Catégories
Oripeaux

la vie trône et croix

sans ciller
sort ses dents bondit
rapide comme le poignard
dive poète clopinant ivre morte en noir
haine ose et vomit sa libre prose en mots grinçants pris et corsetés tors vils laids

éros rêve
croit la fille folle
le croit mais dévore ses mots
s'imagine mortel et rosissant crie ô femme

sois ma fille
mon reflet mon cri
fais résonner le fort signal

dire non
c'est de droit la vie

trône et croix

Le site « Zazie mode d’emploi » cher aux amoureux d’Oulipo et de la poésie en général fête ses 20 ans le samedi 11 octobre 2025. Pour me joindre à cette fête ce bigollo écrit sur les voyelles de « Zazie mode d’emploi »….
Posté sur la liste Oulipo le 8 octobre 2025.

Oripeaux : Précédent Suivant

Catégories
Oripeaux

Hommage à François Caradec

Chaque année le site Zazie mode d’emploi honore un Oulipien dont un texte est proposé à toutes les réécritures pendant un an. Cette année l’Oulipien de l’année est François Caradec, dont le texte proposé est le suivant, tiré de son recueil Les nuages de Paris :

Chanson des rues

Prenez une rue au hasard
en sortant de chez soi la première est la bonne
ce n’est pas un effet de l’art
la plus belle à Paris est celle qu’on fredonne.

Toutes les rues riment ainsi
on en fait des refrains qu’on chante dans les rues
toutes les rues disent merci
merci d’avoir chanté la ville disparue.

On trouvera ci-dessous l’ensemble de mes participations à cet hommage, à retrouver sur la page dédiée du site Zazie mode d’emploi.

19-2-2024

Aux brâmes citoyens

Au boulevard choisissez des échappées fantasques :
Gouaille, hardies invites, joyeux klaxons !
Là modulez nocturnes ovations,
prosodies que rues susurrent tendrement.
Unissez vibraphone, waterphones, xylophones!
Yodlez zouavement !

( abécédaire )

19-2-2024

Murs, murs

Aux rues
échois.
Aux nues
le choix.

Passante,
souris
quand chante
Paris.

( muret : variante du sélénet ( autrement dit bobet ) dans lequel chaque vers compte 2 syllabes )

20-02-2024

Merci

Prenez une conscience au hasard
en sortant du Kremlin la première est la bonne
ce n’est que l'enfance de l’art
la plus belle à Moscou est celle qu’on empoisonne.

Toutes les consciences finissent ainsi
on en fait des charognes qu’on traîne dans les rues
toutes les rues leur disent merci
merci d’avoir chanté notre fierté disparue.

24-2-2024

Faisant confiance au hasard
je prendrai la première rue
dans Paris, enfance de l'art,
faisant confiance au hasard.
Et j'errerai, chantant, peinard
dans la grand-ville disparue,
faisant confiance au hasard.
Je prendrai la première rue.

( triolet )

24-2-2024

Prenez Paris

Prenez Paris, plus belle chez soi.
On n'en est plus ainsi chanté.
Ville fait art dans les rues.
Merci hasard avoir chanté, sortant disparue.

Montagnes russes : chaque mot est plus long ou plus court d’une lettre que son prédécesseur ; ici chaque mot est pris dans le texte source.

25-2-2024

Jeu de la rue

Merci avoir chanté la ville disparue, dit l'homme, un homme âgé dont d'informes habits sont unis au ciment gris du long mur gris et long.

Tu vas comme ça, roi sortant d'un manoir nu, chanteur ingénu soulevant l'écu dormant.

Et riant, noir, mauvais : Ne dis ma rue ! dit l'homme, un homme âgé. Mort. Informes habits.

Jeu de la vie à partir du dernier vers du texte source.

Il se trouve qu’à la 6e itération le jeu devient périodique : c’est donc sur cette 6e itération qu’on s’interrompt.

1-3-2024

Accumulation fâcheuse

Déambule en la première ruelle.
Quelle ruelle ?
En Alep ne se trouve ce jour rien qu'un amas de pourriture.

Déambule en la première ruelle.
Quelle ruelle ?
En Avdiïvka ne se trouve ce jour rien qu'un amas de pourriture.

Déambule en la première ruelle.
Quelle ruelle ?
En Gaza ne se trouve ce jour rien qu'un amas de pourriture.

Aaahhh ÇA VA ! Fous nous la paix !

Et si tu veux, égrène un psaume pour ta cité disparue.

Accumulation agréable : comme stipulé par Eric Angelini, tous les mots doivent comporter même nombre de voyelles et de consonnes.

