Urgence ! Mourance. Démence avance. Souffrance intense, commence errance. L'enfance ne pense, ne danse. Silence. La France est rance.
Sonnet monorime de dissyllabes.
Publié sur la liste Oulipo le 21 novembre 2023.
Urgence ! Mourance. Démence avance. Souffrance intense, commence errance. L'enfance ne pense, ne danse. Silence. La France est rance.
Sonnet monorime de dissyllabes.
Publié sur la liste Oulipo le 21 novembre 2023.
Du savant crois un sanglot voir qui d'un pouvoir fol vous dota, arrogants chamans du Gotha qui vont fourbir croc ou tranchoir si point n'accroît d'actions l'avoir qu'un commis mal boursicota, vous dont la passion d'apostat conduit à bannir tout savoir qui fait trop voir où court galop. Dans tout profit Mort a son lot. Du cours grimpant à taux massif la plupart n'ont droit qu'à graillons. Il faut nourrir d'un grain nocif tout paysan portant haillons, tout manant dormant au trottoir, chassant rital, bougnoul, rasta, fixant à l'OS lourd quota, assignant à nana lavoir. Du savant crois un sanglot voir, qui d'un pouvoir fol vous dota. Humains, quand l'amour vous quitta, du marigot monta jus noir noyant sols sous un fatal flot. Dans tout profit Mort a son lot. Ô vil actif, ô sourd passif, qu'insouciants idiots nous raillions, tous mourront, ramas implosif, quand surgiront vos bataillons.
Appelons cette forme un « double sonnet népérien ». Inspiré par les décimales du nombre e == 2,71828 ( dont pour le thème il s’inspire également du rôle dans la croissance exponentielle ), ce poème comporte des strophes de 2,7,1,8,2,8 vers, soit un total de 28 vers qui m’a conduit à adopter deux fois de suite le schéma de rimes du sonnet. Les strophes courtes m’ont paru propices au recours à des sortes de refrains.
Notons que 28 vers correspondent aussi à une ballade en octosyllabes. Je me suis un peu inspiré de la ballade, notamment pour les refrains et une espèce d’envoi. Mais pour le schéma de rimes j’ai préféré le sonnet double qui permettait mieux de placer les refrains aux bons endroits.
Le savant qui sanglote, c’est bien sûr Euler, qui a introduit le nombre e, base de la fonction exponentielle, mais n’oublions pas Neper dont les travaux ont introduit le logarithme et contribué à la mise en évidence de l’exponentielle.
Publié sur la liste Oulipo le 4 novembre 2023.
D'Élam, de Sahel, de Harar démarrent les mal armés, damés, amers, désamarrés. La mère les a hélés : Hélas mal m'a de dards lardée ! Ça et là sera semée ma smala. Ha ! Cèdent mes larmes. Des scélérats les ramassent. Scellés, ardés, l'âme arasée, dressés à raser les dalles, à l'arrêt macèrent malades. Delà ce dédale allés, errent, déhalés. Et les sassent la mer, la lame, le sel. À la rade l'alarme slame Là ! la marée a halé dames et mâles, ladres, marles, lésés, sales, mal rasés. Ah race de rats mal dressés, râlent les merles armés. À la mer ! et merde à Allah ! Serrés, hersés, harcelés, déradent ces hères, se cèlent. À messe de Mars se massent et dardent lames acérées.
Débutée dix ans après le naufrage de Lampedusa, et dans une situation épouvantable en France et dans le monde, la rédaction de ce poème a été difficile. Outre l’alternance 8/7 des vers, est mis en œuvre un bivocalisme littéral, ainsi qu’un hexaconsonantisme phonétique.
Publié sur la liste Oulipo le 15 septembre 2023.
