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La ronde : mai

La ronde est un échange périodique bimestriel de blog à blog sous forme de boucle. Le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième, et ainsi de suite. Pour chaque échange, un thème, un simple mot : aujourd’hui «Mai».

Je suis heureux d’accueillir cette fois-ci Quotiriens.

Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains…
C’est en musique qu’il me revient, un La mineur, un Ré mineur, notes laborieuses sous des doigts gourds, déclamé en confession aux accents trop sourds, trahis par des fusées de décibels vertes quand la voix, comme le corps, hésitent encore. Apollinaire n’était alors qu’un sujet du bac de français; Alcools, un terme agréable au contenu vide. Les guitares étaient nos mandolines, un feu étrange nous parcourait qui, à notre grande honte, finissait par trahir ce que nous tenions tant à cacher quand il provoquait à fleur de peau ses terribles volcans. Plus tard, mais le Rhin toujours, la Bavière, les cygnes, les sorcières et les jeunes filles, les chevaliers les rois les armures étincelantes, les longues chevelures au fil du courant entre les branches noyées des saules. Albertine bien sûr, l’odeur d’aubépine après la pluie de printemps sur la route de Méséglise. Valkyries, ondines, sirènes, Ophélia que je cherche dans chaque cours d’eau qui passe. Ces jeunes filles drapées en des lins transparents resteront inaccessibles en haut des hautes berges, reflets évanescents entre deux eaux. Le Mai, le joli mien, quand je ferme les yeux, est avant tout médiéval, romantique, germanique et préraphaélite.
Celui des années 70, un siècle trop tard.
…Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes.
La nature reprend ses droits, la sève bouillonne à nouveau et dans l’air frissonnent des milliards d’élytres. Allongé dans l’herbe jeune, un vent léger fait frémir l’atmosphère quand pointent ça et là quelques farfadets. Surtout garder les yeux fermés, tenir pour ne pas laisser s’enfuir l’instant et ses graciles demoiselles.

Pour ma part je suis très honoré d’être accueilli chez Gilbert Pinna qui publie «La ronde de mai». Voici comment, ce mois-ci, va la ronde :

Noël Bernard
chez Gilbert Pinna
chez Cécile R
chez Wana
chez Dominique Boudou
chez Hélène Verdier
chez Jean-Pierre Boureux
chez Elise
chez Dominique Autrou
chez Quotiriens
chez Noël Bernard

[ première publication sur l’ancien Talipo 15 mars 2015 ]

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Empreinte de la Saint-Valentin

La ronde est un échange périodique bimestriel de blog à blog sous forme de boucle. Le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième, et ainsi de suite. Pour chaque échange, un thème, un simple mot : aujourd’hui « Empreinte(s) ».

Je suis heureux d’accueillir Guy Deflaux.

La ronde autour du mot empreinte(s) tourne dans ce sens :
JP Boureux chez
Guy Deflaux
noël talipo
Élise L.
quotiriens
Dom A.
Hélène Verdier
le promeneur
Céline Gouël
JP Boureux

[ première publication sur l’ancien Talipo 15 février 2016 ]

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Le prix de la vie

signal a rôdé

à Aslı Erdoğan

Vers sauvages.
Œuvre où grave rage.
O Sœur à verve ravageuse !
Au rivage s’agrège vase où ruse s’égare :
Ose voguer, rouge gourse, sur vague susurreuse où vue ouvre vers aurore.

Aga voue
Œuvre où grave rage
A ses rouages égorgeurs.
Réseau gore agresse gueuse, rosse, serre gorge.

Sous servage,
Œuvre où grave rage
Verse sève à grosses gorgées.

Sage orage,
Son lied noir de rage

Sauve rêve.