5-3-2024

Airs de Paris

Par aria pair s'apaisa. Paria prisa rap.
Saï passa, surpris, puis, assis pipa air pas si pur.
Repasseuse, éprise, a saisi pipeau. Rire espéra.

Suivant une idée d’Alexandre Carret, ces trois tétradécasyllabes contiennent exclusivement les lettres de PARIS ainsi que, le premier la lettre R, le second les lettres RU, le troisième les lettres RUE.

14-3-2024

Amnésie des rues

Je ne me souviens pas pourquoi le poulet a traversé la rue.
Je ne me souviens pas si le poulet avait pris une rue au hasard.
Je ne me souviens pas si en sortant de chez lui la première fut la bonne.
Je ne me souviens pas que cela ait été un effet de l’art.
Je ne me souviens pas de la plus belle à Paris, ni de celle qu’on fredonne.
Je ne me souviens pas comment riment toutes les rues.
Je ne me souviens pas des refrains qu’on chante dans les rues.
Je ne me souviens pas de ce que disent toutes les rues.
Je ne me souviens pas d’avoir chanté.
Je ne me souviens pas de la ville disparue.

Texte à démarreur, à la manière de « Je me souviens » de Georges Perec.

20-3-2024

Rue, ô sœur !


Égaré tu as su baisser viseur :
Paris tué.
Mélodie vive idole meut.
Si rap, rues ivres.
Si abus, saute rage.

Ce palindrome est la 202e ( nombre palindromique ) contribution à l’hommage à François Caradec.

23-3-2024

Fureur des rues

Tirez dans la rue au hasard
en sortant votre colt l'africaine personne :
ce n'est pas pour rien les pétards.
L'âme belle à Paris est celle qui ratonne.

Toutes les rues riflent ainsi
ces enflés pas chrétiens, qu'on plante dans les rues.
Toutes les rues disent merci
aux preux qui vont planter la racaille accourue.

29-3-2024

Les rimes mortes

Rue aux marchands de vin ? Rue aux marchands de soie ?
Il choisit au hasard, celui qu'on dit Franc.

Les parlers de Bretons, de Goths, de Celtes, d'Èques
riment en ce lieu qui prit tant de carat.

Les rimes voilées ou mortes sont une invention de François Caradec : les vers de rang pair ont une syllabe de moins que ceux de rang impair ; ils sont à compléter par la syllabe à la rime du vers précédent, leur donnant par homophonie une terminaison différente.

5-4-2024

Fugue des rues

Prenez une rue au hasard : la plus belle à Paris est celle qu’on fredonne.

Toutes les rues riment ainsi, on en fait des refrains qu’on chante dans les rues.

Prenez toutes les rues. Une rue rime. Ainsi on fait au hasard des refrains. La belle qu’on chante à Paris est celle qui fredonne dans les rues.

Prenez une rue, prenez toutes les rues. Au hasard rime la plus belle. Ainsi, une rue à Paris fait fredonner des refrains au hasard. On chante la plus belle dans les rues : Paris fredonne.

Toutes les rues se prennent à rimer. Prenez, prenez une rue. Le hasard ainsi fait une rue plus belle. Toutes les rues disent merci au hasard, merci Paris pour la belle rue qui fredonne, pour toutes les rues qui riment au hasard. Ah, Paris qui chante ainsi des refrains que la belle fredonne. Paris, ville qui fait qu'on chante des refrains, qu'on fredonne dans les rues, qu'on chante, disparu dans les rues.

Toutes les rues disent merci, merci d'avoir chanté.

Prenez une rue au hasard. Prenez une rue, prenez la plus belle à Paris, au hasard. Une rue au hasard. La plus belle, la plus belle à Paris, est celle qu’on fredonne, qu’on fredonne à Paris. Celle qu’on fredonne.

La ville ? -- Disparue.

Reprenant ma proposition de fugue introduite en 2019 transposant au domaine de la littérature une forme musicale célèbre. On distingue ici un sujet « Prenez une rue au hasard : la plus belle à Paris est celle qu’on fredonne » , un contre-sujet « Toutes les rues riment ainsi, on en fait des refrains qu’on chante dans les rues » et un second contre-sujet « Toutes les rues disent merci merci d’avoir chanté la ville disparue ».

21-4-2024

Vers sert

Prenez une date au hasard
en venant au printemps à coup sûr c'est la bonne :
N’est ce pas un effet de l’art ?
Le vingt et un avril naît celle qu’on fredonne.

Tous ses haïkus riment verlan
inversant les refrains dont chante la médaille,
tous ses haïkus disent l'envers.
Merci d’avoir créé le rêve qui sonnaille !

