elle est assise au bord d’un terrain vague sans un mot drapée dans un linge grisâtre elle attend immobile des voix d’hommes récitent les écrits sacrés se répondent en accéléré les yeux sont durs mentons levés Minotaure est par ici sentez-vous le sol vibrer sous sa danse titubante entendez-vous contre les murs de pierre le choc de ses cornes trop grandes respirez-vous son odeur de bête Minotaure aujourd’hui veut la femme elle ne bouge pas sous les insultes elle ne s’enfuit pas aucun souffle de vent n’agite la bure sur sa tête de sages chefs jugent et condamnent en chantant tous les visages sont souriants que s’avance l’homme vêtu de blanc Minotaure est ivre le sang déborde de sa chope qu’il balance un vertige envahit l’esplanade qui se soulève et tangue des vapeurs fétides brouillent la lumière Minotaure aujourd’hui veut la femme beau servant d’office joli froc droit sur ses ergots de coq spadassin blanc porteur d’estoc elle ne sursaute pas au cliquetis du cran elle se tient redressée devant la kalashnikov elle est tombée
Note : ce poème m’a valu le beau commentaire en homophonie de Gilles Esposito-Farèse :
Probant talipot Une violence à cris ficelés de barbarie veut qu’atrocement cesse à Qimchok une vie, ô lent sacrifice ! Les deux barbes arrivent : quatre ossements… C’est ça qui me choque. J'avais répondu : Où lit poète, ois: « Qu’ont damné là beaux minables ? » Oulipo et toi condamnez l’abominable