Ce poème accueilli par Hélène Verdier sur son beau site Simultanées dans le cadre de La Ronde de septembre 2016 dont le thème est « ouvrage(s) », est dédié à Aslı Erdoğan,  femme de lettres emprisonnée dans les geôles turques. Ce texte suit la contrainte du beau présent selon laquelle il est écrit
avec les seules lettres eu mot « ouvrages ». La forme utilisée est le bigollo  : dans chaque strophe les vers ont pour longueur les nombres successifs de la suite de Fibonacci 3-5-8-13-21… et les strophes sont de longueur décroissante; par ailleurs les vers de longueur 5 sont identiques, formant une sorte de refrain. En hommage à la dédicataire, un double clinamen (dérogation aux contrainte) est ménagé dans l’avant dernier vers : il ne respecte pas la règle du refrain, et ses lettres sont en beau présent sur le nom « Aslı Erdoğan ».

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Un mouvement perpétuel

Enviant de ces gens la passion tenace
Il pose des billets à tâtons puis frémit
Lorsque le défiant l'abusant on rit fort
Un cave mise gros ça va valser un coup

Pâle il sent sinuant l'envahir mal brutal
C'est l'hiver s'imposant et bat le sang de glace
Bille filoute passe passe ralentit
Bondit sort du rail et sans égards te dit « Non »

Du rouage nocif enrage l'inconnu
Au grand déni du sort mise sitôt jurant
Et pâle tripotant d'un doigt ossu l'argent

Il sent l'infortuné chant qu'ont brûlants désirs
Tocsin fou la bille sans nuance dit « Non »
Du rouage nocif enrage l'inconnu
https://taliporefleuri.files.wordpress.com/2021/06/0b315-1280px-automates-jaquet-droz-p1030490.jpg
Les automates Jacquet-Droz, musée de Neufchâtel (CH)                                                          (Rama, Cc-by-sa-2.0-fr)

Ce poème est ma participation à l’opus du 15 mars 2015 de « La ronde », un échange entre blogs sur un thème donné – ici « Le jeu ». Il a été publié sur le blog de Dominique Autrou tandis que sur talipo j’accueillais Hélène Verdier pour son beau tombeau de Stéphane Mallarmé.

Ce sonnet non rimé est composé selon la contrainte du jeu de la vie, à partir du vers « Enviant de ces gens la passion tenace » extrait du poème de Charles Baudelaire « Le jeu ». Dans cette contrainte inspirée d’un célèbre automate cellulaire, toutes les voyelles, déterminées par application des règles de cet automate, sont imposées. En appliquant ce jeu au vers de Baudelaire, j’ai observé qu’à partir du quatorzième vers une répétition infinie se met en place, d’où l’idée de mouvement perpétuel bien en accord avec le sens du poème.

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La ronde du 15 mars : jeu

La ronde est un échange périodique bimestriel de blog à blog sous forme de boucle. Le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième, et ainsi de suite. Pour chaque échange, un thème, un simple mot : aujourd’hui «Jeu».

Pour ma première participation à la ronde, je suis heureux d’accueillir Hélène Verdier.

https://i0.wp.com/cluster015.ovh.net/~talipo/wp-content/uploads/2015/03/verdier2.jpg
https://i0.wp.com/cluster015.ovh.net/~talipo/wp-content/uploads/2015/03/image-verdier-ronde.jpeg
Valvins, le jardin vu par la fenêtre de la chambre de Stéphane Mallarmé.

Hélène Verdier écrit à propose de ce texte:«Voici donc, en 707 signes (espaces comprises) un tombeau de Stéphane Mallarmé. faisant suite à ma visite à Valvins à l’automne dernier.– 707 signes, – 7 vers de 12 syllabes, deux fois, séparés par 1 vers monosyllabique, 1 vers qui tend, dans sa forme, le Ô des poètes, vers l’impossible zéro.L’ensemble fait bien sûr référence au dernier poème : un coup de dés jamais n’abolira le hasard, qui contient 707 mots.cf : le nombre et la sirène, par Quentin Meillassoux, Fayard, 2011.»