Double hommage à l’Oulipien de l’année et à l’Oulipote Annie Hupé pour son anniversaire, avec une allusion à la médaille, contrainte de son invention.

24-5-2024

Avenues, boulevards, calades

Au bon chaland douce errance fleure glorieux hasard.
Ici joyeuse kermesse louvoie, menant nonchalamment où première que repérerez suffira :
trivial univers vomissant walkmans, xylophones, yodles, zouk.
Zieutez-y xystes, wesh ! Voici un très swingant refrain.

Quels poèmes on narre !
Mélodieux les klaxons jouent, ivres, héroïques guimbardes,
faubourgs entonnent dithyrambes.
Chantent bourgade anéantie.

Abécédaire ascendant puis descendant.

Oripeaux : Précédent Suivant

Catégories
Oripeaux

Effacer Clémence

Effacer Clémence

Truc dément : étend chenille
avec sauna très violent.
Leitmotiv cérémoniel,
estoc lâche, démentiel.

Fond naïf papillon trop bavant :
tub extrait le fil lucratif.

Travail éreintant assigné à nana
selon traditions régnant.

Voici une nouvelle contribution à « L’oulipien de l’année » que le site Zazie mode d’emploi consacre pour 2023 à Michèle Audin. Le texte avec son titre forment une anakyrielle littérale (ou kyrielle cousue, une contrainte due à Gilles Esposito-Farèse ) : La dernière lettre de chaque mot est identique à la première lettre de son prédécesseur, de façon cyclique, le dernier mot se cousant au premier du titre.
Publié sur la liste Oulipo le 30 mai 2023.

Oripeaux : Précédent Suivant

Catégories
Oripeaux

Héroïne bord à bord

Clémence ? Pour imaginer,
asphyxier.
Un travail avec un métier.

             *****

Roman prêt à tisser.
À tisser, aux usines lyonnaises,
la coûteuse soie de femme. 

Ce texte est ma troisième contribution pour 2023 à l’hommage « L’Oulipien.ne de l’année » organisé par le site Zazie mode d’emploi, qui honore cette année Michèle Audin dont un texte tiré de son ouvrage « Oublier Clémence » est selon la tradition soumis à tous les traitements oulipiens ou autres. Un peu à la manière des bords de poèmes, ce poème est composé d’abord avec les premiers mots de chaque phrase, ensuite avec les derniers mots.
Publié sur la liste Oulipo le 6 avril 2023.

Oripeaux : Précédent Suivant

Catégories
Oripeaux

Oublier Jinping

Jinping n’est pas un héros de roman.
Pour imaginer son travail, dresser la liste des opérations transformant ces cochons de bandits en simples serfs prêts à tisser ? Asphyxier leurs nerfs dans un foyer à dresser, retirer ces cochons du foyer et les fermer dans des caveaux où ils sèchent pendant des mois, au cours desquels il faut les harceler régulièrement pour accélérer l’éradication de l’âme, tirer ensuite des cris d'effroi des cochons en les menant à des bassines d’eau très chaude dans lesquelles on plonge leurs mains pour tirer des patients un effroi de qualité supérieure, lier plusieurs de ces patients ensemble pour obtenir une file, aligner ces files pour en faire des commandos, répartir les files sur les métiers à tisser.
Un travail extrêmement pénible, que de les déplacer des campagnes aux usines disciplinaires. Avec la puanteur de ces canuts en exploitation, l’eau brûlante, la bourre de soie dans l’air des ateliers dont les fenêtres étaient fermées pour protéger la coûteuse soie. Un métier d'élite. 

Ce texte est ma troisième contribution pour 2023 à l’hommage « L’Oulipien.ne de l’année » organisé par le site Zazie mode d’emploi, qui honore cette année Michèle Audin dont un texte tiré de son ouvrage « Oublier Clémence » est selon la tradition soumis à tous les traitements oulipiens ou autres. On procède ici à une retranscription quasi isomorphique du texte source, seuls quelques mots étant changés.
Publié sur la liste Oulipo le 25 février 2023.

Oripeaux : Précédent Suivant

Catégories
Oripeaux

L’abécédaire de Clémence

Accélère, bombyx :
cocon décompose !
Écheveau femme garde,
héroïne imagine.
Jette la main, n'obtient puanteur qui retourne.
Se tire un ver.

Ce poème est ma seconde contribution pour 2023 à l’hommage « L’Oulipien.ne de l’année » organisé par le site Zazie mode d’emploi, qui honore cette année Michèle Audin dont un texte tiré de son ouvrage « Oublier Clémence » est selon la tradition soumis à tous les traitements oulipiens ou autres. Ce deuxième texte est un abécédaire ( mots commençant successivement par A, B, C… ) limité aux lettres valant moins de 10 au Scrabble, tous les mots figurant dans le texte source, modulo accord et conjugaison ; faute de mots commençant par G, j’ai eu recours à un synonyme fourni par le CNRTL pour un mot du texte contenant G.
Publié sur la liste Oulipo le 19 février 2023.

