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Le principe de réalité

Je vais te tuer.
Pourquoi vas-tu me tuer ?
Parce que j'ai peur.

Ce n'est pas vrai, tu le sais.
De moi tu n'as nulle peur.

Je vais te tuer
parce que tu es impur
et répands le mal.

De moi, de toi, du soleil,
de la mer, tu ne sais rien.

Parce que ton chef
a décrété le malheur
je vais te tuer.

D'un homme tu hais la foudre,
de cent te repaît la chair.

Qui porte un nom autre,
et revêt d'étranges frusques,
je dois le tuer.

Ton oreille ne m'entend,
ton regard glisse sur moi.

Puisque je suis fort
et que ton dos est courbé
je vais te tuer.

Tu vas sans amour ni joie.
Seul t'est connu le mépris.

Je vais te tuer
car mes muscles sont bandés,
parés à l'attaque.

Allons, cœur privé de flamme,
dis-moi quelle ombre te pousse.

Je vais te tuer
car j'aime voir sous ma griffe,
sombre et chaud, le sang,

sentir des os la fracture.
Je suis le fauve qui tue.

Alors qu’un renku est en principe une œuvre collective, il est ici composé en solitaire : on appelle ça dokugin.

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