Attal abat sa fatwa, crachant à la nana « À bas l'abaya ». Xi Jinping dit : Flic, si vis T-shirt incivil, d'incisif kriss, inscris « ci-gît » ! En terre perse les sergents de Mehmet enferment les femmes repérées en péché de mèches rebelles. Toronto : pognon. Congo : colons. Oxford : bobos. Novgorod : OMON. L'or corrompt ton corps. L'ordo rompt ton dos. Tu crus sûr un futur ? - pfutt ! D'un Ubu turc, d'un Trump US, tu sus but. Tu chus. Tu bus jus d'un humus brun. Tu fus l'usus d'un club d'urubus du cul. À fille son dû.
Poème en monovocalismes successivement sur les cinq voyelles, composé après la décision d’interdire l’abaya dans les écoles, officiellement dans un souci de laïcité.
Publié sur la liste Oulipo le 7 septembre 2023.
Ce matin je n'étais pas bien. Je me suis vu couvert de sang sur les deux mains, sur les poignets, sur les avants-bras. Comme ça colle, ce sang, comme il résiste au détergent, comme il macule tout. J'ai filé vers le lavabo. Je me suis vu dans le miroir. Il coulait de mes canines un filet rougeâtre. Ô vous, dieux qui me connaissez, vous qui me savez généreux, dites-moi : suis-je un criminel ? C'est alors qu'au milieu d'un torrent de rires vint vers moi, dans le frôlement de son manteau couleur de neige, un dieu beau comme le soleil. Il m'ouvrit, là, dans mon salon, au milieu du mur, une porte que j'ignorais. Et je vis les corps ballotés aux flots méditerranéens, les cadavres desséchés au vent fou du Sahel, les femmes éventrées au milieu des ruines aux poutres fumantes du Dombass. À genoux, j'ai vu l'agonie des non-blancs chopés dans la rue, des mauvaise femmes, des non-voilées et des gouines, des Arabes, Kurdes, Yéménites, Chinois dénoncés. Tous m'ont dit Mais pourquoi ? Ils me regardaient. Pourquoi toi ?
Cessez de me panthéoniser, de citer mon nom dans chaque école, quand près de moi l'ombre se désole des amis qu'on a martyrisés. Arrêtez de me canoniser quand, le cœur froid, perdant l'auréole, bénissez sous l'or de la coupole les soldats dont l'arme vous baisez. Pas question de me nobéliser quand ces enfants que dealers cajolent trouvent au creux d'une vapeur folle des mondes à l'envers irisé. J'interdis de me gréviniser, de me planter, grotesque babiole de cire, polystyrène et colle, sous des néons au jour tamisé. N'allez pas me tabloïdiser en une de la presse pipole, comme la merde dans la rigole que bouffe le lobotomisé. Non. Laissez moi, le sexe rasé, fuir gauchement sur ma jambe molle rejoindre les ratés qui picolent, moi que vous avez ubérisé.
Réaction épidermique face à la multiplication des canonisations par le Vatican et des panthéonisations par le gouvernement français.
un jour l'homme à la figure grise fut maître en déchargeant ses mousquets s'est emparé du navire alors nous qui voguions vers l'azur nous avons perdu le cap louvoyé contre le vent la cale fit embourrer de son or de son fabuleux trésor et la coque s'enfonçait fuyant la fange l'eau trouble les uns ont rejoint d'autres esquifs les autres se sont laissés débarquer sur des rives désolées en pleurs ils ont vu la voile bleue d'un vent orgueilleux gonflée disparaître sans un signe adieu compagnons que nous aimions hélas plus personne n'a les cartes nul ne scrute le sextant et moi je rêve au fond de la cale de cette nef et je sombre
On donne ici une seconde version du poème précédent, dans laquelle seule la longueur du dernier vers est modifiée, faisant apparaître un tog ( à 4 coupures donnant des hogs ) : 2+7+2 + 7+7+2+7+7+7+2+7+7+7 + 7+2+7+2 + 7+7 + 2+7+7+7+2+7+2+7+7+2+7+7. Le poème a été redécoupé, les strophes successives laissant apparaître ces quatre coupures.
