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Les mal dressés

D'Élam, de Sahel, de Harar
démarrent les mal armés,
damés, amers, désamarrés.

La mère les a hélés :
Hélas mal m'a de dards lardée !
Ça et là sera semée
ma smala. Ha ! Cèdent mes larmes.

Des scélérats les ramassent.
Scellés, ardés, l'âme arasée,
dressés à raser les dalles,
à l'arrêt macèrent malades.

Delà ce dédale allés,
errent, déhalés. Et les sassent
la mer, la lame, le sel.

À la rade l'alarme slame
Là ! la marée a halé
dames et mâles, ladres, marles,
lésés, sales, mal rasés.

Ah race de rats mal dressés,
râlent les merles armés.
À la mer ! et merde à Allah !

Serrés, hersés, harcelés,
déradent ces hères, se cèlent.
À messe de Mars se massent
et dardent lames acérées. 

Débutée dix ans après le naufrage de Lampedusa, et dans une situation épouvantable en France et dans le monde, la rédaction de ce poème a été difficile. Outre l’alternance 8/7 des vers, est mis en œuvre un bivocalisme littéral, ainsi qu’un hexaconsonantisme phonétique.
Publié sur la liste Oulipo le 15 septembre 2023.

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Systoles

Fati et Marie

d'ici vint
le printemps arabe
cet espoir d'un monde de frères
ici vint la haine et le meurtre envers l'étranger
ici titube Fati que le soleil mord la faim torture la soif rend folle

elle tient
la main de Marie
la petite fille qu'elle aime
qui titube et qui gémit et que la soif rend folle

des soldats
en les injuriant
les ont conduites en camion
sous la menace de leurs armes automatiques
ils les ont forcées à descendre au milieu du désert ils les ont abandonnées

sur le sable
le sable brûlant
leurs pieds nus impriment l'oubli
de cet espoir qu'elles avaient eu d'un lieu de paix

Fati chute
la petite fille
la secoue appelle supplie

puis vient sur
deux corps enlacés

le silence 

Bigollo écrit en réaction à la mort de Fati et sa fille Marie, 6 ans, abandonnées dans le désert par des soldats Tunisiens suivant les consignes du dictateur du pays.

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