ses sujets nous le savons bien sauront un jour la vérité sauront qu'un puissant homme a fait d'eux des assassins ce jour-là ils découvriront sous des lambeaux de béton un enfant dans des bras aimants tout est mort
L’opération de paix
à Aslı Erdoğan
Vers sauvages. Œuvre où grave rage. O Sœur à verve ravageuse ! Au rivage s’agrège vase où ruse s’égare : Ose voguer, rouge gourse, sur vague susurreuse où vue ouvre vers aurore. Aga voue Œuvre où grave rage A ses rouages égorgeurs. Réseau gore agresse gueuse, rosse, serre gorge. Sous servage, Œuvre où grave rage Verse sève à grosses gorgées. Sage orage, Son lied noir de rage Sauve rêve.
Ce poème accueilli par Hélène Verdier sur son beau site Simultanées dans le cadre de La Ronde de septembre 2016 dont le thème est « ouvrage(s) », est dédié à Aslı Erdoğan, femme de lettres emprisonnée dans les geôles turques. Ce texte suit la contrainte du beau présent selon laquelle il est écrit
avec les seules lettres eu mot « ouvrages ». La forme utilisée est le bigollo : dans chaque strophe les vers ont pour longueur les nombres successifs de la suite de Fibonacci 3-5-8-13-21… et les strophes sont de longueur décroissante; par ailleurs les vers de longueur 5 sont identiques, formant une sorte de refrain. En hommage à la dédicataire, un double clinamen (dérogation aux contrainte) est ménagé dans l’avant dernier vers : il ne respecte pas la règle du refrain, et ses lettres sont en beau présent sur le nom « Aslı Erdoğan ».
Le prix de la vie : Précédent Suivant
Ce recueil expérimente une forme de poèmes basés sur les suites de Fibonacci. Leonardo Fibonacci ne s’est jamais de son vivant nommé ainsi : il se faisait appeler Leonardo Bigollo ou Leonardo Pisano. En hommage à ce mathématicien important -c’est notamment lui qui introduisit en Europe les chiffres arabes- cette forme est intitulée « bigollo » ce qui signifie en Italien « Vagabond ».
Ces poèmes sont basés sur la suite de Fibonacci(3,5) dont les premiers termes sont:
3 – 5 – 8 – 13 – 21 – 34 – …
(chaque terme étant la somme de ses deux prédécesseurs). Le quotient de deux termes successifs se rapproche de plus en plus du nombre d’or, proportion idéale des anciens.
Les longueurs des vers de ces poèmes sont données par les premiers éléments de cette suite. Ces textes sont formés de suites à départ décalé, de plus en plus courtes. Le vers de longueur 5 sert de refrain. On trouve des bigollos simples (3-5-8-3-5-3), grands (3-5-8-13-3-5-8-3-5-3), très grands (3-5-8-13-21-3-5-8-13-3-5-8-3-5-3).
un aven
un vagabond
bigollo a Dora
il bigollo
ce n’est rien
au déclin
le planeur
par carte bleue
la virée
il bravo

Lavande et Zygène
Rire ouvre marges
déploiement
sous l’horizon
les contrebandiers
mots d’enfants
vent sauvage
envol
la forêt
La bréhaigne
L’image illustrant cette page montre un poème isocèle que Strofka m’a fait l’honneur de réaliser le 21 mars 2013 en utilisant des passages d’un poème de ce recueil: « il bravo ».