Pour ma part je suis très honoré d’être accueilli chez Dominique Autrou qui publie «Un mouvement perpétuel». Voici comment, ce mois-ci, va la ronde :

[ première publication sur l’ancien Talipo 15 mars 2015 ]

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Systoles

Trois amis

Il a de nouveau levé ses mains, paumes ouvertes, vers le symbole d’espérance en marmonnant deux phrases sacrées, puis s’est retourné vers la poignée de parents, vers les anciens collègues qui avaient suivi silencieusement le déroulement de cette belle cérémonie.

Y a-t-il, invita l’officiant, parmi ses proches et ses amis une personne qui souhaite évoquer le souvenir d’un moment fort partagé avec Raymond ?

Eut-il le sentiment d’être au fond d’un puits quand l’écho de sa voix rencontra ce vide lourd qui stagnait entre ces cousins et ces voisins, incapables de se rappeler le moindre échange avec le défunt ?

Un pigeon, traçant inlassablement des diagonales sous la coupole de béton dont la lumière bleutée l’emprisonnait, scrutait à chaque passage l’assistance pétrifiée, s’étonnant de ce silence qui rendait assourdissant le froissement de ses ailes.

Grand coup de tonnerre : s’ouvrent à plein fracas les deux battants du porche, laissant le passage au titubement sonore de quatre pieds de fonte : le banc public du square Paul Éluard s’approcha lentement de la tribune et se tourna vers le cercueil de carton gris.

Rire nerveux, légère agitation des mains, toux furtive : la surprise cédait la place, dans les rangs de l’assistance, à une incompréhension mêlée d’une pointe d’irritation.

Triste, le banc grinça longuement, puis il prit la parole:

La fraîcheur du soir ramenait chaque jour Raymond vers moi, s’aidant de sa canne caoutchoutée, et j’étais heureux de sentir ce poids léger retrouver le confort de ma planche galbée, pour un long moment de rêverie que nous partagions en silence.

Pendule, approche-toi pour rappeler avec moi ces choses simples de tous les jours : un petit homme toujours vêtu d’un gilet de laine bleue contemplait avec moi sans bouger quelque mère poussant avec douceur un landau protégé d’une moustiquaire et tournant vers nous un sourire tranquille, quelque chien boiteux ponctuant d’un faible grelot chaque virage de sa trajectoire aléatoire, quelque désordre de mésanges se disputant les miettes d’une gaufrette, et nous attendions ensemble que tu égrènes tes sept tintements cristallins, signal de la fermeture du square.

S’avançant à son tour l’horloge, qui avait déserté le poteau métallique où les promeneurs avaient coutume de la consulter prés de la fontaine centrale du petit square, rejoignit lentement le banc de bois, abaissa sur le défunt ses deux aiguilles de laiton doré, puis évoqua le jour où l’enfant trébucha sur la racine d’un platane, où Raymond se leva d’un bond, se précipita vers ce petit aux pleurs assourdissants, nettoya la plaie de son joli mouchoir beige, et découvrit au fond de sa poche un bonbon à la violette qui fit cesser les larmes et les cris, et – dit-elle – je vous revois tous les trois, le vieil homme, l’enfant, assis côte à côte, et toi le banc, qui de bonheur paraissais plus droit et plus brillant qu’à l’ordinaire.

Arrêta de battre plusieurs minutes la pendule du square Paul Éluard, que l’émotion fit retarder pour la première fois de son existence .

Une seule occasion – ce fut ce jour-là – reprit le banc public, m’a permis d’entendre la voix de Raymond, une voix douce et qui chantait un peu, une voix qui laissait filtrer une émotion vraie, comme amoureuse… et depuis j’ai tant de fois espéré l’entendre à nouveau, mais non, mon ami se contentait de s’arrêter devant moi, et de me caresser un instant d’un geste un peu gauche avant de s’asseoir.

Bête que je suis, bien sûr que ce n’était pas une caresse : il essuyait simplement sa place pour casser quelques graines tombées des arbres !

