide

Verticalement:

1
il tombe de fatigue
pris d’accablants frissons
refuse d’avancer
ses pleurs rompent les digues
il voit le sol danser
il mugit sans un son

2
gamins toujours vivants
prêts à prendre une route
sans poids ni tradition
l’oreille est à l’écoute
d’un discours captivant
ouverte à l’émotion

3
ils ont lu tant de livres
les mots sont tous présents
vivaces comme flammes
on voit surgir grisant
que guillemet délivre
l’or pur sous leur calame

4
un jour ensoleillé
j’allais à fond la caisse
un dispositif gris
à l’air ensommeillé
a flashé ma vitesse
on subira son prix

5
façonnant un calice
dans l’or pour un rubis
aux éclats abyssaux
l’ouvrier a fourbi
au creux de ce vousseau
un flamboiement duplice

6
ce mont qui te domine
aux imposants pitons
de cèdres couronné
tu veux le tamponner
tout roc fayard mouton
cède au bull qui lamine

On trouvera la solution ici

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Portrait en anagramme

Soir: sac à zyklon





Participation à une série d’envois de « portraits en anagrammes » par différents membres de la liste Oulipo.
J’avais mis le commentaire suivant:
Un peu poussé, mais avec des lettres pareilles difficile de faire grand chose d’aimable. Avec des gens pareils on n’a pas beaucoup de choix.
Publié le 17 janvier 2012

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Bad trip

Part, ignorant du sens, délivré du temps.

Et pour cela préfère ciel gris
Diluant bien les rires plein bord.

Vorace ose le rêve encor cru
Que rien de fini, ni sec, n'usa.

Aisément perd-il noir tic latent
De compter mises, profits, digits, récrits.

Il n'hérite ni d'un lingot, ni fil d'or.
Nocif cheminot il bondit, l'instinct dru.

Un soir long, si long, l'idiot brisa
Sans un mot licol d'indics si impotents.

Déjà, d'un ton gris, dix cops vont-ils, suris,
Crier à fugitif « Oh corrosif porc ! »

Porc sied à l'idiot pur : mot congru.
D'un bond vif s'en vint, gris sur fond d'or colza.

Par un joli cri, pic mar sort uts contents
Et à l'unisson grive, d'uts, sort un ris.

L'ivre garçon vint droit au grand nord,
Profilé sur l'horizon tel cabéru.

Un croissant, d'un or pur, ciel brisa
Au bord des lacs qu'alors vit longtemps.

Le salut vint de l'astre : du Sol l'hubris
Vite ramollit le frimas sur l'abord.

L'osier, qu'or insole, cache ru.
Un robin au roux vif devisa.

Au flot égal d'un lac boit longtemps
Et dans un rire chasse butor surpris.

Il est alors investi par un castor
Dont il s'est cru honni comme rat ventru :

D'un noir salut fournit le visa,
Sans un nom, et sans un tampon nilpotent.

L'eau vive lave du corps mûri
Pieds, bras, poings, le livrant nu sans tort.

Sort piteux, froid, tombe là recru,
Un poil las du sort qui le grisa.

Au trot s'en va : « Tu as froid ! sors-t-en !
C'est dans un rire amer qu'on mûrit »

Fils de castor, il s'en vint à un grand port
Dont lit ne put s'offrir, forcé manger cru.

Un soir, au bord du rift, dégrisa,
Las du monde bas, du mal omnipotent.

Prenant un linge blanc et, d'un pot, un bris,
Il versa son kil de fin sang d'un plat-bord.

« Monsieur rosit flots ! de glas féru ? »
Plut voix : chaud, son surin remisa.

Dans un songe a vu bras. Doigts l'on tend.
« Et la suite ? » - L'ange nu sourit.




Après l’invention par l’Oulipien Jacques Roubaud du HOG ( haïku oulipien généralisé ) dans lequel tous les nombres (de syllabes, strophes, vers par strophes, syllabes par vers) sont premiers, diverses généralisations ont été proposées notamment par Gilles Esposito-Farèse ,TOG, ROG, pour tanka, renga, puis les métatogs qui relaxent la contrainte : ici toute troncation à un nombre impair de vers donne un total premier de syllabes. Le poème ci-dessus est un métatog alternant des vers de 11 et 9 syllabes. Voici sa structure, dont GEF a vérifié qu’elle est maximale en nombre de vers :

11 + 9+9 + 9+9 + 9+11 + 11+11 + 9+11 + 11+11 + 9+11 + 11+11 + 9+11 + 9+9 + 11+11 + 9+9 + 9+11 + 11+11 + 9+11 + 9+9 + 9+9 + 9+9 + 11+11 + 9+11 + 11+11 + 9+9 + 9+9

La longueur 9 m’a immédiatement dirigé vers « et pour cela préfère l’impair », deuxième vers de l’art poétique de Paul Verlaine, qui justement compte 11 voyelles. D’où l’idée de construire le poème sur des vers tous de 11 voyelles, dont les listes seraient générées par la contrainte du « jeu de la vie ».

Mais « et pour cela préfère l’impair » de longueur 9 ne peut malheureusement pas figurer, car sa liste de voyelles n’est jamais obtenue sauf en 1ère position dans le jeu de la vie. J’ai donc mis en 2e vers ce qui en approchait le plus. Il se trouve que par hasard ici la dernière voyelle des vers suit une périodicité sur les 5 voyelles, ce qui m’a conduit à respecter un schéma de rimes.

Posté sur la liste Oulipo le 27 septembre 2021

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