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La porte

Ce matin
je n'étais pas bien.
Je me suis vu couvert de sang
sur les deux mains, sur les poignets, sur les avants-bras.
Comme ça colle, ce sang, comme il résiste au détergent, comme il macule tout.

J'ai filé
vers le lavabo.
Je me suis vu dans le miroir.
Il coulait de mes canines un filet rougeâtre.

Ô vous, dieux
qui me connaissez,
vous qui me savez généreux,

dites-moi :
suis-je un criminel ?

C'est alors

qu'au milieu
d'un torrent de rires

vint vers moi,
dans le frôlement
de son manteau couleur de neige,

un dieu beau
comme le soleil.
Il m'ouvrit, là, dans mon salon,
au milieu du mur, une porte que j'ignorais.

Et je vis
les corps ballotés
aux flots méditerranéens,
les cadavres desséchés au vent fou du Sahel,
les femmes éventrées au milieu des ruines aux poutres fumantes du Dombass.

À genoux,
j'ai vu l'agonie
des non-blancs chopés dans la rue,
des mauvaise femmes, des non-voilées et des gouines,

des Arabes,
Kurdes, Yéménites,
Chinois dénoncés. Tous m'ont dit

Mais pourquoi ?
Ils me regardaient.

Pourquoi toi ?

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