Fauve à l’origine, par la fantaisie d’un employé de mairie las de l’éternel vert sapin des bancs de la commune, le vieux siège mois après mois avait pris une teinte indéfinissable, un brun vaguement rosé, où tranchait une zone totalement dépeinte, à l’endroit que Raymond choisissait toujours pour s’installer.

Sauvait sa peau qui pouvait, dans les temps anciens, poursuivit cet humble mobilier urbain, les corps étaient maigres, les dos cassés et les mains calleuses, mais on ne laissait pas un vieillard seul dans son coin, comme Raymond qui pendant de longues années n’avait plus rencontré quelqu’un pour parler, sauf cet enfant… et sauf moi bien entendu, avec qui ces quelques heures quotidiennes étaient devenues une conversation silencieuse qui nous faisait du bien à tous deux.

Ses moindres tics, ses manies, nous les savions par cœur.

Petits plissements du nez quand le soleil sortait soudain d’un nuage, sifflotement sur deux tons lorsqu’un moineau s’approchait des miettes qu’il avait éparpillées, tâtonnement de la main pour vérifier cent fois que sa canne était toujours posée à côté de lui,autant d’occasions pour échanger, la pendule et moi, des clins d’œil joyeux.

Rires d’un groupe d’enfants, se souvient l’horloge, aboiement du chien de la joggeuse de seize heures trente, pétarade de la tondeuse, au moindre bruit nous le voyions tressaillir, frissonner, puis il suivait d’un regard plein de passion l’évolution du phénomène.

Opaques soirs d’automne où l’ombre tombait vite et le jardin restait désert, saturé d’une brume qui nous emplissait tous trois d’une humeur grise, où les oiseaux transis cessaient de chanter, et nous restions comme trois pierres rejetées par un fleuve, écoutant le raclement sur le sol des feuilles tournoyantes.

Dans ces moments-là nous avons parfois vu Raymond partir d’un rire tonitruant, un rire fou, le rire de celui dont un souvenir atroce remontant à la surface vient soudain raviver une plaie ancienne.

Des rangs de l’assemblée, pas un souffle ne troublait le silence médusé d’hommes à qui même le visage de Raymond ne rappelait plus rien.

Cadres supérieurs, employées de bureau, manutentionnaires, cuisiniers, ils avaient suivi chacun leur chemin sur une terre qui colle aux semelles et qui engloutit ceux qui ne courent pas assez vite.

D’un coin reculé du petit édifice un soupir imperceptible échappa des lèvres d’une vieille femme au visage envahi de rides, qui avait jugé convenable de venir se recueillir sur cet homme chez qui, s’apercevant que sa porte d’entrée ne fermait pas, elle avait voulu porter une lettre restée bien longtemps sur la fente de sa boîte obstruée par les prospectus, et l’avait découvert étendu sur le sol depuis plusieurs mois.

Agonie sans tapage du vieillard qui tombe un jour, abandonné par ses forces, sur un carrelage dont le damier beige et jaune un peu sale, un peu usé, s’imprime dans ses yeux qui savent ne plus devoir rien regarder d’autre jusqu’au bout de l’attente.

Autant, pensa l’officiant lorsqu’il vit les deux amis descendre les trois marches et, après un instant de recueillement devant la pauvre boîte que nul n’avait songé à fleurir, regagner le portail dont les vantaux se refermèrent en grinçant, autant clore ici le rituel, libérer tous ces pauvres gens, et laisser longuement sonner l’enregistrement de cloches en stéréo.

De quelques versets traditionnels fut conclue la cérémonie et les lumières se rallumèrent tandis que le cercueil sortait de la pièce sur quatre roulements à billes.

Nudités dernières, instants où l’on ne peut tricher, regards sans appel que dardent à travers la paroi les cadavres défilant entre deux rangs de visages qui ne peuvent faire autrement que d’être là.

Tournant les talons dès l’ouverture de la porte, chacun s’éclipsa très vite et le soleil de la rue vint laver cette grisaille gluante qui s’était collée sur les visages et sur les épaules.