Oripeaux : Précédent Suivant

Catégories
Oripeaux

Clémence express

Pour imaginer,
ils sèchent pendant trois mois :
décomposition.

Ce haïku est ma première contribution pour 2023 à l’hommage « L’Oulipien.ne de l’année » organisé par le site Zazie mode d’emploi, qui honore cette année Michèle Audin dont un texte tiré de son ouvrage « Oublier Clémence » est selon la tradition soumis à tous les traitements oulipiens ou autres. Pour ce premier texte j’ai choisi un haïku express fondu : ses trois vers sont trois fragments extraits dans cet ordre du texte source.
Publié sur la liste Oulipo le 15 février 2023.

Oripeaux : Précédent Suivant

Catégories
Oripeaux

Crobonacci

sable
rocs
un homme
que comprime
une gangue froide
le balbutiement d'un dessein
à tire d'aile envolé vers le vide inconnu

Deuxième participation à l’hommage organisé par le site Zazie mode d’emploi à l’Oulipien de l’année, qui pour 2022 est Étienne Lécroart. La longueur de chaque vers ( 1 1 2 3 5 8 13 ) renvoie au dessin correspondant. Cette liste est le début de la suite de Fibonacci de départ 1-1.

Oripeaux : Précédent Suivant

Catégories
Oripeaux

Dans la ronde éternelle

0                  Dans la ronde éternelle
1                  Retournant en poussière
2                  Je cherche en vain le sens
3                  Au milieu du chaos

4                  Personne pour m'aider

5                  Et je me laisse fondre
6                  Emportant avec moi
7                  Ces profondes richesses
8                  Que la plume et le vent
9                  M'ont offert en présent

10                 Rugueux et taciturne
11                 J'apprends avec lenteur
12                 L'impuissance qui hante

13                 Les sables solitaires
14                 Me donnent à toucher
15                 La trop grande clarté
16                 Des confuses pensées
17                 Où tout se désintègre

11                 J'apprends avec lenteur
16                 Des confuses pensées
7                  Ces profondes richesses
1                  Retournant en poussière

4                  Personne pour m'aider

13                 Les sables solitaires
9                  M'ont offert en présent
12                 L'impuissance qui hante

6                  Emportant avec moi
15                 La trop grande clarté
17                 Où tout se désintègre
3                  Au milieu du chaos
10                 Rugueux et taciturne
2                  Je cherche en vain le sens
8                  Que la plume et le vent
14                 Me donnent à toucher

5                  Et je me laisse fondre
0                  Dans la ronde éternelle 

Première participation à l’hommage organisé par le site Zazie mode d’emploi à l’Oulipien de l’année, qui vient d’être désigné en la personne d’Étienne Lécroart. La numérotation renvoie à chaque dessin de E. Lécroart illustré par le vers correspondant. Chaque vers apparaît deux fois : d’abord dans l’ordre des numéros attribués aux dessins d’EL, ensuite dans l’ordre (lignes/colonnes) où ces dessins apparaissaient sur le site lorsque je l’ai consulté (cet ordre se modifie périodiquement). Tout lien même vague entre un vers et le dessin de même numéro est l’effet d’un hasard aussi peu fortuit que possible.

Oripeaux : Précédent Suivant

Catégories
Oripeaux

soir avec gong

Etouffant presque, j’arrive dans le vent. Un enfant saute et fait un tonnerre de plus. Des pas dans l’herbe: un homme veut la pluie d’une soudaine abondance. Contre lui asséné, le vent est un bélier dont les coups poussent la pluie. Des fils minces infiltrent ma fenêtre. Le cadre, ce soir, est gris sous les frondaisons. Je fouette. On dirait qu’un tonnerre diffuse de nets éclairs. Avec l’orage, la pluie change. Persistante pluie et tonnerre en coups brusques se dessinent. Une bande dans le vent hurle là haut. Dans quelle lecture se sont-ils plongés sous la pluie, le tonnerre et le vent du soir ?

Contribution adressée le 2 octobre 2011 à « l’oulipien de l’année 2012 » sur le site Zazipo, rubrique consacrée à un extrait intitulé « C’est un soir de vent, de tonnerre et de pluie… » signé Harry Matthews. La contrainte suivie a été ainsi décrite sur la liste Oulipo:
Sans modifier la signification, j’ai juste changé le sens

Oripeaux : Précédent Suivant