un jour l'homme à la figure grise par force en déchargeant ses mousquets s'est emparé du navire alors nous qui voguions vers l'azur nous avons perdu le cap louvoyé contre le vent la cale fit embourrer de son or de son fabuleux trésor et la coque s'enfonçait dans la fange d'une eau trouble les uns ont rejoint d'autres esquifs les autres se sont laissés débarquer sur des rives désolées en pleurs ils ont vu la voile bleue d'un vent orgueilleux gonflée disparaître sans un signe adieu compagnons que nous aimions hélas plus personne n'a les cartes nul ne scrute le sextant et moi je rêve au fond de la cale qui sombre
Ce poème était joint à ma réponse à un correspondant s’inquiétant de la disparition de plusieurs représentants appréciés de la twittérature, qui ont déserté ce réseau social à la suite de l’appropriation de celui-ci par Elon Musk. Sa structure articulée en vers de 2 et 7 syllabes suit un processus d’augmentation/diminution s’inspirant un peu de celle du bigollo. On pourrait appeler cette forme « bigorno » par référence à la bigorne, enclume pointant dans les deux sens
Gilles Esposito-Farèse m’a signalé qu’en modifiant la longueur du dernier vers, ce poème devient un tog. Ceci m’a amené à faire une seconde version de ce poème, qu’on trouvera à la page suivante.
C'était un président haïssant peuple et plèbe. Bâillonnait les élus, les juges enchaînait. Sa police à tous les carrefours ratonnait. Survolait en avion les manants de la glèbe. Ignorait ce pays où splendide le grèbe orne les vertes eaux qui mirent le genêt. Méprisait l'ouvrier et traitait de benêt l'humble sage grattant le sol où croît la cèbe. Il fit trimer les vieux, casquer les affamés, riant de ces enfants qui erraient désarmés, quand l'argent aux puissants gonflait la tirelire. C'était un président par son peuple haï. Il ne savait entendre et refusait de lire. La stupeur le saisit quand son camp le trahit.
La présidente macroniste de l’Assemblée Nationale annonce aujourd’hui 7 juin 2023 que les amendements pour restaurer le projet de loi déposé par le groupe LIOT visant à abroger la réforme des retraites ne seront pas examinés. Après les articles 49-3 et 49-1 le gouvernement a trouvé encore le 40 pour priver les députés de tout débat sur cette réforme. Ce sonnet est de circonstance.
Une chanson ressurgie du monde heureux. Chanteuse enveloppée mystérieusement des lumières mal affirmées. Son froid du souterrain, qu'amuït ténèbre. Sourde peur imprégnant, indicible, diffuse, leurs regards enflammés accompagnant intensément lente cantate. Soldats rêvant chacun aux candeurs, tant mutines, des enfants jadis exaltés. Balancement lent, nostalgique, quand soudain obscurément revivent lointaine amitié, renaissant après harassantes années. Parenthèse atone. Slave chant triste vogue au seuil du cœur blessé. Nuit mourante annihile, mauvaise, toutes poésies illuminantes. Quelle solitude environne bataillon. Dressés, alors ils disent, en tremblant, le soleil toujours brillant quand chant entonnent. Et ce chant va gaiement.
La tetraktys est une contrainte inspirée de la figure du même nom de Pythagore

illustrant la formule 1+2+3+4=10 , et à laquelle ses disciples attachaient un véritable culte.
Comme contrainte, la tetraktys consiste en 10 strophes de 4 vers comportant respectivement x, 2x, 3x et 4x syllabes (une telle strophe sera désignée Sx dans la suite). On disposerait alors dix strophes de la façon suivante:
S4 S3 S3 S2 S2 S2 S1 S1 S1 S1
Par commodité, ceci est linéarisé de la façon suivante : S1 S2 S1 S3 S2 S4 S1 S3 S2 S1.
Commencée il y a assez longtemps, et remise jusqu’à aujourd’hui faute de temps, cette tetraktys est telle que dans une strophe Sx est appliquée une sympathie stricte d’ordre x. Ce poème était inspiré par une vidéo en provenance d’Ukraine que je ne retrouve malheureusement pas.
Posté sur la liste Oulipo le 11 mai 2023.