En débouchant sur le trottoir où régnait à nouveau la vie hâtive et klaxonnante, les cousins du défunt aperçurent la pendule et le vieux banc retirés à l’écart dans l’ombre d’un mur aveugle sur lequel tout collage d’affiche était défendu sous peine de poursuite.

Dérision salutaire après cet épisode où mille invisibles nœuds avaient comprimé leur poitrine jusqu’à l’asphyxie, trois cousins de Raymond firent mouvement vers le couple insolite, déréglèrent les aiguilles, puis s’asseyant lourdement sur le banc s’essayèrent à des poses lascives.

Leur élan parut se briser : leurs gestes devenaient moins vifs, leurs sourires s’effaçaient petit à petit, l’un après l’autre ils s’immobilisèrent et leurs figures rendues cireuses devinrent le visage de la tristesse même.

Pâleur du soleil de novembre dont le nimbe ôte à la ville son relief, dissout les couleurs de son acide transparence et retire toute consistance à ce groupe d’hommes accablés sur les joues grises desquels seule scintille une furtive larme.

Tournant le coin d’une allée reculée, cimetière Saint Roch, j’ai découvert sous l’ombre fraîche d’un catalpa la tombe de Raymond, un homme que je n’ai pas connu.

En face de la plaque déjà presque effacée se tenait un banc public bizarrement peint de la couleur des feuilles mortes ; sur le côté, au sommet d’un poteau métallique, était perchée une pendule dont les aiguilles ne tournaient plus ; et tout cet ensemble, qu’à l’évidence personne ne venait jamais entretenir, était recouvert d’une poussière donnant l’impression d’un éternel crépuscule.

Dérision posthume réservée par une famille facétieuse à quelque disparu par trop original ? respect d’une dernière volonté découverte avec stupeur à l’ouverture d’un testament ? dispositif imaginé par une veuve impotente qui pouvait ainsi venir s’asseoir pour se recueillir sur la tombe du compagnon de toute une vie ?

Les recherches m’ont permis de remonter jusqu’au registre dans lequel l’officiant a rapporté la cérémonie qui l’avait déterminé à ne pas séparer trois amis que la vie avait si étroitement unis.

Yeux tout embués, indifférent à l’heure tardive, après avoir refermé le cahier dont l’encre dansait encore devant moi, j’ai marché jusqu’au cimetière dont la grille fermée m’interdisait de revoir cette scène qui occupait toute ma pensée.

Vertueux clerc, capable à ce point d’émotion, quelles démarches te furent-elles nécessaires, quel sacrifice sur ton petit salaire, quelle ténacité pour faire bâtir cette absurde tombe pour un vieillard oublié de tous ?

Du petit square ainsi reconstitué, les oiseaux du quartier on fait leur royaume, mésange, moineau, pic épeiche, hoche-queue, et de leur manège désordonné le vieux banc, l’horloge arrêtée, le vieil homme endormi ne perdent pas une miette.

Phare sans lumière, au milieu du ressac des saisons, l’immobile trio ne cesse de scruter la dérive des vies échouées.

Des personnes qui assistèrent aux obsèques, mes recherches n’ont pu retrouver la moindre trace : toutes sauf Raymond, le banc, la pendule, ont sombré dans les ombres molles de l’oubli.

Naufrages.


Le présent texte est ma contribution à la Ronde de mai 2018, dont le thème était « souvenir(s) ». Il a été publié sur le beau site de Jacques « La vie de Joseph Frisch » tandis que j’accueillais avec joie Hélène Verdier pour son magnifique « Faux-Dormants ». A la manière d’un célèbre poème crypté adressé par  Alfred de Musset à George Sand, ce poème en prose est un acrostiche de mots : Chaque vers (prenant ici la dimension d’une strophe entière) commence par l’un des mots du poème de Paul Eluard « Souvenir affectueux ».

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